Le Salon de l’homme : portrait robot du masculin au XXIe siècle

Le Salon de l’homme : portrait robot du masculin au XXIe siècle

Le Salon de l’homme : portrait robot du masculin au XXIe siècle

Le Salon de l’homme : portrait robot du masculin au XXIe siècle

À l’heure où le musée du Louvre ferme pourtant ses portes, une immense file indienne se forme du Carrousel jusqu’à la pyramide inversée, ce jeudi 26 novembre. La Joconde a de quoi être jalouse car ces centaines de dandys et baroudeurs ne viennent pas la voir elle mais pour le vernissage du Salon de l’homme.

Après avoir réuni plus de 10 000 visiteurs l’an dernier au Palais de Tokyo à Paris, ce rendez-vous dédié aux plaisirs masculins investit pour sa deuxième édition du 27 au 29 novembre avec plus de 70 exposants le Carrousel du Louvre. Un autre grand lieu de l’art donc pour cet événement qui sait faire le pont entre culture et commerce, héritage et modernité, pour saisir une identité masculine plus questionnée que jamais.

Le Salon de l’homme : portrait robot du masculin au XXIe siècle

Le Salon de l’homme : portrait robot du masculin au XXIe siècle (© Anthony Vincent)

Des marques dynamiques plutôt qu’historiques
Dans ce cabinet de curiosités géant du XXIe siècle fondé par Caroline Clough-Lacoste se détachent plusieurs stands de marques luxueuses, dont aux premières loges les prestigieux horlogers Boucheron, Vacheron Constantin, ou encore Brüggler.

Des professionnels proposent même des cours d’initiation à l’horlogerie. Des montres à complications côtoient des smart watches comme celles de Huawei, constructeur chinois en train de se tailler une place entre Apple et Samsung dans l’univers des technologies.

« Rare accessoire que l’homme peut se permettre d’exhiber, la montre informe sur un statut social », analyse un tenant du stand Huawei. « Porter une montre connectée ne renvoie pas le même message que si l’on portait une traditionnelle Rolex ou TAG Heuer » poursuit-il. L’absence éloquente de ces deux pontes de l’horlogerie donne justement une meilleure idée des marques sélectionnées par le Salon de l’homme : moderne et dynamique, plutôt qu’historiques ou puissantes.

Horlogers et tailleurs sont réunis au Salon de l'homme

Horlogers et tailleurs au Salon de l’homme (© Anthony Vincent)

Plus loin, les maîtres-tailleurs Cifonelli délivre leurs conseils pour faire preuve de sprezzatura, cette élégance nonchalante typiquement italienne. Les dandys en costume trois pièces du salon s’y bousculent pour écouter les préceptes de cette maison proposant des costumes sur-mesure depuis 1880.

Également présent, le géant du e-commerce de mode de luxe MrPorter expose différentes sélections d’articles pour que chaque homme essaye le style qui lui correspond. « Beaucoup d’hommes sont des geeks du vêtement. Ils veulent tout savoir sur ce qui fait un bon jean ou un cuir d’exception » analyse un exposant de maroquinerie juste à côté.

Les nouveaux codes de la masculinité
En plus de leurs envies mode, les hommes peuvent aussi faire le plein de nouveautés cosmétiques. « On parle de grooming plutôt que de beauté pour mieux caresser dans le sens du poil ces messieurs » nous souffle un barbier présent pour offrir ses prestations traditionnelles aux curieux.

« En plein essor, le marché de la beauté masculine correspond à une évolution des mentalités. Les hommes ne sont plus complexés à l’idée de cultiver leur look et leur corps. Ils passent de plus en plus de temps au rayon cosmétique » explique-t-il.

La marque française Clarins l’a bien compris en développant sa ligne Men. « J’avais peur que tous ces produits soient parfumés, mais ils n’ont pas d’odeur » s’étonne Marc, visiteur de 60 ans à demi endormi entre les mains expertes d’une démonstratrice qui lui masse le visage avec un soin anti-âge.

Voitures, motos et vélos de demain au Salon de l'homme

Voitures, motos et vélos de demain au Salon de l’homme (© Anthony Vincent)

Le Salon de l’homme se ponctue également de stands de voitures de course, de motos tout terrain, mais aussi de vélos connectés comme ceux de Trefecta. La start-up hollandaise conçoit des e-bikes entièrement personnalisables munis d’un moteur électrique et d’une batterie en lithium ultra légère.

Au cœur de cet événement de trois jours, les véhicules de demain jouxtent des exposants de mode, de beauté, d’horlogerie ou de cognac, qui dressent tous ensemble le portrait robot de l’homme du XXIe siècle. Bien dans sa peau et ses baskets, il va au travail à vélo en costume demi-mesure, assume sa part de féminité et sait apprécier savoir-faire séculaire et innovations technologiques. Loin des clichés, le Salon de l’Homme définit donc une masculinité complexe, éminemment moderne.

Anthony Vincent

Publication envisagée : 

Pour le site de GQ, magazine masculin mensuel s’adressant à des hommes entre 20 et 60 ans, plutôt CSP+. Après avoir annoncé en amont cet événement dans un article, on peut publier tout au long du week-end des photos du Salon de l’Homme sur les réseaux sociaux qu’on aura prise le jeudi lors de la soirée presse.

Une fois publié en ligne, l’article peut être partagé sur les réseaux sociaux, notamment accompagné d’une vidéo teaser d’une quinzaine de secondes (durée compatible avec Instagram) pour plonger les lecteurs dans l’ambiance du Salon et leur donner envie de lire l’article et de se rendre à la troisième édition de ce nouveau rendez-vous masculin.

