Shakespeare and Company ouvre son café : « What on earth could be more luxurious than a sofa, a book, and a cup of coffee ? »

Près de la cathédrale Notre-Dame, rue de la Bûcherie, la librairie anglophone Shakespeare and Company, temple atypique dédié à la littérature et à la lecture prisé aussi bien par les Parisiens que par les voyageurs, s’est dotée cet automne de son propre café, attenant à la librairie. L’occasion de se réchauffer à la fois l’esprit et le corps lors de la saison hivernale, le premier grâce à la lecture, le second grâce à une tasse de thé.

« I’ve got to get back the upstairs, and I’m going to open a literary café. Everything will be cooked under my supervision. There’s only one way to make a good lemon pie, you know. […] I’ve got to raise enough money to buy the store behind this one. Then we can knock out a wall, and the store will reach right back into the garden of Saint-Julien-le-Pauvre », déclarait George Whitman en 1969, dix-huit ans après avoir fondé la librairie anglophone Shakespeare and Company.

Désormais, c’est chose faite : si la librairie ne s’est pas transformée en café littéraire, elle s’est néanmoins dotée d’un café adjacent, dont les larges fenêtres donnent à la fois sur la cathédrale Notre-Dame et sur le jardin de l’église de Saint-Julien-le-Pauvre. Faute de nourrir les « starving writers » de Shakespeare and Company, prétendument enfermés sous une calotte de verre recouvrant ce qui semble être un puits creusé dans le sol de la librairie, vous pourrez néanmoins prétendre être des anges venus incognito, se faisant passer pour des étrangers (« Be not inhospitable to strangers lest they be angels in disguise », peut-on lire sur le chambranle d’une des portes au premier étage), et siroter un café ou un thé attablé au café de la librairie, les yeux dirigés vers la cathédrale, écoutant d’une oreille distraite quelques anglophones qui répondent au questionnaire de Marcel Proust imprimé sur les feuillets glissés sur les plateaux, le tout accompagné d’une part de cheesecake, de tarte aux noix de pécan ou de bien d’autres spécialités anglaises et américaines, qui côtoient sur la carte des « madeleines de Proust » ainsi que des bagels et des sandwichs bio réalisés par Marc Grossman.

Et, bien sûr, vous ne manquerez pas de parachever le tout avec un bon roman, déniché dans le café lui-même où l’on retrouve quelques ouvrages destinés à la vente, ou glané dans les méandres de la librairie, conçue comme une espèce de labyrinthe littéraire dont les murs sont entièrement recouverts de livres. Si vous montez au premier étage de la librairie, sorte de parenthèse hors du temps où les livres, anciens, ne sont qu’à consulter le temps d’une lecture dans le creux des banquettes et coussins installés dans des alcôves, peut-être sentirez-vous, à la fois mêlées aux effluves anciennes s’exhalant des pages jaunies et des couvertures ternies des ouvrages sous le poids desquels croulent les vieilles étagères, et entrelacées aux effluves musicales s’échappant d’un piano qui offre ses touches aux doigts des musiciens de passage, les effluves chaudes et sucrées des boissons et pâtisseries provenant du café.

Succombez à leur appel olfactif, c’est sans risque ; et peut-être pourrez-vous ainsi répondre à la neuvième question du questionnaire de Proust, « What is your idea of perfect happiness ? », par une autre question posée par Anthony Trollope : « What on earth could be more luxurious than a sofa, a book, and a cup of coffee* ? ».

* cité sur le site de Shakespeare and Company

Suzy PIAT

A Paris, la célèbre librairie anglophone Shakespeare and Co ouvre enfin son café !

Un lundi matin de novembre le tout nouveau Shakespeare and Company Café vient d’ouvrir ses portes et il est déjà bondé. On ne s’entend plus parler. Il faut dire que le froid est là, et tout le monde recherche un endroit où se réfugier.

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Imprégné de culture alternative et influencé par le mouvement de la Beat Generation, l’américain George Whitman débarque à Paris en 1948. Il reprend le local d’une épicerie, pour en faire le rendez-vous parisien des intellectuels anglo-saxons. Sa librairie installée sur la rive gauche du quartier Notre-Dame est aujourd’hui devenue une référence pour les anglophiles.

En octobre, un café est venu compléter la librairie comme l’avait toujours souhaité le fondateur : « I’ve got to get back the upstairs, and I’m going to open a literary café. Everything will be cooked under my supervision. There’s only one way to make a good lemon pie, you know. »

D’après David Delannet, responsable de la librairie, depuis les années 1960 Whitman allait voir les propriétaires des lieux une fois par mois pour leur proposer de racheter leur papeterie afin d’ouvrir le café littéraire de ses rêves.

