Le logement à Paris est un des problèmes que rencontre n’importe quelle personne voulant s’installer dans la ville. C’est aussi un des sujets incontournables qui hante l’esprit des étudiants pendant de longs mois. Il l’est encore plus quand l’étudiant est étranger, sans famille ni contact en France.
« Cette affaire de logement a failli me dégouter de Paris », trois mois que Achraf 22 ans, étudiant étranger à l’université Pierre et Marie Curie, cherche un logement. Grâce au contact d’un cousin il est enfin installé dans un studio à Aubervilliers, mais son parcours est un vrai parcours de combattant. Comme pour un peu près tous les étudiants qui débarquent à Paris le logement reste un problème majeur, d’autant plus quand il s’agit d’étudiant étranger.
En octobre dernier, une étudiante italienne se fait expulser de son 4 m² qu’elle payait au noir. L’affaire a fait du bruit dans la presse, mais cette étudiante n’est pas un cas isolé, « avant je payais 300 euros pour un 7 m², au noir, le propriétaire voulait éviter les impôts » nous précise Achraf. Dans son 7 m² ni douche ni toilette, des installations insalubres et un lavabo qui ne marche pas.
Achraf a passé trois mois dans ce logement, et pourtant il nous précise « toutes les personnes que je connais ici à Paris n’ont pas cessé de me répéter que je devrai m’estimer heureux », heureux parce qu’il y a bien pire, des étudiants qui ne trouvent pas de logement qui débarque à Paris et qui passent de sous-location en sous-location ou bien qui se font héberger par des amis, c’était le cas de Frank, étudiant péruvien. À 26 ans Frank voulait venir à Paris parce que « c’est la capitale de la culture », il a passé plusieurs concours au Pérou et un entretien pour avoir une bourse logement, mais quel fut sa surprise quand arrivé à Paris, il est obligé de passer plusieurs nuits à l’hôtel. « Au Crous (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires) on m’a dit que ma chambre n’était pas disponible et qu’il fallait attendre », Frank fini par contacter une amie qui l’héberge pendant quelques semaines, « à un moment j’ai failli laisser tomber le Crous j’ai commencé à chercher dans les petites annonces, mais personne ne voulait de moi j’étais étranger », au bout d’un mois et en allant deux à trois fois par semaine au Crous il finit par avoir sa chambre. À son arrivé en France, Frank ne connaissait personne. Et pourtant, toutes les annonces qu’il trouvait sur internet lui demandaient un garant français. Achraf aussi était dans la même situation « s’il n’y avait pas mon cousin je crois que je serais toujours en train de chercher un logement », en effet c’est lui qui s’est porté garant pour lui.
Malgré tout certaines mesures sont mise en place, depuis la rentrée le gouvernement a généralisé la « Clé », la caution locative étudiante, 1 700 étudiants seulement en bénéficiait en 2013. Il faut faire une demande auprès du Crous pour y avoir accès, seulement cette caution est fixée pour un logement de maximum 700 euros par mois, dans une ville où les loyers vont très souvent bien au-delà. L’autre initiative gouvernementale c’est celle contenue dans la loi ALUR, proposé par l’ex-ministre du logement Cécile Duflot, et qui porte sur l’encadrement des loyers, celle-ci devait être appliquée à l’ensemble du territoire, mais après un rétropédalage du gouvernement, elle ne sera testée que dans l’agglomération parisienne à titre expérimental. Si les autorités prennent toute juste conscience de l’urgence qu’il y a à encadrer le logement, spécialement à Paris, les marchands du sommeil eux exercent dans l’impunité, profitant de la précarité et des situations des personnes.
Ali Zarki
Source photo : Flickr Creative Commons Guirec LEFORT
Publication : L’etudiant Magazine, L’etudiant Autonome, Liberation.