« La mode retrouvée », dressing d’une femme d’exception au Palais Galliera

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Palais Galliera – La mode retrouvée © Jessica Dufour

Muse, femme d’influence et véritable symbole de beauté et de l’élégance parisienne, la Comtesse Greffulhe est au coeur d’une exposition pour la première fois, au Palais Galliera. « La mode retrouvée » est tant un voyage dans une garde-robe éblouissante que dans sa vie d’aristocrate française.

L’exposition, du 7 novembre 2015 au 20 mars 2016, présente une cinquantaine de modèles. Robes de jour et du soir, tenues d’extérieur mais aussi manteaux de grands créateurs – comme Worth, Lanvin ou encore Babani – seront exposés dans quatre espaces différents.

En femme d’exception, l’attention qu’apporte la comtesse à sa toilette se manifeste aussi dans ses accessoires exposés. Toute la galerie est du musée y est dédiée tant certains lui étaient indispensables. Y seront aussi présentés exceptionnellement les gilets de son mari et des robes de sa fille.

Des pièces, parfois uniques, issues de donations successives – huit en tout- depuis 1964 d’héritiers et descendants de la comtesse Greffulhe au Palais Galliera. De véritables trésors donc, qui constituent un des plus importants fonds du musée.

Loin de la simple exposition de mode, le visiteur côtoie de véritables témoins non seulement de l’histoire de la mode puisque la comtesse vécut durant la Belle Époque et les Années folles : deux périodes phares.

Mais aussi de la littérature avec la figure de Proust. Fasciné par la beauté de cette femme, l’écrivain ira jusqu’à s’en inspirer pour créer le personnage de la duchesse de Guermantes dans son célèbre roman À la recherche du temps perdu. Dans un de ses échanges épistolaires il dira même qu’ «aucun élément n’entre en elle qu’on ait pu voir chez aucune autre ni même nulle part ailleurs. Mais tout le mystère de sa beauté est dans l’éclat, dans l’énigme surtout de ses yeux. Je n’ai jamais vu une femme aussi belle.».

 

Palais Galliera – La mode retrouvée © Jessica Dufour

Palais Galliera – La mode retrouvée © Jessica Dufour

 

Une femme éprise de liberté

Une sélection de portraits, photographies mais aussi films retracent sa vie d’aristocrate éprise de liberté. En dépit des contraintes de sa classe à l’époque, la Comtesse Greffulhe tient de nombreux salons mondains et fonde la Société des grandes auditions musicales entre autres. Fortement engagée, on se rappelle surtout d’elle pour son soutient dans ses actions au capitaine Dreyfus, Léon Blum mais également au Front populaire et à la République.

« L’exposition se veut libre, un peu comme l’esprit de cette femme (ndlr : la comtesse Greffulhe) », nous explique Béatrice Abonyi, scénographe de « La Mode Retrouvée ».

Pénétrer dans l’exposition c’est découvrir deux visages de cette grande dame du Tout-Paris. Un premier visage public, avec une partie de sa garde-robe où les motifs et les couleurs sont très prononcés. D’un autre côté, le visiteur découvrira un visage plus intime mêlé de mélancolie. En guise d’introduction, son testament tracé sur le mur. Un texte écrit par la comtesse encore toute jeune et où y est dépeint la garde-robe qu’elle souhaite lors de son enterrement.

Toute sa vie, chacune de ses apparitions fut le motif à une mise en scène bien spécifique. Une idée qu’à voulu reprendre la scénographe. « Là on est vraiment dans dû théâtrale. On a voulu recréer des ambiances d’antan. L’idée était de faire un musée dans le musée. ». Une manière de rendre hommage comme il se doit à cette femme d’un autre genre.

 

Jessica DUFOUR

Le salon de Créations et Savoir-Faire fête sa 20ème édition!

Le plus grand salon de Créations et Savoir-Faire s’est déroulé du 18 au 22 novembre 2015 Porte de Versailles à Paris. Offrant une vraie découverte des nouvelles créations de l’année.

 

Le salon de Do It Yourself, Création et Savoir-Faire en partenariat avec le magazine Marie Claire a été réalisé au parc des expositions de Paris à Porte de Versailles. C’était l’événement révélateur de tous les tendances DIY de l’année 2016. De nombreux ateliers et animations a étaient mis en place pendant ces cinqs jours pour rencontrer avec les passionnées des loisirs créatifs.

Pour la 20ème édition du salon, on avait la participation de 350 exposants formé par des marques connus mais aussi des petits créateurs qui souhaitaient avoir un stand. Le salon s’adresse à tout public, du plus petit au plus grand, à tous les gens qui sont interessés par la création et le savoir-faire.

Cette année, le salon a proposé sept univers: le coin d’aiguilles et tradition avec du tricoter à crocheter et l’arts du fil, le coin de tendances mode et customisation avec des machines à coudre, le coin de papiers, scrap et couleurs avec différents supports de papier, le coin de maison créative et idées brico avec des idées de décoration, le coin d’idées gourmandes et festives avec des ateliers culinaire, le coin de village de Noël avec des idées de nouvelle création et le coin de village enfants avec des nouveautés spéciales pour les enfants.

Le salon de Créations et de Savoir-Faire est le plus grand workshop d’Europe avec plus de 500 ateliers créatifs proposés. On peut constater que le DIY est un marché qui devient de plus en plus important, plusieurs personnes commencent à investir. Les bloggeuses et les youtubeuses en utilisent très souvent dans leurs sites, suivant les tendances et les demandes de leurs lecteurs et consommateurs. Ces loisirs créatifs invitent les gens a utiliser davantage leur créativité et a personnalisé leur propre environnement avec des idées rénovatifs. Les loisirs créatifs sont aussi principalement une manière de se détendre en s’amusant avec sa créativité.