Whitman est décédé en 2011 à l’âge de 98ans et ne verra jamais le fruit de ses efforts. En effet, sa fille Sylvia a perpétué la tradition, et après des années de négociations, le café a (enfin) pu voir le jour. Le local abandonné depuis plusieurs années, a été refait à neuf, mais le sol des années 70 ainsi que les murs en pierre ont été conservés pour tenter de préserver l’authenticité du lieu.

« The bun also rise » 

Helen et Kate sont concentrées et, malgré l’affluence, le service est rapide, efficace et très agréable. Elles confient « Depuis l’ouverture, c’est souvent comme ça, le café de désemplit pas. »

Du coté des serveuses, comme de celui des clients, on parle plutôt la langue de Shakespeare que le français. Même la carte est bilingue. Du salé proposé par la cantine végétarienne Bob’s kitchen : bagels, sandwichs, soupes, salades bio… 100% healthy ! Mais aussi une carte sucrée : tarte au citron (evidemment !), cheesecakes, brownies, tarte du jour, cookies…

Pour les boissons, on peut trouver du café artisanal de chez Lomi, chocolat chaud, chai latte, jus de fruits frais, smoothies, thé anglais de Postcard teas une entreprise anglaise/chinoise/japonaise basée à Londres qui partage la philosophie du Shakespeare and company café : travailler avec de petites entreprises respectueuses de l’environnement.

Ce jour là, c’est une tarte pommes/cerises « homemade » qui est mise à l’honneur. Accompagnée d’un Chai latte très parfumé. Elle tient toutes ses promesses. Un délice. Selon la chance du jour, on peut rencontrer des surprises comme le « Shakespeare Shake », « Flapjack Kerouac », « The bun also rise »

Végétariens, vegans, sans gluten : il y en a pour tout le monde, et à toute heure !

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Tom, un new-yorkais en vacances à Paris, est arrivé par hasard jusqu’au café, il note « C’est beaucoup trop petit, il faut se faufiler pour trouver un bout de place. » mais son ami nuance « En même temps, s’il y a autant de monde c’est que ça vaut le coup ! Et c’est agréable pour moi de trouver du crumble gluten free ! »

Le Shakespeare and Company Café est un lieu très animé qui propose des concerts, des happenings, mais aussi des rendez-vous littéraires le lundi et des goûters « Rainy day tea times » le mercredi.

Il faudra revenir aux beaux jours, profiter des grandes tables en terrasse. En attendant, l’hiver est là. Pour faire honneur à George Whitman, il est temps de se plonger dans le livre « Moveable feast » d’Hemingway (« Paris est une fête » en VF) en regardant de temps à autres la cathédrale Notre-Dame à travers la fenêtre.

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Shakespeare and Company Café : 37, rue de la Bûcherie 75005 Paris. Ouvert tous les jours : du lundi au vendredi de 10h à 18h30 et samedi/dimanche de 10h à 19h30. Métro : Saint-Michel

Sarah Lazes

(Publication prévue pour un magazine comme « Grazia », rubrique lifestyle, ou pour un site web comme « Do it in Paris » )

L’adresse du moment : Lavomatic, le bar caché qui sent le propre

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A deux pas de la Place de la République, un petit lavomatique apparemment comme les autres. Pourtant, à partir de 18h, ce n’est pas une lessive qu’on vient y faire. Trouvez le bouton magique et la porte dérobée de machine à laver, montez les sombres escaliers, et vous découvrirez un bar caché plein de rire, de cocktails et de couleurs. 

Comme à la maison

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Lavomatic : c’est coloré, c’est jovial

Lavomatic c’est l’œuvre de trois amis. Marie, la gérante, Yoan et Tacos se connaissent depuis le lycée et ont décidé, après une formation en arts appliqués, de se lancer dans la restauration. Ils ont imaginé un bar, aux allures d’appartement de potes où  l’on se retrouverait, soir après soir pour prendre un verre. « Le projet de départ était très différent, nous voulions ouvrir un restaurant. Le concept du speakeasy (bar caché inspiré de la prohibition aux Etats-Unis) nous est venu en visitant le lieu, qui est un peu « bâtard », assez mal agencé. Mais l’idée était de recevoir les clients comme à la maison » commente Marie quelque peu débordée par le succès inattendu et fulgurant de sa laverie améliorée. L’ambiance y est aussi pop et fraîche qu’un baril de lessive et aucun détail de la décoration n’est laissé au hasard : canapés jaunes, tapis multicolores, poufs estampillés Brillo qui rappellent Warhol, poutres apparentes, coussins bariolés, vieux ventilateurs Calor, et même des balançoires sur lesquelles on peut s’installer pour siroter tranquillement son cocktail favori. Les trois amis amateurs de belles et de bonnes choses ont conçu un endroit où l’on se sent bien.

