Parmi ses nombreux trésors, la Corse recèle six réserves naturelles, qui renferment une diversité d’espèces végétales et animales uniques en Méditerranée. Petit tour d’horizon des 6 havres de paix offerts par l’Ile de Beauté.
L’étang de Biguglia, pour ses Flamants roses
Localisation : sur les communes de Furiani, Biguglia, Borgo et Lucciana, au sud de Bastia
Vue aérienne de l’étang de Biguglia à dr., mer Méditerranée à g. © Fanny Bellocq / En bas à dr. : flamants roses de Biguglia © Ecomusée du Fortin
C’est l’occasion de rejouer la scène de Fantasia, où les Flamants roses s’amusent avec un yoyo ! L’étang de Biguglia est réputé pour ces oiseaux migrateurs, très présents sur le site, parmi les 230 autres espèces ailées. La réserve naturelle, qui accueille 6 000 à 8 000 visiteurs par an, est la principale zone humide de l’île, reconnue à l’échelle internationale. Mélange d’eau salée et d’eau douce, l’étang est peuplé d’anguilles, de mulets et de loups. Côté végétation, vous pourrez peut-être voir des Hibiscus à cinq fruits et des Fougères des marais, qui font partie des espèces menacées. Ce site est donc une étape incontournable pour les passionnés d’ornithologie !
Comment la visiter ? A pied uniquement. Des randonnées sont possibles grâce à des sentiers tout autour de l’étang. Vous pouvez aussi visiter l’écomusée du Fortin, un musée situé dans un ancien fortin génois rénové. En revanche, vous ne pouvez ni pêcher ni pratiquer une activité sportive nautique sur l’ensemble du territoire !
Combien ça coûte ? L’accès aux sentiers de promenade est gratuit. Prévoyez 2€ par personne pour la visite de l’écomusée, situé à Furiani.
La Réserve de Scandola : une reconnaissance internationale
Localisation : sur la commune d’Osani, à l’ouest de l’île
Réserve naturelle de Scandola © N.Robert – PNRC
Vous avez devant vous la seule réserve en Corse à être inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Elle fait donc partie des 1007 sites naturels protégés à l’échelle internationale. La réserve renferme une biodiversité autant marine que terrestre (oiseaux dont le Balbuzard pêcheur). Elle accueille chaque année 350 000 personnes. D’après Céline Bonzom, directrice de l’Office de Tourisme d’Ota Porto, « Scandola est la gardienne d’une nature, d’un environnement exceptionnel. Elle offre à la vue des paysages à couper le souffle de failles, de grottes et de roches dans les camaïeux de rouges au contraste saisissant avec le bleu de la mer. A ne surtout pas manquer lors d’un séjour en Corse. »
Comment la visiter ? A bord d’un bateau touristique, au départ de Calvi, Girolata, Galeria, Porto ou Ajaccio. Vous apercevrez des animaux et une végétation diversifiée, mais aussi l’une des 67 tours génoises de Corse, qui permettaient aux habitants de l’île de prévenir des invasions barbaresques au XVIème siècle. Si vous voulez utiliser votre propre bateau, vous devrez vous arrêter dans le golfe de Girolata, car le mouillage est interdit sur l’ensemble de la réserve.
Combien ça coûte ? En haute saison, prévoyez au minimum 35€ par personne : c’est le prix d’une balade classique en bateau de 2h, au départ de Galeria.
→ Galeria Marina, l’une des compagnies de bateau pour les promenades en mer
Réserve des îles Finocchiarola : la benjamine
Localisation : au nord-est du Cap corse, près de Rogliano
Les îles Finocchiarola depuis la terre ferme, l’île toscane de Capraia en arrière-plan. © Conservatoire du littoral
Avec une surface de trois hectares, cette Réserve est la plus petite de Corse. Finocchiarola doit son nom au fenouil qui y pousse (finochju en langue corse). Constituée de trois îlots désertiques, A Terra, Mezzana et Finocchiarola, elle protège des goélands d’Audouin, et un mollusque menacée, la patelle géante. Michel Delaugerre, chargé de mission au Conservatoire du littoral, raconte : « Ces îles, anciens sommets de collines, ont été séparées de la Corse par l’élévation du niveau marin, il y a quelques milliers d’années. Une partie des organismes qui y vivent sont les descendants de ceux qui y furent piégés. En préservant cet endroit, c’est comme si on faisait une manipulation scientifique pour étudier leur évolution. D’où sa très grande protection. » En 2013, 40 000 touristes se sont rendus sur le passage du Sentier des douaniers pour observer les Iles Finocchiarola.
Comment la visiter ? Malheureusement, la réserve est fermée au public et le mouillage est interdit près de la réserve. Comme les îles sont très proches de la terre ferme, vous les apercevrez très bien depuis le Sentier des douaniers : ce chemin de randonnée vous permet de faire le tour du Cap Corse, de Macinaggio à Centuri.
Combien ça coûte ? L’accès au sentier est gratuit.
