Avec 860 000 adhérents, la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT) est la première force syndicale en France en nombre d’adhérents. C’est dans les locaux, rue Bolivar dans le 19ème arrondissement de Paris que nous reçoit Jean-François Renucci, 53 ans, secrétaire général de la branche Chimie Energie, qui représente des salariés issus de multinationales telles Total, Michelin ou encore L’Oréal.
Défendre l’intérêt des autres, une vocation ?
On entre dans le syndicalisme ni par hasard, ni par vocation. Jean- François Renucci débute sa carrière comme agent clientèle chez EDF, en 1982 à Montreuil, dans la banlieue parisienne. Ses premiers pas dans le syndicalisme, il les fait dès 1984, quand, impactés par l’essor des nouvelles technologies, son emploi et ceux de ses confrères sont menacés. Il sauvera finalement 400 emplois sur plateforme du service client, sur les 700 suppressions initialement prévues. C’est le début d’un militantisme qui dure depuis 30 ans. « Même si je n’étais pas indifférent aux questions sociales, à 20 ans, ce n’est pas ce qui me préoccupait le plus ; c’est pourtant à cet âge-là que j’ai dû commencer à défendre mes intérêts ». Il passera ensuite par le poste de secrétaire général des syndicats CFDT d’EDF avant d’endosser plusieurs responsabilités des branches du secteur Chimie-Energie. En 2010, il en devient le secrétaire général, tout en exerçant des mandats à l’international.
Le puzzle syndical en France
A son poste de secrétaire général depuis 2010, il nous avoue qu’aujourd’hui, l’émiettement syndical dessert plus qu’il ne sert la cause des employés, surtout quand à peine 8% d’entre eux sont syndiqués. Quand on lui pose la question sur la représentativité des syndicats dans les médias, il confie : « les médias cherchent du spectaculaire, ils vont mettre en avant les actions coups de poing, ils vont là où se trouve le spectacle et pas forcément vers les résultats ». Pour lui, l’objectif n’est pas d’être dans une éternelle contestation des décisions, mais dans un dialogue permanent pour trouver des solutions profitables au plus grand nombre, d’autant plus que dans un avenir proche, les syndicats seront forcés de se regrouper pour continuer d’exister et d’être invités à la table des négociations. La CFDT étant le syndicat majoritaire dans la pharmacie, la chimie, dans la navigation de plaisance et deuxième dans la plupart des autres secteurs, nul doute qu’il fera encore longtemps partie du paysage syndical français et international.
« L’émiettement syndical en France n’est pas favorable aux intérêts des salariés »
Une implication au-delà des frontières
On l’oublie souvent, mais défendre les droits d’autrui ne se joue pas qu’au niveau national. Ainsi, parallèlement à son parcours en France, Jean François Renucci se voir attribué des fonctions européennes. En devenant directeur général de l’association ASCOOMED en 2008, il gère les relations intersyndicales européennes du bassin méditerranéen. Sur ce point, il nous confie « J’ai été très fier de mettre en place ces passerelles internationales, qui ont permis une vraie coopération sur des questions sociales et économiques européennes, c’est une vraie réussite », puis d’ajouter « On l’oublie souvent, mais il y a des pays où les salariés sont bien plus mal traités qu’ici… ». Il est donc de notre rôle d’accompagner ces pays là vers le dialogue syndical.
Et les étudiants, concernés ou pas ?
« Les combats sociaux menés pour le monde professionnel et le monde étudiant sont souvent les mêmes »
Père deux enfants, il anime de temps à autre des conférences professionnelles dans les universités et organismes de l’éducation national. S’il lui parait légitime que les jeunes délaissent le syndicalisme « Ils ne sont pas encore professionnels, donc pas les premiers concernés » il considère que : comment obtenir un logement, comment encadrer les contrats de travail, se battre pour le maintien des bourses etc. « Tout cela couvre évidemment l’action syndicale, mais ce ne sont pas les mêmes interlocuteurs ». Quant à savoir s’il sera toujours présent d’ici à 10 ans, il nous répond sincèrement : « Il faut savoir passer le relais, c’est aussi une des forces du syndicalisme, laisser la place aux autres, plus particulièrement aux jeunes, d’ou la volonté de les impliquer dès aujourd’hui. Par contre, je serai toujours militant ».
Alexis Elbaz
ID Etudiant : 21001945
Publications visées : médias étudiants (letudiant.fr) ou les sections « sociales/sociétales » de quotidiens comme Le Monde.