L’idée étant de créer, d’imaginer, de réaliser et d’apprendre à faire soi-même. Les créations faient rêver le public. Le large choix de thématique attire les gens qui veulent savoir les tendances et plus souvent les jeunes filles, les femmes et les mamans. Elles vient souvent avec des amies et partagent une journée de créativité tous ensemble. Les nouvelles tendances les interessent à coeur, elle veulent apprendre et être capable de le faire elle-même à la maison. Le salon est un lieu de partage et aussi l’adresse parfaite pour trouver des cadeaux et des décorations de noël, la date étant pas loin du tout. Un village de Noël est présent exceptionnellement cette année.

Ces cinqs jours les visiteurs étaient beaucoup interessés par les animations appartenant aux différents thématiques du salon. Ils ont eu lieu tous les jours à plusieurs horaires. Dans les animations culinaires, les chefs proposaient de nouvelles recettes pour de nombreuses occasions comme les fêtes, les jours spécials ou les anniversaires. Les visiteurs étaient très passionnée par les nouveaux recettes des chefs. Entre les univers, on pouvait aussi trouver un village Do It Yourself kids qui était fait que pour les enfants. Les parents ont eu l’occasion de trouvé des nouvelles idées de création à faire pour ou avec leurs enfants.

Le salon a eu un grand succès, il y avait plus de visiteurs par rapport à l’année dernière. Nous pouvons constater que tous les ans, ils ont de plus en plus de participants ce qui permet d’apporter des nouveautés aux thématiques. Grâce aux partenariat de Marie Claire, ils sont toujours au courant des tendances qui changent tous les années. À présent, le salon de Créations et Savoir-Faire n’a aucun concurrent et il est le seul salon DIY de la France, ce qui renforcent son succès et sa popularité.

Nous souhaitons une bonne continuation et espérons de le revoir en 2016 avec impatience! En attendant, on va tout de suite créer les nouvelles objets qu’on a appris à faire ce weekend.

 

Emine Akarca

Photo: http://www.creations-savoir-faire.com

 

L’Habibliothèque : un nouveau concept mode 2.0

Du nouveau dans le quartier du Marais à Paris : l’Habibliothèque révolutionne le monde du prêt à porter féminin. Dans ce nouveau lieu mode qui fait parler de lui, les vêtements s’empruntent à l’image de livres dans une bibliothèque. Ce n’est plus seulement une boutique mais un concept online.

 

 portrait

Ce concept store est développé par Aurélie, Anahi et Alizé : trois sœurs « passionnées de mode et de nouvelles tendances », comme le déclare l’une des cofondatrices Aurélie 25 ans. L’idée était de « ré-enchanter l’expérience shopping, de développer une nouvelle façon de consommer la mode » nous explique t-elle. Cette idée leur est venue après avoir vu une bibliothèque de vêtements vintage suédois «Lanegardenroben» lors de la Fashion Week de 2012.

Ces dernières ont voulu l’importer et mixer « ce concept avec (leurs) propres expériences » avec notamment une bibliothèque 2.0 pour répondre aux nouvelles attentes comme nous l’explique Aurélie. Avant d’ouvrir ses portes, l’Habibliothèque est née sur des plateformes de financement de projet comme KissKissBankBank. Cette méthode a permis de financer mais aussi de communiquer en amont du projet. Cette communication et la communauté des Business Angels qui les ont suivies tout au long du projet sont aussi une des raisons de la réussite de cette révolution mode.

L’Habibliothèque regroupe sur ses étagères « les créateurs, et les pièces que nous estimons les plus mode de la saison » déclare la responsable de communication. L’objectif de l’Habibliothèque est de faire connaître de nouveaux designers, de faire tester des produits avant des les acheter et de rendre plus accessible des pièces de créateurs. Pour cette saison automne-hiver 2014, 24 créateurs sont présents allant d’entreprises renommées comme Cacharel à des marques moins connues comme Maid in Love ou Poe. Toutes les créations sont neuves et proviennent des collections en cours dans les magasins. Chaque saison les collections sont renouvelées afin de suivre les tendances. Les pièces sont des vêtements féminins allant de la taille 36 au 44, mais aussi des accessoires comme des sacs ou des bijoux.

Pour pouvoir emprunter les créations il suffit de choisir parmi trois formules d’abonnement. Les tarifs sont dégressifs : il faut compter pour un mois d’abonnement 50€, pour six mois d’abonnement 40€ par mois et pour un an d’abonnement 30€ par mois. Une fois le forfait choisi, les modeuses peuvent sélectionner au maximum trois vêtements pour une durée de dix jours et chaque pièce empruntée coûtera 5€.

Mais l’Habibliothèque c’est surtout une bibliothèque 2.0 avec le site en ligne : www.lhabibliotheque.com qui permet d’ouvrir ce concept à toute la France. Ce concept online est une des clefs de réussite de cette bibliothèque. Le principe et la tarification sont identiques. « C’est vraiment facile pour la cliente » nous explique Aurélie. L’emprunteur fait son choix en ligne et, une fois validé reçoit sa box sous 48 heures. Après les 10 jours de location le retour est gratuit grâce à un coupon prépayé à l’intérieur du colis.

Bien sûr si une des modeuses craque pour une des pièces proposées par l’Habibliothèque il existe une possibilité d’achat. En effet, toutes les pièces des créateurs sont en vente sur le e-shop de l’Habibliothèque avec des rubriques pour aider les clientes à choisir leurs vêtements comme « Grazia Love » ou « Vos coups de cœur ». Les abonnés peuvent bénéficier dans ce cas là d’une remise exceptionnelle de 15%.