Lavomatic : on y boit, on y mange

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Des cocktails frais et originaux

Et pour ne rien gâcher, la maison vous propose de délicieux breuvages. Derrière le bar, la barmaid Manon joue du shaker et des saveurs pour concocter des cocktails uniques et originaux et des classiques revisités. Sucrés, salés, ou détox, on les déguste dans des coupes ou dans des petites tasses rétro en acier émaillé. Déjà culte, le Basilic Instinct rafraichit et titille nos papilles avec son doux et succulent mélange de concombre, citron et basilic frais, relevé d’une touche de liqueur de sureau et de Gin Hendrick’s. « C’est inhabituel mais mon instinct me dit d’en reprendre un » s’esclaffe Maxime, 23 ans, qui est venu avec des amis pour se détendre après une journée de travail. Vous aimerez aussi le French Love, cocktail sirupeux et girly à base de framboise, liqueur et vodka et le DetoxOmatic, qui, sur fond de liqueur d’artichauts et de gin, allie audacieusement la douceur de la betterave et de la crème de cassis à l’acidité du citron et du pamplemousse. Mais le chef vous propose également de la bière artisanale et une sélection de vins naturels, issus de l’agriculture biologique.
Pour accompagner notre petit verre, on grignote des petits plats sur le pouce, fait maison, à base de produits de saison venus des quatre coins de France : filet mignon, dorade, jambon et fromage fermiers, tout est préparé avec amour pour vous régaler.

Aux passants interloqués de voir des joyeux lurons entrer en bande dans le petit lavomatique de la rue René Boulanger, un seul conseil, suivez-les, pressez le bouton et la machine est lancée !

LAVOMATIC
30 rue René Boulanger, 75010 PARIS
Du mardi au samedi de 18h à 2h
Cocktails de 9 à 12€
Verre de vin à 5€
Petits plats de 6 à 12€

Solène Potier de Courcy

J’ai lavé mon linge en sirotant des cocktails

Paris, ne manque pas de bars ou cafés aux concepts originaux. Il est désormais possible de caresser des chats en buvant son chocolat chaud, de boire son coca-cola dans un biberon ou de trinquer en jouant au ping-pong. Cette semaine, j’ai testé : un bar à cocktail laverie !

Lassée des milliers de chaussettes qui jonchent le sol de mon minuscule studio, des t-shirts en boule planqués derrière le canapé et des jeans suspendus à toutes les chaises, je me décide enfin à accomplir l’incroyable : me rendre dans un lavomatic pour faire ma première lessive. En tant que feignasse qui se respecte et n’ayant trouvé aucune laverie proche de chez moi dans le 5eme arrondissement, je me motive pour trouver un endroit original ou je ne passerai pas bêtement 2 heures à regarder tourner mon linge dans le tambour de la machine. Cela tombe bien, il y a quelques jours une amie m’a parlé d’un nouveau coin sympa dans le 10ème : le Lavomatic.

Un bar dissimulé derrière une laverie

Vue de l’extérieur au 30 rue René Boulanger tout semble normal, une laverie tout ce qu’il y a de plus banale. Les machines accolées les unes aux autres me dépriment d’avance. Soudain, un inconnu pousse une petite porte blanche coincée derrière un des appareils. Intriguée, curieuse, je me glisse rapidement à l’intérieur avant qu’elle ne se referme. Des escaliers me dirigent au 1er étage dans un surprenant séjour. Des couleurs pop, une décoration originale, attirent mon regard. Je viens d’accéder au bar à cocktail secret du Lavomatic.

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Ambiance cosy : balançoire en guise de chaise, coussins en Kilim. Tout semble pensé pour se sentir comme chez soi. Marie m’accueille avec un grand sourire. C’est son repère et elle en est fière. Elle me propose un des nombreux cocktails au nom énigmatique. « Un conseil choisissez le Dexomatic » me lance t-elle joyeusement. « C’est la boisson préférée de nos habitués ». Un savant mélange de betterave, cassis, liqueur d’artichaut, gin, citron et pamplemousse pour 9 euros. J’hésite, pour finalement choisir un des vins naturels présentés sur la carte à 4 euros seulement.

Laver son linge en sirotant un cocktail

D’ailleurs, ce n’est pas le choix qui manque ici : bière artisanale, vins bio et même petits plats réalisés sur place pour les gourmands (entre 6 et 8 euros). Elle m’explique brièvement le concept du lieu. « Tout le monde déteste les laveries. Nous voulions offrir un endroit où chacun pourrait se détendre et boire un verre pendant que, à l’étage du dessous, son linge sale termine tranquillement d’être nettoyé ».