Les Bouches de Bonifacio : la cité des falaises sous son plus bel aspect
Localisation : à la pointe sud de la Corse, près de Bonifacio
Ile Lavezzu, avec les falaises de Bonifacio au second plan. © O.Bonnenfant/OEC
Cap vers le sud ! Avec une surface de près de 80 000 hectares, les Bouches de Bonifacio constituent la plus grande réserve naturelle de France métropolitaine. Ce lieu incontournable comprend les îles Lavezzi, la presqu’île de Bruzzi et l’îlot des Moines, elles-mêmes anciennes réserves naturelles, mais aussi les îles Cerbicale. Si la majorité des touristes sont présents en août, l’Office de l’Environnement de la Corse, qui gère la réserve, observe un intérêt grandissant pour la période mai-juin : « Depuis peu, on compte 50 000 visiteurs par an à cette période, affirme Olivier Bonnenfant, assistant en communication au Département Espaces Marins et Littoraux Protégés. On commence à se demander si c’est une bonne chose car c’est le moment où les oiseaux marins se reproduisent, et ça peut les déranger. Il n’y a aucun phénomène alarmant pour l’instant, mais on surveille de près cette fréquentation. »
Comment la visiter ? Vous pouvez explorer les Bouches en bateau, au départ de Bonifacio, sur des circuits différents. Vous apercevrez notamment les falaises de calcaires typiques du sud de la Corse, d’incroyables grottes marines, des calanques aux eaux turquoises, ainsi que la faune et la flore des îles alentour.
Combien ça coûte ? Prévoyez entre 17,50€ (grottes, falaises, calanques) et 35€ (avec escale aux Iles Lavezzi) pour une balade d’environ 1h en bateau.
→ Gina Croisière, compagnie de bateau pour les promenades en mer
Les Tre Padule de Suartone : une mare sans canards
Localisation : extrême sud de la Corse, près de Bonifacio
Vue d’ensemble de trois mares de la réserve des Tre Padule de Suartone, en période de submersion © O.Bonnenfant/OEC
Comme les Trois Mousquetaires, ces Tre Padule comptent quatre mares dissimulées par le maquis (tre padule signifie « trois mares » en langue corse). Classée en 2000, elle est la dernière née des réserves naturelles et abrite de nombreuses espèces protégées. Elle accueille au maximum 200 personnes par an : « Le milieu ne se prête pas trop à la découverte touristique, car les mares sont complètement sèches en été, explique Olivier Bonnenfant. Ce phénomène est dû à un climat très particulier qui alterne submersion et sécheresse. Ce site s’adresse donc en priorité aux amoureux de la nature. L’une des espèces protégées présente sur le site, la pilulaire délicate, ressemble à un simple brin d’herbe. Et pourtant, il y a des gens qui viennent du monde entier pour la voir ! »
Comment la visiter ? Plusieurs pistes sont praticables à pied. Préférez les visites guidées aux promenades solitaires, car certaines parties de la réserve sont des propriétés privées. Ainsi, vous disposerez de plus d’informations au sujet du site.
Combien ça coûte ? L’accès aux sentiers est gratuit. Des visites guidées, également gratuites, sont organisées par l’Office de l’Environnement de la Corse.
La réserve des Iles Cerbicale et ses trésors sous-marins
Localisation : près de Porto-Vecchio en Corse-du-Sud
Vue aérienne des îles Forana, Maestro maria, Piana et Petricaggiosa, qui forment la réserve des Iles Cerbicale. © O.Bonnenfant/OEC
Ce que vous voyez est en quelques sortes « la partie émergée de l’iceberg » ! La réserve recèle avant tout des trésors sous-marins d’exception, que vous pourrez observer grâce aux nombreux sites de plongée présents autour des îles. Hors de l’eau, ces dernières constituent un refuge pour la faune, notamment les oiseaux, et n’ont jamais été habitées par l’homme. « Les îles Cerbicale jouent pleinement leur rôle de réserve naturelle classique. Il s’agit plus de « l’observation d’un environnement fragile » que d’une « visite touristique » à proprement parler. On a devant nous un site très préservé, au même titre que les Tre Padule », précise Olivier Bonnenfant.
Comment la visiter ? Vous ne pourrez pas vous rendre directement sur les îles. Des promenades en bateau au départ de Porto-Vecchio et Pinarello sont possibles pour les apercevoir. De nombreux clubs de plongée vous permettent d’explorer les mille merveilles que recèlent les fonds sous-marins.
Combien ça coûte ? Prévoyez au minimum 65€ pour un circuit en bateau. Pour un baptême de plongée dans le milieu sous-marin de la réserve, prévoyez au moins 60€ en haute saison.
→ Chiocca Croisières, l’une des compagnies de promenades en mer.
→ Porto-Vecchio Plongée, l’un des clubs présents sur l’île.
A pied, en bateau ou sous l’eau ? Vous pouvez désormais faire votre choix entre ces réserves naturelles et opter pour la façon dont vous aimeriez les visiter. Pour des conditions touristiques idéales, il est conseillé de s’y rendre en dehors du mois d’août, qui est le « point d’orgue » de la haute saison, une période très peuplée et pendant laquelle les prix flambent. Bon séjour en Corse !
Fanny Bellocq-Renucci
Publication envisagée pour cet article : guide touristique en ligne du type Lonelyplanet.fr.