Saint Léonard de Noblat, un conte médiéval

Peut-être auriez-vous l’occasion de faire étape à Saint Léonard de Noblat si vous entamez un long pèlerinage vers Saint Jacques de Compostelle ? Autrement, Julie, enfant du pays, vous donnera mille et une raisons de vous y rendre. Au cœur d’une verdoyante campagne limousine, la commune est le théâtre de traditions festives et folkloriques qui se transmettent depuis 1094 !

Une cité médiévale au coeur du Limousin © Patrick Nouhailler

Une cité médiévale au coeur du Limousin © Patrick Nouhailler

Forte d’héritages du passé historique, Saint Léonard de Noblat recèle d’incroyables édifices médiévaux. L’ancien hôpital des pèlerins construit au XIIIe siècle et son pont médiéval enjambant la Vienne témoignent d’une architecture pittoresque. Emblématique de l’architecture romane, La Collégiale domine la cité avec son clocher s’élevant à 52 mètres : « Admirez l’extérieur depuis la place Wilson, et le soir ne manquez pas la mise en lumière du monument. C’est époustouflant ! » s’extasie Julie, notre « miaulétouse ». Pour la petite histoire, elle nous raconte qu’au  Moyen-âge, autour du clocher de la Collégiale, volaient des espèces de choucas, qui avaient un cri particulier. En patois, on les appelait alors des « miaulétous », noms désormais donnés aux habitants, tradition oblige.

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La Collégiale, un chef d’oeuvre de l’art roman © Ville de Saint Léonard de Noblat

La fête de la Quintaine 

En souvenir du passage dans la ville du Prince de Condé, chaque année a lieu, le deuxième dimanche de novembre, « la Fête de la Quintaine ». Des cavaliers armés d’une massue en bois « le quillou », se lancent à l’assaut  d’un modèle réduit de forteresse,  « la quintaine » : « Chaque année, je récupère des morceaux de bois des petites forteresses, il paraît que cela porte bonheur », nous confie Julie.  Cette destruction  mêlant sacré et profane fait partie du culte rendu par les habitants de Saint Léonard, au souvenir du fondateur de la cité. Cet ermite qui vécut dans la forêt de Pauvain au VIe siècle, consacra sa vie à aider les prisonniers, il est désormais le patron des prisonniers et des femmes enceintes.

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La fête de la Quintaine © Limousin 33

Les Ostensions

Ces cérémonies religieuses millénaires ont lieu tous les 7 ans. « La ville est en fête, couverte de guirlandes de fleurs multicolores et d’oriflammes et une foule immense (environ 10 000 personnes) suit le passage des reliques portées en procession. Les fleurs en papiers sont réalisées quelque temps avant, ce sont des souvenirs rares et précieux pour moi » explique Julie. Les habitants font revivre l’ostension des ossements de leur saint patron, telles qu’elles se sont déroulées la première fois en 1094 pour guérir les victimes du « Mal des Ardents ».

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La place de la République décorée pour les Ostensions © Ville de Saint Léonard de Noblat

Le Limousin n’est pas seulement le fief de la viande bovine et des pommes. Il est aussi le berceau d’un grand nombre de traditions inscrites au Patrimoine Mondial de l’Unesco. A l’image de cette cité médiévale qui a gardé son cachet et veille à la transmission de ses coutumes. Dans son limousin natal, à Julie de conclure : « Vivo sen Lionar ! En dau po ! En dau lar », en d’autres termes « Vive Saint Léonard et du pain et du lard ! ».

Infos pratiques :
Office de Tourisme de Noblat
www.otsi-noblat.fr

Marie-Amélie Druesne

Le Hurling irlandais : à la découverte d’un sport hors-norme

Parmi les disciplines sportives méconnues dans le monde, le Hurling occupe une place de choix. Troisième sport le plus populaire en Irlande (après le football gaélique et le football, tel qu’on le connaît), le Hurling peine à se populariser hors de ses frontières. C’est que ce sport obéit à des règles très spécifiques, qui mélangent habilité et performance physique remarquable. Kévin Renard a eu la chance d’assister à un match lors d’un voyage scolaire sur l’Ile Verte. Retour sur un sport où (presque) tous les coups sont permis !