Ouvert depuis début septembre par trois jeunes avides de faire de nouvelles: Marie, Yohan et Tacos, le Lavomatic séduit par son originalité. Un endroit très prisé en cette fin de soirée. Une quinzaine de personne est présente. Comme le Moonshiner ou encore La Mezcaleria avant lui, l’idée séduit de nombreux jeunes. « La plupart sont étudiants, ils viennent entre amis pour passer le temps et lié l’utile à l’agréable comme on dit ». L’occasion pour chacun d’entre eux, comme pour moi, de transformer cette corvée en petit moment de détente.

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Biocoop21, le magasin bio éphémère

Biocoop lance le premier magasin sans emballage

Du bio, en vrac et sans emballage. Depuis le 4 novembre, une boutique éphémère a ouvert ses portes au 14 de la rue du Château d’eau dans le 10ème arrondissement à l’occasion de la COP21. A l’intérieur, chacun se sert selon ses besoins parmi les produits bio disposés en vrac. Le concept est une première en France.

A l’entrée du magasin, de nombreux passants s’attardent aux fenêtres : « C’est donc ici la fameuse boutique éphémère ? Et qu’a-t-elle donc de si spécial ? ». Les plus curieux oseront même passer la porte. A l’intérieur, c’est un nouveau monde. On découvre des salades sur lesquelles de belles chenilles vertes se baladent encore, de longs tubes à céréales, d’immenses pots de yaourt, et d’impressionnantes fontaines de miel ou de produits d’entretien (attention, ne les mélangez pas !)… L’endroit est si atypique qu’une jeune demoiselle proposait une visite guidée à ses amis venus en exploration. Pour voir la Biocoop21, on se déplace entre copains, en famille ou bien même en solitaire.

Si le vrac n’est pas réellement une nouveauté dans les magasins Biocoop, c’est l’absence d’emballage qui fait toute la particularité de la boutique éphémère. Les clients sont invités à apporter leurs propres contenants pour le transport des articles. Mais bien sûr, pour les visiteurs impromptus et les incurables tête-en-l’air, le magasin met néanmoins à disposition de petits sachets en papier, des sacs en lin ou bien encore un « bar à bocaux ».

Sylvie, un sachet à la main, est entrée ici par hasard pour y faire ses courses. « J’ai l’habitude d’acheter mes produits dans les Biocoop ou bien directement auprès des producteurs. Quand je suis passée devant la boutique, je n’ai pas hésité car c’est un mode de consommation que j’apprécie. On devrait avoir ça partout ! » raconte la maman tout en se fâchant contre sa fille, qui tentait discrètement de placer deux pauvres biscuits dans une grande pochette.

Le souhait de Sylvie a des chances de se réaliser car Biocoop21 est une boutique test. A la fin de sa période d’essai, un bilan devrait permettre de déterminer ce qui a marché ou non afin de renouveler l’expérience dans les autres magasins de la chaine partout en France.

En pleine euphorie autour de la COP21, le concept connaît actuellement un certain succès. Mais pour Julien, qui travaille au rayon frais, cette expérience n’est pas de tout repos. « Le tout en vrac et l’absence d’emballage imposent beaucoup de contraintes. Il faut sans cesse réexpliquer le fonctionnement du magasin et nos motivations. C’est assez fatigant » explique-t-il en sortant un gros morceau de viande de son étrange frigo sans gaz réfrigérant. « En plus, le nombre de clients qui arrivent avec leurs propres contenants est assez faible. Nous voulions éviter les emballages et nous voilà obligés d’en vendre pour ne pas que les clients repartent les mains vides » ironise le jeune homme. C’est le paradoxe de la boite d’œufs : le magasin propose des œufs frais à l’unité, mais pour les transporter sans faire d’omelette, il faut une boite et donc plus d’emballage qu’habituellement. Que faire ? Vendre et gaspiller ou ne pas vendre et rouscailler ? Bonjour le casse-tête. La seule solution : changer les mentalités et inciter les gens à apporter leurs propres contenants. Mais cela ne se fera pas en quelques mois…

Grâce à l’engouement des vrais écolos et la curiosité des éco-touristes, l’expérience de ce commerce éphémère, menée par la Biocoop avec la SEMAEST (société d’économie mixte de la Ville de Paris) est prolongée de deux mois, jusqu’à fin février. Le bilan, à la fin de l’expérimentation, déterminera si ce succès révèle une simple lubie ou bien une réelle volonté de consommer différemment.

Julie Biet

Noël, un retour aux ressources ?

Article destiné à Time Out Paris ou Néon.

J-20. Le décompte a commencé. Les dimanches sont désormais illuminés de mille feux par les boutiques ouvertes dans l’espoir d’attirer le chaland à l’approche des fêtes. Pour fuir les miasmes de centres commerciaux, on vous recommande une alternative solidaire, économique et originale : les ressourceries.

