Avril n’est pas seulement le mois des blagues douteuses et des chocolats de Pâques, c’est aussi le mois de la sensibilisation mondiale à l’autisme. Avec aujourd’hui une personne sur 1000 de touchée, et les garçons plus souvent que les filles, l’autisme en est encore au stade de la recherche en France. Rencontre avec Guido, un adolescent dont l’autisme fait partie du quotidien.
L’autisme est un trouble du développement humain, caractérisé généralement par une interaction sociale et une communication anormales, avec des comportements répétitifs et restreints. Il existe une diversité de formes et de causes potentielles, d’une part génétique et d’autre part des influences venant de l’environnement. Beaucoup de recherches sont encore en cours et il n’est pour l’heure pas possible de déterminer la cause spécifique de l’autisme.
La prise en charge de ce trouble dépend principalement de la précocité de son dépistage, or celui-ci est encore trop insuffisant en France.
Guido fait partis de ceux qui ont été dépisté (trop) tard. Aujourd’hui 15 ans, il a appris il y a seulement un an qu’il était porteur d’autisme. Après être passé par plusieurs spécialistes pendant sa jeunesse comme des orthophonistes, psychiatres et psychologues, sans jamais recevoir de diagnostic concret, ce n’est qu’à ses 14 ans que le couperet tombe et qu’un verdict est donné. « Au début, cela a été un choc pour moi car je me suis toujours senti normal, même si sur certains points je remarquais une différence avec d’autres de mon âge. ». Loin des clichés parfois véhiculés dans les médias, il avoue aujourd’hui se sentir comme avoir une étiquette sur le front, d’être catalogué et il doit surtout maintenant accepter « d’être autiste ».
Depuis quelques années, Guido vit une véritable passion pour le cyclisme de route et s’épanouit pleinement dans ce sport. « L’autisme n’est pas un handicap dans le vélo, au contraire, j’ai appris à être un battant et à ne jamais abandonner. » Dans le monde du sport, chacun est jugé de la même manière et plus important encore, son autisme ne se voit pas. Etre en compétition avec des jeunes de son âge, qui ignorent sa situation lui permet de se sentir « normal », et de se donner à fond dans quelque chose qu’il aime. Au lycée général où Guido étudie en Seconde, c’est différent : « Je me sens souvent frustré quand d’autres arrivent facilement à faire quelque chose, et qu’à moi, il me faut plus de temps ». Quand son petit frère de 13 ans passe en moyenne une demi-heure à faire ses devoirs, Guido lui, y passe bien plus de temps, et a parfois besoin d’un peu d’aide. Là encore, il ne se laisse pas abattre et envisage de faire un Bac STMG (Sciences et Technologies du Management et de la Gestion) l’année prochaine.
Lorsque je lui demande s’il y a quelque chose qu’il souhaiterait changer chez lui, il me répond « être plus sociable ». Dans 10 à 15 ans, Guido s’imagine vivre à l’étranger avec une petite amie, beaucoup d’amis, et avoir un travail qui lui plait. « Mon seul souhait c’est de réussir dans la vie, d’être comme tout le monde. » Des souhaits en rien différents de n’importe quel adolescent de 15 ans et pourtant, il ne faut pas oublier qu’une des caractéristiques principales de l’autisme, c’est une interaction sociale et une communication difficile. Pour Guido, c’est dur de faire le premier pas, d’aller vers les autres, et il a parfois l’impression d’être à l’écart à cause de cette difficulté.
«Il ne faut pas nous [les personnes autistes] ignorer».
En plein effort de compétition.
Les conseils qui lui apportent la psychologue qui le suit lui sont bénéfiques, car ils lui permettent d’appréhender le monde différemment, plus sereinement, et de lui donner de simples astuces ne serait-ce pour aborder de nouvelles personnes. Optimiste et battant, chaque petite victoire est un souffle d’espoir pour cet adolescent plein d’ambitions qui ne laissera pas l’autisme lui empêcher d’atteindre son but.
Lotte KOERHUIS
n° 21109236
Publication : SantéMagazine