L’Habibliothèque a d’ores et déjà réussi son lancement avec un quota d’abonnés rempli et un très bel accueil par le public. Pour l’avenir, les trois fondatrices souhaitent se concentrer sur « le développement et l’amélioration » du service online pour mieux étendre à toute la France cette nouvelle expérience shopping.

 

Découvrez l’Habibliothèque :

61 Rue de Saintonge 75003 Paris

Horaires d’ouverture : du mardi au dimanche du 10heures30 à 19heures30.

Ou via le e-shop : www.lhabibliotheque.com

 

Mélanie Silvestri

Publications envisagées : Elle, Grazia, ou autre hebdomadaire féminin

Photo de l’Habibliothèque : Margaux Anquetil

Source : Aurélie Nguyen

Les Fraudeurs : Portrait d’un jeune créateur d’une marque « politiquement incorrecte » …

Créateur de la marque de vêtements Les Fraudeurs

Créateur de la marque de vêtements Les Fraudeurs

A seulement 22 ans, Kévin Muluba, étudiant en infographie et multimédia, n’avait rien d’un fashionista. Pourtant, c’est une photo mythique de l’ancien Président de la République Française Jacques Chirac resquillant le métro parisien qui l’inspira à créer sa propre ligne de vêtements « Les Fraudeurs » . Ni politicien ni mordu de mode, Kévin a su imposer sa marque urbaine très hype auprès d’une jeunesse parisienne à la fois dynamique et insouciante dans un contexte où la fraude des transports publics fait parler d’elle dans l’actualité française …

Originaire de banlieue parisienne, Kévin ne s’est jamais tracé l’itinéraire d’un styliste. Après avoir obtenu son BEP maintenance, il passe un bac professionnel « conception industrielle informatisée » et intègre une prépa en infographie et multimédia. Après une courte pause durant laquelle il exerça en tant que salarié chez Boulanger (commerçant spécialiste en multimédia),  il poursuit ses études en conception industrielle dans une école parisienne. Néanmoins sensiblement attiré par les nouvelles tendances de la culture urbaine, c’est en 2010 que l’idée d’entrepreneuriat traverse son esprit, inspiré par l’ingéniosité et le savoir faire de la marque Black Boy Place (BBP).

« Ils ont vraiment été une source d’inspiration pour moi et j’ai aimé le concept mais à cette époque, je n’avais pas encore trouvé l’idée qui allait se différencier de la marque BBP … »

Il laisse donc de côté cette idée de création de ligne de vêtements jusqu’en 2013 où il découvre sur Twitter cette fameuse image de Jacques Chirac fraudant le métro en sautant par dessus le portique. Réputé comme étant un homme de pouvoir audacieux, un brin canaille et qui ne mâche pas ses mots, Jacques Chirac apparaissait comme l’égérie idéale pour représenter Les Fraudeurs.

Visuel de l'imprimé du Tee shirt "phare" de la première collection de la marque Les Fraudeurs.

Visuel de l’imprimé du Tee shirt « phare » de la première collection de la marque Les Fraudeurs.

Lancer une ligne de vêtements n’est pas chose facile. En tant que jeune étudiant, il lui a fallu trouver des fournisseurs financièrement accessible et témoignant d’un certain savoir faire pour participer à la conception des tee shirts imprimés. Mais il ne s’agit pas seulement de contraintes financières : faire connaître une toute nouvelle marque de vêtement et se faire une place parmi tous ces jeunes créateurs parisiens en quête de notoriété n’est une mince affaire. Il lui a fallu s’entourer de bonnes personnes et avec l’aide de son associé et ami Nicolas, Kevin a su mettre toutes les chances de son côté sur les réseaux sociaux et en misant sur le bouche à oreille pour relever le défi.

A deux, ils se lancèrent dans cette fougueuse aventure été 2013, sans que leurs proches ne se doutent de rien et ils mettent en place la toute première collection SENSEI CHIRAC sortie en septembre dernier.

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« La mode est un cycle. Pour se démarquer, il faut innover dans la présentation de son idée. Pour moi il était indispensable d’avoir un concept original qui touche tout le monde. Tout le monde fraude plus ou moins, que ce soit dans les transports en commun, pour les impôts ou la sécurité sociale … C’est un peu un reflet de la société actuelle, présenté sur un ton humoristique »

Un concept original qui parle à tout le monde et qui a de quoi s’imposer sur la scène de la mode parisienne.. Toutes les cartes sont en main. Pourtant, Kévin ne s’est jamais pris au sérieux et ne se qualifie pas comme étant un créateur ou un styliste. En effet, ce jeune passionné d’art urbain, quelque peu sensible à la culture américaine (musique, mode de vie …) reste simple et fidèle à lui même sans chercher à se créer une vocation à proprement dit.

« Créer sa marque, certains le font par effet de mode. La mode est à la mode ! Moi je cherchais juste à concrétiser une idée que je trouvais amusante. C’est une façon d’exprimer ma créativité mais je ne m’identifie pas à travers la haute couture »

C’est un défi plus que relevé puisque la jeunesse parisienne s’est reconnue dans cette idée décalée et s’est empressée de s’approprier ces tee-shirts et sweats imprimés.

Alors que Les Fraudeurs sont en plein lancement de leur nouvelle collection printemps/été, le gouvernement français publie une étude expliquant qu’aujourd’hui plus d’un usager des transports publics sur deux certifie ne pas toujours payer son titre de transport. Le coût de cette fraude généralisée s’élèverait à 500 millions d’euros par an. Mais pour Kévin, frauder n’est pas un délit mais une alternative bel et bien justifiée par le coût du titre de transport.