Même si beaucoup n’ont pas le cœur au shopping, la pression est trop forte. Noël, c’est pas tant une fête qu’une insupportable obligation à consommer. Faire des cadeaux ratés à notre belle-sœur, en recevoir des tout aussi inutiles de la part de notre oncle, manger trop de dinde, du fois gras, du champagne, être malade encore trois jours après. Cette opulence révèle l’indécence des fêtes alors qu’au même moment s’anime aux portes de Paris la COP 21 nous rappelant discrètement qu’on frise le cataclysme mondial. Bref, comme dirait Danny Boon, « je vais bien, tout va bien ». Mais quitte à consommer le couteau de la dinde sous la gorge, consommons bien. Même s’il semble difficile d’allier les fêtes à un esprit éco responsable, l’expérience mérite d’être tentée.

Faisons l’impasse sur toutes les recommandations déprimantes du genre : « faux-gras de canard » à base de tofu et de céréales (sauf si on veut conserver la festive envie de vomir après le repas), champagne biodynamique (pour un coût lui aussi biodynamique), compost de table et toilettes sèches. Nous, on a préféré vous parler de nouveaux lieux pas si connus et très chouettes pour faire vos cadeaux impec’ pour par un kopeck.

On connaissait déjà des centres Emmaüs ou Guérissol où il était possible d’acheter des vêtements pour un moindre coût (et souvent aussi pour un moindre goût). Dans un autre genre, les « ressourceries » pointent leur nez dans la capitale. Ces jolies boutiques associatives reposent sur les dons de particuliers, d’autres associations ou d’entreprises. Elles ont pour fer de lance le recyclage textile et la lutte contre le gaspillage des objets tout en militant pour la réinsertion professionnelle de leurs employés. Les prix sont dérisoires et rendent accessibles toute une gamme de produits aux moins fortunés. On a voulu pour cela jeter un œil dans deux ressourceries rive gauche, Ma ressourcerie (126 av. d’Italie, 13e) et La ressourcerie créative (dans l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul 82 av. Denfert Rochereau, 14e).

Premier constat : accueil chaleureux dans un cadre agréable, complètement raccord avec l’esprit Noël (si on y tient !). On trouve autant de vêtements qu’il y a de goûts et de couleurs : manteaux, pulls, pantalons, t-shirt en parfait état pour un prix compris entre 1 et 10 €. Bien entendu, les rayons changent en fonction des arrivages donc n’hésitez pas à y retourner pour dénicher la perle rare. Vous y trouverez aussi une multitude de jouets pour enfants, des bijoux, des ustensiles, des objets de décoration et des livres à foison. Quelques meubles sont mis à disposition mais pas de quoi concurrencer IKEA. Alors, si pour vous un centre commercial bourré à craquer par un samedi glacial avec une musique qui ferait saigner les tympans d’un sourd, ça sent le sapin, éloignez-vous. Sortez de ces usines à bonne humeur forcée pour offrir des objets bien plus créatifs et originaux tout en soutenant une noble cause. C’est pas ça l’esprit de Noël ?

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La ressourcerie créative

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Ma ressourcerie

Louise Pierga

Siga-Siga : la première boutique sans argent de Paris

 

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La directrice de la Boutique Sans Argent et une bénévole ©La Boutique Sans Argent

On connaissait déjà les brocantes, les magasins solidaires et les friperies pour acheter à petit prix et redonner vie à des objets de seconde main. Mais, depuis l’été dernier, la première Boutique Sans Argent de Paris a pris ses quartiers dans l’ancienne gare de Reuilly.

Ce samedi, dans le hall d’entrée de la maison des associations, où la petite échoppe a élu domicile, le trafic ne désemplit pas. Des jeunes, des familles, des habitants du quartier et des franciliens sont venus chiner dans cette caverne d’un nouveau genre. Des portants de vêtements, des piles de livres, une étagère de CD, un coin vaisselle et bibelot, à première vue, Siga-Siga a tout l’air d’une boutique de dépôt-vente. Mais pourtant ici, il n’est pas question d’argent. Dans tout le magasin, des étiquettes affichent en lettre capitale la mention « zéro euros ». On croirait rêver.

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Chez Siga-Siga, tout est gratuit ©La Boutique Sans Argent

Si le nom de l’association Boutique Sans Argent semble limpide, le fonctionnement lui en déroute plus d’un. Les novices du bric-à-brac préfèrent tous s’assurer d’avoir bien compris le concept avant de fouiller les bacs à vêtements et de passer en revue les articles des rayons.

