L’Afrique sous toutes ses coutures

Les prouesses de l'héritageA l’heure d’une société cosmopolite, chaque culture se doit de revendiquer son rayonnement. Dans un contexte où l’habillement est d’une importance primordiale, l’Afrique est sujette d’un succès conséquent dans le monde de la mode.

Un succès récent mais qui ne laisse pas indifférent: alors que le continent prospère et brillant de par sa civilisation est longtemps resté dans l’obscurité, une vague d’intérêt naissant pour les richesses culturelles africaines fait « bon genre ». Un « Black Panther » qui s’exprime par la sophistication, un panafricanisme qui s’enracine dans le quotidien, une identification et une reconnaissance adressée à « Mama Africa » à travers quelques tissus et une inspiration étrangère aux normes et conventions d’esthétiques imposées. Les icônes de beauté et de féminité desservent à merveille la cause fashonista: Beyoncé se déhanchant habillée dans une combinaison tout en wax (cire en anglais, tissu africain populaire et coloré orné de motifs traditionnels ou modernes, le plus répandu en terme de mode africaine et d’habillement quotidien) ou Gwen Stefani posant sur le tapis rouge vêtue d’une robe en patchwork. On commence alors à évoquer une mode Africaine, des maisons de coutures émergent, des stylistes gagnent en renommée, un marché s’établit et surgit même en 2002 une Black Fashion Week à l’initiative de la styliste sénégalaise Adama Paris! Dans une société occidentale où la culture européene demeure désespérement sur le trône de la référence, une révérence revient de droit à tout ses initiateurs de la lutte identitaire!

Oui, on peut parler d’ouverture d’esprit aux Etats-Unis, société où la variété ethnique est suffisante à une révolution culturelle. Quand à l’Europe… On peut espérer! On y croit et chemine doucement vers une émancipation qui ne soucie pas d’intégration… En attendant, quelques figures originaires d’Afrique et éduquées en occident se débattent pour faire de leur culture à double penchant une oeuvre artistique, commerciale et quelque peu politique. La marque SIRA aurait le prétention de se dire une de ces oeuvres métisses.

Du tissu africain et des coupes occidentales, des vêtements fruits d’une pluralité culturelle. Telle est la démarche de la jeune étudiante Aïcha Awa BA, entrepreneuse novice mais non moins ambitieuse d’imposer sa vision du monde. Une initiative qui l’a subitement enthousiasmé en 2012 de par sa valeur et son éthique, qu’elle explique comme « un merci à la chance d’avoir hérité d’une double-culture, qui implique une double-mentalité et de ces faits un double-objectif ». Très concernée par le problème d’identité qui s’impose à tout africain de la diaspora, l’idée de commercialiser des vêtements faits de tissus africains par des couturiers africains mais aux modèles d’inspiration occidentale et adressés aux occidentaux lui est apparu comme une juste revanche sur un monde où « l’étranger » n’est pas vraiment de bonne augure. Une démarche plus lucrative qu’une qui fait office d’exutoire, mais une démarche qui reste significative d’un besoin et d’une envie d’harmoniser le monde autrement. La marque se décline pour l’instant en une ligne d’une vingtaine de modèle et qui compte bien s’agrandir si les dispositions necéssaires, y compris une ouverture d’esprit générale, se présentent.

Aïcha Awa Ba

Ps: L’auteur de l’article ne fait pas abstraction de son manque de distinction en se citant elle même, elle n’a malheureusement pas eu d’autre issue.

 

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