« Je n’incite pas les personnes à frauder mais je trouve assez amusant cette chasse à l’homme permanente entre les contrôleurs et les fraudeurs. C’est une marque à prendre au second degré et je ne pense pas que la fraude des transports en commun soit un facteur majeur qui affecte la finance française. On parle assez peu des détournements de fonds par les hommes politiques par exemple… Personnellement, je préfère payer de temps en temps une amende de 30 à 80€ qu’un pass navigo qui me couterait 113€ par mois. »

Plutôt téméraire que conventionnelle, la marque Les Fraudeurs  ne recule devant aucune opportunité pour se faire voir. Kévin et son associé Nicolas établissent tout au long de l’année un maximum de sponsoring avec des partenaires. Ils ont ainsi pu présenter en avant-première, lors d’une soirée étudiante parisienne rassemblant plus de 300 personnes, la collection « NO TICKETS, CHIRAC PASS »  (disponible depuis 20h sur la boutique en ligne)

Les Fraudeurs lors de la soirée Linkers Party le vendredi 7 mars 2014.

Les Fraudeurs lors de la soirée Linkers Party le vendredi 7 mars 2014.

Les Fraudeurs semble avoir un avenir plus que prometteur. Originale, insolente et décalée …  Kévin peut être fier de sa marque si représentative de la jeunesse parisienne qui présente tous les atouts pour être placée dans les concept store de la ville-lumière … Affaire à suivre de très près !

Aïcha Makabu

Une photographie de mode qui crée le scandale

ImageDasha Zhukova posant pour le site russe Büro 24/7

Allégorie du racisme…

Miroslava Duma, figure incontournable des Fashion Weeks et créatrice de son propre site Büro 24/7 a fait appel à l’une de ses consœurs pour une interview le mardi 20 janvier 2014. Afin d’illustrer cet article, Dasha Zhukova, rédactrice en chef du magazine de mode Garage a posé sur une chaise représentant une femme noire dos au sol, les jambes repliées sur son buste. La « femme-chaise » est représentée comme étant pliée en deux et portant littéralement la journaliste de mode et mécène. S’il ne s’agit que d’une simple photographie, la position de soumission et le message qu’elle renvoie n’en est pas moins dégradant et soulève de nombreux questionnements.

Est-ce là une représentation de la suprématie blanche sur le peuple noir ?

La photographie de la compagne du milliardaire russe Roman Abramovitch a immédiatement créé la polémique, générant l’indignation des internautes aux critiques très virulentes sur les réseaux sociaux. Les critiques sont d’autant plus fortes et justifiées dans la mesure où la date de sortie du magazine coïncide avec le Martin Luther King Day, jour de la commémoration du leader de la lutte pour les droits civiques du peuple Noir américain, en faveur de l’égalité pour tous et de la tolérance. Pour la majorité des indignés, cette photographie a eu l’effet d’une bombe, représentant un appel au racisme.

L’art contemporain peut-il tout se permettre ?

De plus, la chaise réalisée par l’artiste norvégien Bjarne Melgaard soulève elle aussi de nombreuses questions. En effet, les œuvres de ce dernier réduit la Femme à l’état de femme-objet. D’autant plus que, l’objet en question représente une femme dévêtue et fortement provocatrice ; seins nus, ne portant qu’un mini short, de longs gants noirs et des bottes moulantes à talons aiguilles. Ce fauteuil de la discorde est classé comme faisant partie des arts provocateurs et favorisant le sexisme.

… ou mauvaise interprétation

Cependant, un journaliste du quotidien britannique The Guardian estime que la chaise en question n’a nullement un caractère raciste et vise à dénoncer la société de consommation. Selon lui, l’artiste Bjarne Melgaard a voulu rendre hommage à l’artiste pop britannique Allen Jones (1969) en donnant à son siège un côté plus sulfureux.

Suite à ce scandale, Claire Sulmers de Fashion Bomb Daily, affirme qu’il existe une version « blanche » de cette chaise. Cette annonce apaise quelque peu les tensions. Toutefois, la question du sexisme demeure, ainsi que les interrogations concernant le message que cherche à véhiculer la célèbre journaliste de mode.

De son côté, Dasha Zhukova affirme selon l’Evening Standard que « la photo a été publiée complètement hors de son contexte, et fait partie d’un travail artistique visant précisément à interroger sur les politiques raciales et sexisme ». Elle ajoute qu’elle « abhorre le racisme » et présente ses « excuses à quiconque a été offensé par cette image ».

Image

La série de « meubles » Table, Chair, Hatstand (Chaise, Table, Porte-manteau) d’Allen Jones

Jennifer Gace, Licence 3 Information et Communication

Publication : Le Figaro, Le Point, Le Nouvel Observateur, Libération

Vide dressing entre copines

 

En route pour le Vide-Dressing de Violette Sauvage !

Moi qui aime me considérer comme une « modeuse », je me devais de m’intéresser à un événement touchant au monde de la mode. Et, en cette période de Fashion Week parisienne, j’ai fait la découverte d’un endroit merveilleux pour toutes les fashionistas ! A défaut d’être assise aux premiers rangs des défilés des plus grandes maisons de haute couture et de manger des macarons aux côtés de la papesse de la mode qu’est Anna Wintour, je me suis contentée d’une grande braderie de luxe à 2 euros l’entrée dans le 3ème arrondissement de Paris.