Débora Fischkandl, Directrice de l’association à l’initiative du projet, répète inlassablement le principe. « Il n’y a pas d’échange. Si des articles vous plaisent, vous les emportez. Si vous souhaitez vous pouvez amener des affaires pour faire un don une autre fois ». Pas d’argent, et pas de troc non plus. Ici, tout est pensé pour s’éloigner du schéma économique traditionnel en se concentrant sur le don. C’est de l’économie circulaire.

On peut ainsi faire son shopping en récupérant des objets qui dormaient dans des placards ou des cartons et n’avaient d’autre destiné que de finir à la poubelle. Ou déposer toute chose dont on n’a plus l’utilité, mais qui pourrait servir à d’autres. Vêtements, vaisselle, petit électroménager et électronique, jeux et jouets, accessoires, déco, livres à condition qu’ils soient en bon état, transportables à la main et propre.

Participer à cette initiative de dépôt-don, c’est contribuer au développement durable en réduisant les déchets des ménages. Mais c’est aussi créer du lien social. « C’est comme si on donnait des affaires entre frères et sœur, mais à une plus grande échelle, entre tous les contributeurs de l’association » explique Débora Fischkandl.

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Les clients parcourent les rayons à la recherche de vêtements et de livres gratuits ©La Boutique Sans Argent

Et ce n’est pas parce que tout est gratuit que les gens font de véritables razzias. Alice, une étudiante qui visite pour la première fois l’échoppe, a déjà trouvé une écharpe et hésite dorénavant entre deux t-shirts. « Il est beau celui, là, mais j’ai déjà pris une écharpe, il ne faut pas abuser ! » lance-t-elle avant de reposer l’un des vêtements.

Pourtant, comme ne cesse d’indiquer les bénévoles de l’association, il n’y a pas de nombre maximum d’articles. Mais il semblerait que le don ait une charge symbolique comme l’explique la Directrice de l’établissement, convaincue que si des articles étaient vendus à cinquante centimes, ils partiraient plus vite.

S’il n’est pas question de débourser le moindre centime pour repartir chez soi les bras chargés d’affaires, il est tout de même possible de soutenir l’association. Et ce, en prenant un café ou un thé servi à prix libre par les membres de l’association.

Domiciliée dans l’ancienne gare de Reuilly pour une période de deux ans, la Boutique Sans Argent pourrait bien s’agrandir « Siga Siga » (petit à petit en grec). Contraint de ne proposer que des objets peu volumineux par manque de place, le personnel de l’association voit plus grand en envisagerait même de mettre en place des services. Et par la même occasion, rendre de nombreux parisiens adeptes du don.

La Boutique Sans Argent – Siga Siga
Ouvert du lundi au samedi
De 14h à 18h
181, avenue Daumesnil, 75012 Paris
Site : laboutiquesansargent.org

Félicité Wintenberger

 

Meaux : La savoureuse cuisine de la Brie

L’Histoire l’a montré : le clergé aimait faire bonne chère. A Meaux, il y a un endroit dans lequel l’évêque Bossuet aurait adoré se délecter de mets copieux.Pour cela, direction le faubourg Saint-Nicolas. Au détour de la petite rue piétonne Jean Jaurès, le nouveau restaurant « Raconte moi tes saveurs » se dévoile. Situé dans une ancienne demeure moyenâgeuse aux couleurs chatoyantes, l’établissement accueille les plus fins gourmets.

« Bienvenue chez nous ! J’espère que vous avez faim, ici pas de places pour les petits estomacs », déclare amicalement Richard Dubois, le gérant des lieux. L’homme à la carrure de rugbyman et aux tempes grisonnantes a ouvert son restaurant début novembre. Chaque soir, son équipe dresse environ cent cinquante couverts et la petite salle est pleine à craquer.

« Notre devise : qualité et quantité ! »

Une fois installés, on se laisse contempler la décoration. Pour votre gouverne, Valérie Damidot dirait que l’on est dans un style baroque-chic. On se croirait dans un bar branché parisien. Une douce musique accompagne le repas.

Et le repas justement ? La carte propose une cuisine traditionnelle avec des produits frais et de qualité.       « Je ne suis pas un grand fan de cuisine moderne. Alors je ne veux pas que mes clients payent cher et ressortent en ayant le ventre à moitié vide. Chez nous notre devise est : qualité et quantité ! » insiste fièrement Richard Dubois.

Notre terroir revisité

Ici, en terre meldoise, le Brie est roi et se retrouve donc naturellement dans les assiettes de tous les restaurants. Mais « Raconte moi tes saveurs » est le premier établissement seine-et-marnais à allier autant tradition et modernité. Car la carte permet de retrouver les saveurs d’antan, celles de nos grands parents tout en dépoussiérant les recettes et misant sur l’originalité. Les clients sont séduits par le concept. « Et ça fait des grands slurp ! » aurait lancé Jacques Brel.