« C’est un sport de bourrin, vraiment ! » Voilà qui est dit. Imaginez plutôt : une balle (le sliotar), ne pesant pas plus de 100 grammes mais pouvant atteindre les 160 km/h. Une cross en bois de près d’un mètre (le hurley) pour la frapper. Voilà tout ce dont doit vous avez besoin pour entamer une partie de Hurling. Ni protections, ni gants, ni casque.

Le Hurley et le sliotar, les deux éléments indispensables à tout joueur de Hurling. Photo : en.wikipedia.org

Le Hurley et le sliotar, les deux éléments indispensables à tout joueur de Hurling. Photo : en.wikipedia.org

Pourtant, en face, vos adversaires agitent eux aussi ces gourdins aux airs de hache. Ils vous assaillent de toutes parts, en espérant vous accrocher par derrière ou vous bloquer de front. Pas question pour autant de plaquer un joueur, contrairement au rugby. En revanche, les mises en échec ou charges à l’épaule sont courantes. Et la partie continue : vous parcourez à vive allure un immense terrain de près de 150 mètres en pesant les options qui s’offrent à vous. Vous pouvez faire une passe à un coéquipier, soit en frappant la balle avec votre main (nue) ou votre pied (chaussé). Mais personne n’est disponible, alors vous vous préparez à tirer – qu’importe si vous êtes encore à 90 mètres des buts. Vous prenez appui, puis frappez puissamment la balle avec votre hurley. Goal !

L'Association athlétique gaélique (ou GAA) compte pas moins de 100 000 licenciés. Photo : et.wikipedia.org

L’Association athlétique gaélique (ou GAA) compte pas moins de 100 000 licenciés. Photo : et.wikipedia.org

« Le principe est assez simple en fait : deux équipes de 15 joueurs tentent de marquer le plus de points possibles en frappant le sliotar pour le placer entre les poteaux de buts de l’équipe adverse. » Comme au foot, un joueur peut tirer de n’importe où sur le terrain, y compris à quelques centimètres des buts devant le gardien (« le plus dingue de tous! »). Une balle qui traverse les poteaux au dessus de la barre transversale rapporte un point. Si la balle entre sous la barre transversale, dans la cage du gardien trois points sont marqués. Le score est affiché de cette manière (but-point) pour chaque équipe. A la fin du match, on fait les calculs. Et on va au pub évidemment, pour la traditionnelle troisième mi-temps :« On s’y est tous retrouvés à la fin du match, joueurs, spectateurs, élèves de la classe,… Il y avait une de ces ambiances ! »

Le Hurling serait le sport le plus vieux du monde puisqu’il daterait de l’arrivée des premiers Celtes en Irlande, il y a de cela 3000 ans. Considéré comme le jeu collectif le plus rapide, ses joueurs forcent l’admiration tant par leur endurance, leur robustesse, et leur engagement (très) physique. Courses effrénées, coup de crosses, plaquages pas toujours réglementaires sont au menu de ce sport viril à souhait ! Et si le fighting spirit si souvent associé au rugby et à son XV de trèfle venait de là ?


Julien Tellier

Cet hiver, «Holiday » rimera une fois de plus avec « Boxing Day » !

Le « Boxing Day » (à traduire comme « le jour des boites ») fait l’évènement chaque année dans plusieurs pays du Commonwealth, et plus particulièrement ceux du Royaume Uni. Analyse d’un phénomène socioculturel et sportif « So British » qui va en surprendre plus d’un.

Entre culture et tradition

Ce concept a vu le jour durant la période du Moyen Age et l’idée est restée la même, celle du partage. Il s’agissait durant l’époque médiévale d’aider les personnes étant dans le besoin. Ce jour, correspondant au lendemain de Noël (le 26 Décembre) est férié dans tous les pays concernés (Angleterre, Irlande, Irlande du Nord, Ecosse). Cette idée s’est étendue dans le monde de l’entreprise et fait office de tradition incontournable. Mais c’est en Grande Bretagne que cette période unique s’exprime le mieux. Au pays du « Three Lions » les patrons des entreprises offrent à leurs employés des « Christmas Boxes » composées d’argent ou de cadeaux en tous genres, comme pour les remercier du travail fourni tout au long de l’année. Cette notion fût pensée par l’amiral anglais Samuel Pepys le 19 Décembre 1663, même si à l’époque nous parlions des servants des riches qui étaient autorisés à rendre visite à leurs familles. Mais l’idée de « boite à cadeaux » était déjà présente. Le « Boxing Day » est donc une tradition enracinée dans la culture anglaise et qui se perpétue depuis près de quatre siècles. Mais qui était destinée à la base à rétablir un équilibre social, en aidant les plus démunis.