Affiche promotionnel de l'événement

Affiche promotionnel de l’événement source:Violette Sauvage.com

C’est donc accompagnée de mes 3 meilleures copines que j’ai eu le plaisir d’entrer dans ce qui peut être considéré comme le paradis des modeuses :« Le Vide Dressing de Violette Sauvage ». Cette manifestation a lieu 8 fois par an et rassemble plus de 150 blogueuses, simples amatrices de mode et jeunes créatrices prêtes à brader leurs vêtements, chaussures ou accessoires. Dans 700 m2 répartis sur 3 étages, toutes les marques étaient présentes de Gucci à Chanel en passant par Dior et Manolo Blankik. Deux mots :  Le. Rêve. Pendant un court instant, en observant toutes ces femmes et toutes ces pièces de luxe, je me suis crue dans un épisode de la série culte Sex and The City.

Mais, une fois la poudre aux yeux envolée, je me rendis compte que nous n’étions pas seules, loin de là…

700m² trop petits ?

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, 700m² de paradis peuvent vite se transformer en enfer et même s’avérer très petits lorsqu’il y a plus d’une centaine de femmes déchainées et prêtes à tout pour faire de bonnes affaires. Un sac Chloé neuf de la collection printemps/été 2012 à 450€ au lieux de 2000€ en magasin, ça peut vite faire tourner la tête de certaines personnes… Il faut admettre que cette idée de friperie-braderie de luxe est très bonne ! Cela dit, après avoir effectué un petit sondage auprès de mes 3 comparses, nous en sommes toutes venues à la même conclusion : comment les organisateurs ont-ils fait pour ne pas avoir su correctement exploiter les 700m² entièrement mis à leur disposition ?

Malheureusement, je n’ai pas pu leur poser la question pour la simple et bonne raison que je n’ai pas réussi à les trouver, dans ce fouillis ça aurait été plus simple de trouver Charlie… Je m’explique : entre les étalages aux sols, sur les tables, et sur des cintres, il était très difficile de trouver et même de chercher quelque chose sans finir étouffée sous une pile de personnes et/ou de vêtements ; ochlophobes s’abtsenir !

Quelques conseils pratiques … Pour l’avenir.

Dans un élan de solidarité, et, surtout parce que j’ai vraiment aimé cette initiative de la part de nos amies modeuses de faire partager leur trésors, j’ai établi une liste de quelques idées qui me semblent intéressantes pour améliorer la prochaine édition du Vide-Dressing de Violette Sauvage :

– Mieux organiser les présentoirs pour que l’on puisse vraiment voir les articles proposés ; je parle notamment des bijoux qui étaient bien souvent mal disposés et pas assez mis en valeur.

– Mettre moins d’articles pour faciliter le déplacement de la clientèle entre les stands.

– Mettre plus en avant les pièces les plus susceptibles d’intéresser les clientes sur les stands : dans le sens où mettre en avant des pièces qui datent d’une période noire et oubliée des années 80 que même le plus hipster des parisiens ne porterait pas pour un carnaval montre seulement que l’on a envie de s’en débarrasser en priorité. Tandis que mettre davantage en lumière les pièces des dernières collections, comme les sweats de la dernière collection Kenzo qui se sont vendus comme des petits pains, aurait été plus intéressant et pour nous et pour les vendeuses.

– Mettre toutes les cabines d’essayages au même endroit, cela nous faciliterait grandement la tâche en évitant des allers-retours incessants entre les étages.

Enfin, malgré ces petites critiques que j’espère d’ailleurs constructives, j’encourage vivement mes amies modeuses, baby modeuses et fashionistas confirmées d’aller jeter un coup d’oeil ! Le Vide-Dressing de Violette Sauvage reste un bon moyen de refaire une petite partie de sa garde-robe selon les budgets de chacune et de passer un bon moment entre filles. Le petit bonus : la distribution de macarons gratuits dans la file d’attente qui ont soudainement illuminé les 45 minutes d’attente annoncées que l’on n’a finalement pas vues passer !

Bazia GNIZAKO pour Marie Claire

www.violettesauvage.net/

Lever de rideau sur la Fashion Week 2014 à Paris

Défilé Fashion WeekLes traditionnelles maisons de luxe et créateurs de renommée mondiale forment certes, les piliers de la Fashion Week, mais les petits nouveaux pleins de fraîcheur et d’audace, sont bien décidés à s’y frayer un passage. Cette année, dites bonjour à Sacai, le bijoux de la japonaise Chitose Abe, partie de rien mise à part quelques pelotes de laine, mais aussi à la marque futuriste Icosphere de la créatrice Julia Smith, et enfin à Officine Générale, où Pierre Mahéo a su marier la simplicité et le goût des belles choses. Ils feront tous leur première apparition officielle sur le podium français.

Selon le journal Le Parisien, même si Chanel et Christian Dior restent les incontournables de la semaine, le défilé de Louis Vuitton semble être attendu avec impatience. C’est un grand moment pour le spécialiste en maroquinerie, puisqu’il s’apprête à présenter la première collection tout droit sortie des ateliers de son nouveau directeur artistique, le français Nicolas Ghesquière, qui succède au célèbre Marc Jacobs. D’autant plus de pression pour la maison de luxe, dont vous pourrez suivre le défilé ce mercredi 5 mars, à 10h.

Mais attention, Paris pourrait bien se faire voler la vedette par New-York. Et pour cause, l’agence américaine  » The Global Language Monitor  » s’intéresse de près aux contenus des médias afin de pister les nouvelles tendances en matière de mode, et ce dans le monde entier. Durant trois ans, leur étude s’est basée sur la récurrence de certains mots clés sur Internet tels que  » haute couture  » ou encore  » prêt-à-porter « , en les reliant au contexte dans lequel ils ont été utilisés, le but étant de dresser un classement des plus importantes capitales de la mode. La sentence est tombée le 4 février dernier, New York aurait détrôné Paris de quelques dixièmes de pour-cent, devenant l’épicentre de la  » fashion industry  » en 2013, du moins sur la toile.

