Dimanche 13 Avril, près du centre-ville de La Haye, ville d’influence internationale. Il est 13h quand notre hôte nous invite à goûter un thé à la menthe qui fait voyager. Originaire des pays du soleil couchant, Donia Serena est marquée par une enfance bercée par la musique orientale : « petite déjà, je me déhanchais sur des musique orientales que ma nanny ou ma grand-mère écoutaient chez elle ». Mais à cette époque la danse orientale n’est pas encore une ambition, pas même une éventualité mais un plaisir simple et naturel.
La Haye est une ville d’union des nations, siège de la Cour internationale de justice et de la Cour pénale internationale. Pourtant, la pluralité culturelle de ses habitants est moindre par rapport aux quartiers populaires de Paris dans laquelle a grandi la jeune femme. « l’envie d’exercer la danse orientale m’est venue quand j’ai quitté les quartiers multiculturels de Paris pour m’expatrier vers les Pays-Bas où la communauté arabe est mal représentée »
La danse orientale prend alors place dans sa vie, pour renouer avec un environnement perdu, symbole de racines que l’on ne veut pas oublier.
Quand la danse prend le pas sur la science
Rien ne laissait présager la naissance de cette passion et sa professionnalisation.
Dès son plus jeune âge, Donia Serena se passionne en réalité de cosmologie et répond vouloir devenir astrophysicienne à ceux qui la questionnent sur ses projets d’avenir. Après une Licence de Sciences et technologies mention Physique fondamentale à Paris, elle effectue une première année de Master à l’université Queen Mary de Londres en astronomie et astrophysique puis se réoriente finalement dans un Master en outil et système de l’astronomie et de l’espace. Dans le cadre d’un stage à l’Agence spatiale européenne, elle s’expatrie aux Pays-Bas, et commence une toute nouvelle vie. Elle enchaine alors les petits boulots en tant que professeur particulier avant d’obtenir un poste de professeur de technologie en contrat local aux Pays-Bas
« J’ai toujours une petite appréhension que mes élèves découvrent ma double vie, mais c’est un jeu attrayant »
Elle va alors mener de front son travail, celui qui la « fait vivre » et son métier, « ce que je sais faire » nous confit-elle, la danse orientale.
La danse orientale après avoir été un hobby pendant quelque temps, devient rapidement un métier à part entière grâce à des rencontres qui se sont révélées être un moteur de carrière. « En l’espace de quelques mois, je suis apparue sur plusieurs scènes et l’on m’a demandé d’enseigner et de me produire comme « professional entertainer » pour différents évènements. ». Elle consacre alors 20h par semaine à la pratique de la danse orientale, entre la dispense de cours, la prise de cours, et la participation à des shows et représentations. En parallèle, elle enseigne la technologie 19h par semaine aux lycéens de l’Ecole française de La Haye. « La danse à une place centrale dans ma vie » nous dit-elle. Mais elle n’élude par les difficultés liées à cette vie active hors norme.
« Lorsque vous enseignez a des adolescents vous faites figure d’autorité, il est hors- de question de mêler de quelconque façon mon travail et mon métier. J’ai toujours une petite appréhension que mes élèves découvrent ma double vie, mais c’est un jeu attrayant. »
Aujourd’hui, elle déclare que son unique regret est de ne pas avoir effectué de doctorat en cosmologie. Ses distances avec le milieu scientifique n’ont pas seulement été motivées par sa passion pour la danse mais également par les contraintes financières et la nécessité d’avoir un emploi rémunérateur. « Il est de plus en plus difficile d’obtenir du travail de nos jours et toute offre est bonne à prendre. J’aurais aimé faire un doctorat malheureusement quand on doit gagner de l’argent, ce n’est pas la meilleure solution. »
Globalement satisfaite de la tournure inattendue qu’a prise sa vie professionnelle, elle ne manque pas de redoubler d’ambition. Parmi ses projets on peut citer l’ouverture d’un centre culturel pour les Arts du Monde Arabe et du Moyen Orient qui accueillera aussi une école de danse. Quand on lui demande de se projeter dans le futur, elle nous confie alors son espoir « j’aime à m’imaginer dans quelques années aux cotés de grands noms de la danse orientale et sur des scènes internationales. »
Lilia El Boudali
photo : facebook @doniaserena