Journée d’achats

Ouverture du Boxing Day 2012: premier arrivé, premier servi.
Ouverture du Boxing Day 2012: premier arrivé, premier servi.

Au XXIe Siècle, cette fête a pris les allures d’évènement commercial, faisant l’objet de beaucoup de critiques. Durant ce jour férié, les activités bancaires sont stoppées, mais pas les activités commerçantes, en l’occurrence les magasins. Ces derniers entament ce jour-là leur période de grandes soldes, comme le « Black Friday » aux Etats Unis, le lendemain de Thanksgiving. Essia Kachour, salariée française implantée dans le Kent (à la périphérie de Londres) estime que « les anglais n’apprécient plus le sens premier de ce jour à la base sacré ». Elle juge ironique le fait que « cette fête à la base synonyme de solidarité et de partage, soit devenue le symbole de l’individualisme consumériste »

Cependant, beaucoup de touristes (notamment français) envahissent les magasins qui proposent de multiples produits à des prix cassés, sur les vêtements ou encore la High Tech. Londres serait peut-être, pour nous étudiants , une bonne destination pour faire nos achats, notamment durant cette période de fête de Noël.

Une offre sportive hors du commun

Voir un match le lendemain de Noel, c'est possible. Même pour le Père Noël et toute sa famille. Merci le Boxing Day.

Voir un match le lendemain de Noel, c’est possible. Même pour le Père Noël et toute sa famille. Merci le Boxing Day.

Mais un autre élément, et pas des moindres, le « Boxing Day » est surtout connu par tous les amateurs de sport comme une période exceptionnelle. Pendant que tous les sportifs du monde entier profitent des fêtes pour se retrouver avec leurs proches, partager des bons repas (et reprendre quelques kilos avant la reprise de la saison début Janvier !), les sportifs britanniques rechaussent les crampons pour aller en découdre sur le terrain malgré des températures glaciales. Le Rugby, mais surtout le Football sont les deux sports phares de ce « Boxing Day » version sport, qui dure une semaine. Angleterre, mais aussi Pays de Galles, Ecosse, Irlande ou encore Irlande du Nord sont concernés. Et les aficionados du ballon rond ne seront pas déçus : la semaine de « Boxing Day » commencera le 23 Décembre, par le choc de deux équipes de Londres, le derby de la capitale Arsenal-Chelsea (les deux premières équipes du classement). Cette folle semaine se poursuivra le 26 Décembre, jour « traditionnel » et « historique » du Boxing Day, au cours duquel les vingt équipes de la Perfide Albion vont s’affronter sur dix stades différents, une occasion pour les anglais d’aller voir un match entre deux achats. Cette semaine s’achèvera un jour, où tout individu normalement constitué et en âge de faire la fête ne devrait pas faire de sport, à savoir  le 1er Janvier 2014 (en pleine après-midi), lendemain du réveillon du Nouvel An. Jour durant lequel beaucoup d’individus seront en train de payer au fond de leur couette les pots cassés de l’ivresse nocturne de la veille. C’est ce côté fou et déraisonné qui plaît tant à Florian Beaux, rédacteur en chef du blog sportif Vavel France : « le Boxing Day est à l’image de la société anglaise ,qui reflète à travers le sport ses valeurs culturelles : celles de l’excès, de la folie et du plaisir partagé autour du respect de la tradition ».

Lors du dernier Boxing Day, le match qui a retenu l'attention du public fût le fameux Arsenal Newcastle remporté 7-3 par les partenaires de Théo Walcott (photo) auteur d'un "hat-trick"

Lors du dernier Boxing Day, le match qui a retenu l’attention du public fût le fameux Arsenal Newcastle remporté 7-3 par les partenaires de Théo Walcott (photo) auteur d’un « hat-trick »

Enfin, une chose est sûre : le « jour des boites » n’ouvrira pas « la Boîte de Pandore » de la société anglaise. Car le « Boxing Day » est un concept qui « déboite » depuis bientôt 400 ans.

Walid Kachour

Publications envisagées: Le Monde, Lequipe ou Le Parisien.

Crédits Images: The Telegraph, L’Express