Les parisiens n’ont pas de quoi s’alarmer pour autant, la Ville Lumière reste tout de même le rendez-vous à ne pas manquer pour les plus grands créateurs venus du monde entier. S’ils viennent à Paris, c’est surtout pour goûter à son prestige. Bekka Payack, la directrice mode du cabinet américain qui a dévoilé son classement nous rassure donc,  » Paris, au top du classement de la Haute Couture, a évidemment des siècles d’héritage d’avance, ayant inventé le concept, mais son score est aussi élevé pour le prêt-à-porter « .

Si certaines grosses têtes de la mode préfèrent donc la Fashion Week à la française, comme le couturier américain Alexander Wang, dont les plus gros défilés se tiennent à Paris pour la maison Balenciaga, d’autres, en revanche, choisissent de rester fidèles à leurs racines. Aussi Victoria Beckham a-t-elle décidé d’organiser ses défilés exclusivement à New York.

Quoi qu’il en soit les filles, à vos talons et vos plus belles tenues, cette semaine la Fashion Week est de retour ! Et pour ne pas en louper une miette, rendez-vous ici.

Faten TROUDI

Publications visées : Mademoizelle, Vogue.

Sources photos : http://lemag.rueducommerce.fr/mode-beaute/mode/paris-fashion-week-automnehiver-2013-2014.html ; http://media.terrafemina.net/articles/L/36513.jpg

LA MODE MONTRÉALAISE sous toutes ses coutures !

Crédits Stephen Moskovic

Dans les coulisses du défilé de Rad Hourani. Crédits Stephen Moskovic

                 Paris – Lorsque la Chambre syndicale de la haute couture à Paris a ouvert ses portes au premier designer de haute couture unisexe, ce n’est pas pour n’importe lequel ! En invitant le designer Montréalais Rad Hourani, cette institution invitait par le fait même le premier designer canadien à entrer dans les rangs de ce club très sélect de la Haute Couture française.

Cette entrée remarquée au panthéon de la haute couture n’est pas passée inaperçue. L’exploit du jeune créateur a fait tourner des têtes. Les regards des « fashionistas » parisiennes se sont braqués sur cette soeur timide de Paris qu’est la ville de Montréal. Peut-être qu’elles se sont demandées : « Faut-il s’empresser de dénicher des invitations aux défilés de la prochaine Semaine de la Mode montréalaise ? Est-ce que Montréal est la future capitale de la mode ? »

Pour assouvir notre soudaine curiosité pour cette métropole nord-américaine qui demeure encore un peu trop dans l’ombre, la nécessité s’impose de dresser le portrait de l’industrie de la mode à Montréal. De prime abord, force est de constater qu’elle renferme un bassin culturel bouillant, aux nombreuses influences européennes et américaines. D’ailleurs, l’ampleur du secteur de la mode n’est pas à négliger avec ses quelque 22 800 emplois et ses compagnies représentant 60 % des entreprises canadiennes.

Crédits Marco Campanozzi

Les designers québécois se mettent à nu.  Crédits Marco Campanozzi

Notre entrevue avec Philippe Dubuc, un des grands designers québécois qui a réussi à se bâtir une réputation internationale, permet d’éclaircir un point : Montréal n’est pas une capitale de la mode, mais une capitale créative ! Sa singularité provient de l’originalité de l’offre sur son marché. De plus, les Québécois forment un peuple qui aime consommer les biens culturels produits localement, que ce soit du cinéma à la mode. Cet attachement au « Made in Montréal » et l’unicité de son offre est ce qui fait de cette ville une force d’attraction selon Dubuc.

Contrairement à Paris, les créateurs québécois ne sont pas sous la tutelle de groupes financiers comme le géant français LVMH. Cela implique son lot de bons et mauvais côtés, comme de bénéficier d’une certaine indépendance, mais aussi de devoir se débrouiller en affaire : « Nous sommes laissés à nous même. Voilà pourquoi il faut savoir comment opérer une entreprise de mode » avoue Dubuc. Être laissé à lui-même, Rad Hourani a aussi connu cela ! Il y a deux ans, Louis Lefebvre ( artiste québécois multidisciplinaire ayant travaillé dans la mode à Paris avec les plus grands tels que Jean-Paul Gaultier et Nicolas Ghesquière ) me confiait : « Je connais un jeune designer montréalais qui réussi très bien à New York et qui fait quasiment tout seul, Rad Hourani. Il est d’ailleurs un peu épuisé… Mais il y arrive. Et il a un super produit. » Il était loin de se douter qu’il réussirait encore mieux à Paris ! Cette réussite du designer d’origine jordanienne démontre qu’il est tout de même possible de réussir lorsqu’on est laissé à soi-même.

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Charlène Yang pour Pedram Karimi. Crédits Peter Jensen

Cependant, l’absence de sécurité financière demeure un des majeurs inconvénients. Même les plus grands de ce milieu ne sont pas à l’abri de troubles financiers ce qui influe sur leur processus créatif. Philippe Dubuc parle en connaissance de cause, car il a lui-même vécu des temps difficiles et avait déclaré faillite en 2006. Lorsqu’on lui demande si cette crainte constante de voir son entreprise s’écrouler est un frein ou au contraire un défi à la créativité, Dubuc confie : « Les collections créées doivent se vendre et la rentabilité doit être au rendez-vous. Cela occasionne qu’il faille faire certains compromis. Créer avec ses compromis, constitue un gros défi. Les ressources financières sont limitées, il faut user de beaucoup d’imagination pour réussir à percer et durer. » Pour les aspirants créateurs montréalais, il faut donc faire un choix entre la renommée qu’apporte le fait de posséder sa propre griffe et la sécurité qu’implique de travailler pour une grande compagnie déjà établie. Voilà la preuve qu’il y a certaines choses, qu’on soit à Montréal ou à Paris, qui ne changent pas !