« C’est la première fois que l’on vient manger ici, c’est délicieux. J’adore le fromage qui fond lentement sur de délicieux morceaux de viande », lance Jean-Marc, un client servant un – ô combien indispensable – verre de vin rouge à sa femme.

Il faut dire que les plats sont joliment monstrueux. Il n’y a qu’à choisir les spécialités de la maison – la fondue au Brie de Meaux ou le duo de brochette de boeuf – pour s’en rendre compte. Pour les plus gourmands, il y a bien une petite place pour un dessert. Après tout, il faut faire durer le plaisir jusqu’au bout. On appréciera les grosses glaces au chocolat maison servies dans des bocaux. Attention, le régime n’est pas pour tout de suite. Toutefois, si les plats sont énormes, les prix eux restent raisonnables. Par exemple pour un menu express, plat et café veuillez comptez douze euros. Pour les grandes assiettes gourmandes, il faudra débourser environ trente euros.

« Raconte-moi tes saveurs » fait découvrir des saveurs originales, pour le plus grand bonheur des papilles. La difficulté du restaurant est de revisiter notre terroir tout en conservant son identité. Le pari est réussi.

Adrien E. 

Gloire à la peinture ancienne

Alors que les galeries d’arts s’emplissent majoritairement de Jeff Koons, JR et autres artistes contemporains en vogue, la peinture classique reste, elle, cantonnée aux grands musées jugés trop poussiéreux. Pour la 5ème édition, le salon Paris Tableau s’installe au Palais Brongniart pour rendre grâce à la peinture ancienne avec en fil rouge son lien avec l’oenologie.

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Les visiteurs prennent le temps pour admirer les expositions du Salon Paris Tableau au Palais Brongniart (crédit photo : Manon Mathieu)

Tapis de velours au sol et végétation luxuriante, la Palais Brongniart a revêtu ses habits de fêtes pour offrir une montée des marches majestueuse et théâtrale à ses visiteurs. Pendant trois jours les oeuvres d’arts de la peinture classique venues du monde entier se dévoilent avec en thème d’honneur le lien entre le vin et l’art classique. Une fois la porte passée, un calme quasi-religieux règne. Une farandole de lumières scintillantes illumine l’allée principale nappée d’une moquette mauve, chaleureuse. Le Palais n’est plus, un Temple l’a remplacé. Le Temple de l’art ancien, venu des quatre coins du monde. De Zurich, Londres, Rome, Genève ou Amsterdam, 25 galeries internationales fusionnent et révèlent des merveilles oubliées. Dans chaque espace, des fauteuils, tous plus confortables et attirants les uns que les autres, invitent les visiteurs à prendre place pour admirer les oeuvres. Toutes les matières et couleurs choisies pour décorer les lieux apportent une atmosphère raffinée. Une somptuosité en toute subtilité. Une ambiance qui rappelle bel et bien celles des musées et galeries, évitées ou même fuies car trop guindée. Pourtant, l’affluence est au rendez-vous, dès le premier jour d’ouverture.

La foule se fait rare à l'ouverture du Salon Paris Tableau 2015.

La foule se fait rare à l’ouverture du Salon Paris Tableau 2015.

Renouveler l’ancien
Thèmes bibliques, représentations d’anges et glorifications de dieu. Les classiques de la peinture ancienne restent incontournables. Pour autant, les galeristes présents ne s’arrêtent pas là et proposent de découvrir toute la richesse des sujets et des techniques choisies et utilisées par les grands maîtres depuis le Moyen-Age jusqu’aux années 1900. Portraits, autoportraits, représentations de la nature, parfois surprenantes, paysages ou encore scènes de la vie quotidienne viennent donc jalonner ce parcours d’exposition. Ce voyage à travers l’art au delà des nations, des styles et des pattes attire les visiteurs. « Il faut créer de l’évènement pour que les gens viennent, comme ici, où nous somme plusieurs réunis», explique le propriétaire de la galerie Tallabardon et Gaultier de Paris. « Un salon est un challenge, il faut se réinventer, chercher la nouveauté pour faire découvrir mais aussi surprendre ». Si chaque galeriste procède à une sélection d’oeuvres dans cette optique – avec également le but de vendre – les organisateurs de Paris Tableau cherchent, eux aussi, à rendre le parcours plus vivant, voir ludique. Le thème de cette cinquième édition étant L’art de Vivre, une promenade dégustation Art et vins s’offre aux experts, collectionneurs comme amateurs présents. De quoi faire l’unanimité.

Espaces confinés et agréables pour s'asseoir et profiter des exceptionnelles expositions d'oeuvres internationales.