Daniel Bederov pour Dubuc Style. Crédits Jorge Camarotti

Daniel Bederov pour Dubuc Style. Crédits Jorge Camarotti

Alors, qu’en est-il de l’avenir de cette frangine marginale de Paris qu’est Montréal ? Les deux plus grands dangers pour cette industrie sont l’exportation de la main-d’oeuvre vers des pays émergents et l’importation de grandes chaînes américaines et européennes, selon Louis Lefebvre. Alors qu’à une certaine époque Montréal produisait ses créations dans ses propres manufactures, elle n’a pu échapper à la tendance mondiale de décentralisation de la production vers des marchés comme la Chine ou le Mexique. Face à cette tendance, Philippe Dubuc ne se fait pas d’illusion : «L’avenir est sombre. Je crois que c’est un non-retour. Les ressources locales sont de moins en moins nombreuses.»

Néanmoins, on ne peut s‘empêcher de penser qu’elle est de bon augure cette victoire du 24 janvier dernier que remporte l’industrie de la mode montréalaise lorsqu’elle voit un de ces prodiges devenir membre invité de la Chambre syndicale de la Haute Couture française.

 Montréal n’est peut-être pas la future capitale de la mode. Mais après tout, ce qui rend les montréalais fiers de leur milieu de la mode, c’est sa marginalité qui la rend à leur image. Bien plus, Dubuc estime qu’il y a une ultime raison à la richesse du marché montréalais ; certes, il faut se battre pour faire survivre son entreprise dans une économie impitoyable sans appui de groupes financiers, mais être affranchi du joug de ces mécènes a une valeur incommensurable : «L’indépendance à un prix, la liberté, elle, n’en a pas… »

Audrey BÉLAND

 Numéro étudiant : 21205263

Sources images : (À la une et 1ère) Crédits Stephen Moskovic ;

    (2e) Crédits Marco Campanozzi pour LaPresse ;

    (3e) Crédits Peter Jensen ;

    (4e) Jorge Camarotti pour Philippe Dubuc

Publication visée : Vogue Paris

L’Afrique sous toutes ses coutures

Les prouesses de l'héritageA l’heure d’une société cosmopolite, chaque culture se doit de revendiquer son rayonnement. Dans un contexte où l’habillement est d’une importance primordiale, l’Afrique est sujette d’un succès conséquent dans le monde de la mode.

Un succès récent mais qui ne laisse pas indifférent: alors que le continent prospère et brillant de par sa civilisation est longtemps resté dans l’obscurité, une vague d’intérêt naissant pour les richesses culturelles africaines fait « bon genre ». Un « Black Panther » qui s’exprime par la sophistication, un panafricanisme qui s’enracine dans le quotidien, une identification et une reconnaissance adressée à « Mama Africa » à travers quelques tissus et une inspiration étrangère aux normes et conventions d’esthétiques imposées. Les icônes de beauté et de féminité desservent à merveille la cause fashonista: Beyoncé se déhanchant habillée dans une combinaison tout en wax (cire en anglais, tissu africain populaire et coloré orné de motifs traditionnels ou modernes, le plus répandu en terme de mode africaine et d’habillement quotidien) ou Gwen Stefani posant sur le tapis rouge vêtue d’une robe en patchwork. On commence alors à évoquer une mode Africaine, des maisons de coutures émergent, des stylistes gagnent en renommée, un marché s’établit et surgit même en 2002 une Black Fashion Week à l’initiative de la styliste sénégalaise Adama Paris! Dans une société occidentale où la culture européene demeure désespérement sur le trône de la référence, une révérence revient de droit à tout ses initiateurs de la lutte identitaire!

Oui, on peut parler d’ouverture d’esprit aux Etats-Unis, société où la variété ethnique est suffisante à une révolution culturelle. Quand à l’Europe… On peut espérer! On y croit et chemine doucement vers une émancipation qui ne soucie pas d’intégration… En attendant, quelques figures originaires d’Afrique et éduquées en occident se débattent pour faire de leur culture à double penchant une oeuvre artistique, commerciale et quelque peu politique. La marque SIRA aurait le prétention de se dire une de ces oeuvres métisses.

Du tissu africain et des coupes occidentales, des vêtements fruits d’une pluralité culturelle. Telle est la démarche de la jeune étudiante Aïcha Awa BA, entrepreneuse novice mais non moins ambitieuse d’imposer sa vision du monde. Une initiative qui l’a subitement enthousiasmé en 2012 de par sa valeur et son éthique, qu’elle explique comme « un merci à la chance d’avoir hérité d’une double-culture, qui implique une double-mentalité et de ces faits un double-objectif ». Très concernée par le problème d’identité qui s’impose à tout africain de la diaspora, l’idée de commercialiser des vêtements faits de tissus africains par des couturiers africains mais aux modèles d’inspiration occidentale et adressés aux occidentaux lui est apparu comme une juste revanche sur un monde où « l’étranger » n’est pas vraiment de bonne augure. Une démarche plus lucrative qu’une qui fait office d’exutoire, mais une démarche qui reste significative d’un besoin et d’une envie d’harmoniser le monde autrement. La marque se décline pour l’instant en une ligne d’une vingtaine de modèle et qui compte bien s’agrandir si les dispositions necéssaires, y compris une ouverture d’esprit générale, se présentent.

Aïcha Awa Ba

Ps: L’auteur de l’article ne fait pas abstraction de son manque de distinction en se citant elle même, elle n’a malheureusement pas eu d’autre issue.