Espaces confinés et agréables pour s’asseoir et profiter des exceptionnelles expositions d’oeuvres internationales.

Vitrine universelle

De l’italien à droite, un soupçon d’anglais au fond de la pièce et un couple observe et commente en Suisse. L’art réunit les peuples et les cultures. « Il y a bien plus de visiteurs que de réels acheteurs », raconte Laure de Vaneilles, représentante de la Lampronti Gallery basée à Londres et Rome, « mais nous venons chaque année parce que c’est un moyen de se faire connaître à l’international, c’est une bonne vitrine de la galerie ». Ce salon a ainsi d’avantage pour vocation de révéler toute la beauté de la peinture ancienne et la diversité des galeries internationales que de se constituer en lieu de vente. Aucun prix ne s’affiche aux côtés des oeuvres, seuls les noms des auteurs et les caractéristiques ne subsistent. « D’année en année, les gens reviennent parce qu’ils savent qu’ici ils pourront retrouver notre galerie et sa peinture italienne bien particulière ». Vitrine de l’art international, Paris Tableau familiarise avec une peinture ancienne, trop souvent dépréciée et pourtant perpétuelle source d’inspiration.

Manon Mathieu

De nouveaux lieux alternatifs pour des soirées toujours plus culturelles

Le pavillon du dr. Pierre ferme mais les lieux hybrides sont la grande mode depuis quelques années et les choix sont nombreux. Voici une liste à essayer, l’occasion de changer de l’habituelle soirée en boite de nuit où tous ratatinés l’on se prend du champagne dans les cheveux, des coups de coudes à chaque pas de danse et d’échapper enfin aux étriqués fumoirs suffocants.

Le pavillon du dr. Pierre à Nanterre a organisé sa dernière soirée le 24 Octobre dernier après 6 mois de partage de création avec une trentaine de créateurs aux horizons variés, de barbecues et d’events en tout genres organisées par SOUKMACHINES, collectif crée en 2005, créateur d’évènements hors normes. Toute la journée de 14h à 6h du matin ce pavillon à l’allure de grand château – en réalité ancienne fabrique à parfum et dentifrice – a accueilli 3 milles personnes pour le « grand final ». Dans l’immense jardin étaient éparpillés terrain de badminton, tables de ping pong et énormes igloos gonflés dans lesquels tous se dandinaient. On trouvait à l’intérieur de la maison de nombreuses salles au risque de se perdre, comme dans un labyrinthe. Projection de films et courts métrages, mikado, jeux videos, le choix fût grand pour ceux que la musique ennuyait. Divers DJs (cumbia electro, rythmes africains, techno…), styles différents et concerts (afro jazz à la Fela Kuti, R&B…) étaient programmés. Le lieu fourmillait d’installations lumineuses et artistiques : des dessins, collages et fresques. Dans une des petites chambres on pouvait trouver des vinyles entassés dans le coin et les gens dansaient sur de la musique disco. Ce genre de soirées hors-normes pullulent de plus en plus dans les alentours de Paris.

À Marx Dormoy, le Shakirail, (dans les locaux de la SNCF) est un squat d’artistes comprenant des ateliers où ont lieux concerts et expos. Dans l’énorme jardin on trouve petit feu, guirlandes, hamac, chaises dépareillées empilées, caddie perdu et vêtements pendus. Le lieu donne vue imprenable sur tout Paris. Elisabeth Hong originaire de Sydney et Michelle Cao de Seattle adorent le côté intimiste de l’endroit. Elles expliquent « C’est comme un rooftop ou un backyard chez quelqu’un, c’est très amical comme atmosphère ». La vue sur les trains qui passent et les immeubles éclairés est en effet chose très rare dans le nord-est de Paris.

Toujours dans le même style le 6B à Saint-Denis est un immeuble entier dédié à l’art et la musique. Dans chaque pièce un style musical différent et dans la cour des tentes où des DJs tiennent résidence. Grâce à divers collectifs associés aucune soirée ne ressemble à l’autre. Entre les 6 étages on se promène dans la culture : de l’afrobeat à la techno, des performances culinaires au VJing.

La ferme du bonheur

Autre endroit non loin de là : la ferme du bonheur ou comment danser sur de la musique électro entouré de nombreux moutons. Un chef vient y cuisiner soupes et dessert du jour en plein air. Le lieu est affilié à la Mamie’s, jeune association fondée en 2007 qui promeut l’esprit de « la fête libre et décomplexée » partout dans Paris. La programmation y est éclectique mais indépendante et de qualité. Les parisiens apprécieront la nature le temps d’une journée, telle une residence secondaire à la campagne. La fête se déplace ainsi petit-à-petit en banlieue pourtant habituellement boudée par les Parisiens.

Chayma Mehenna