Le Café Curieux : une caverne d’Ali Baba à Paris

 

Une fois la porte poussée, vous entrerez dans un lieu qui ne ressemble à aucun autre mais qui paraît pourtant si familier. La curiosité est un vilain défaut ? Ici, l’adage n’a pas lieu d’être.

En plus de trouver de quoi se sustenter, le café propose par centaines (non loin sans exagérer), des objets en tout genre : allant du livre de recettes de cuisine, à la lampe de chevet, en passant pIB7A4479ar les chaises sur lesquelles les visiteurs s’assoient pour prendre un thé ou café. Tout est à vendre, même les tables ! Il s’agit là d’une brocante permanente et qui n’a de cesse de se transformer.

Pourquoi est-ce un lieu si familier ? Par l’ambiance toute particulière qui s’en dégage. C’est comme si l’on se retrouvait chez sa grand-mère ou sa tante à prendre le thé. On y trouve de vieilles tasses en porcelaine (cf Dolores Ombrage dans Harry Potter en beaucoup moins terrifiant) mais aussi plusieurs marqueurs du temps, comme ce journal d’août 1949, un sac de grande marque datant des années 60, ou encore des ouvrages aux pages jaunies.

Malgré tout cela, le patron, Antoine ne ressemble pas vraiment à une grand-mère. Après des études en art, ce photographe décide de reprendre les lieux en main et d’y installer les bureaux de son collectif « Le Garage ». Cet endroit qui appartient à sa famille était au début du siècle dernier, une brasserie où les tanneurs du quartier venaient prendre un verre pour décompresser. De cette époque  il ne reste que le monte-charge (logo du collectif), qui confère à la pièce un charme et une authenticité touchante, ainsi que l’ambiance familiale si particulière aux troquets des coins de rue. Quant au sol, c’est une fresque géométrique réalisée par un ami (Alexis Masurelle) qui orne l’espace à merveille.

L’autre particularité du Café Curieux, c’est le choix, et surtout les prix : café à 1€, pâtisseries maison à 2€ IB7A4438(souvent réalisées par la maman d’Antoine), jus de fruits frais à 3€, et cerise sur le gâteau, pour 2.50€, le thé (ou plutôt la théière).

L’ensemble des produits servis viennent du quartier. On retrouve également cette idée avec les Paniers Bio du Val de Loire. Le café fait office de point de dépôt, où les abonnés des paniers peuvent y récupérer leur commande chaque semaine. (Plus de précisions en suivant le lien en bas de l’article).

Les objets chinés proviennent de brocantes, comme celles qui ont parfois lieu rue Mouffetard, ou bien des Puces de St Ouen. Petite précision : dans le café, tout a été chiné, y compris le bar. Le seul objet non chiné c’est le réfrigérateur !

En plus de découvrir des objets insolites (comme une bouteille de bière japonaise, vestige d’un événement historique) vous pourrez admirer les œuvres d’artistes qui viennent occasionnellement exposer au café.

Le Café Curieux accueille également un samedi sur deux l’association « Réfugiés Bienvenue », qui permet à des demandeurs d’asile ou bien des réfugiés de passer un agréable moment dans ce cadre unique.

Antoine imagine de plus en plus l’avenir du café, notamment avec l’idée d’une pause salé ou des expositions artistiques plus fréquentes, avec en bonus des cours de dessin.

Finalement, le café est une œuvre d’art qui est en perpétuelle évolution. .

Petite anecdote, l’objet préféré d’Antoine : « des dés truqués que j’ai offerts à uIB7A8321n ami pour son anniversaire » raconte-t-il avec enthousiasme. Ces dés, il les a trouvés lors d’une de ses expéditions aux puces de St-Ouen. Leur particularité : ils ont été fabriqués par un petit malfrat dans les années 1920.

Antoine connait l’histoire de chaque objet qui peuple son café. « J’ai l’impression de faire de l’archéologie ! […] Métier que je voulais faire étant petit. »

Si vous êtes curieux, fouineurs ou simplement flâneurs, vous saurez désormais où vous rendre ! Le café est ouvert du mardi au vendredi de 12h à 19h et de 13h à 20h en weekend.

Clara Luccarini

 

Adresse : 3 rue Scipion, 75005 Paris

Horaires : mardi au vendredi de 12h à 19h

samedi et dimanche de 13h à 20h

https://www.facebook.com/lecafecurieuxparis/?fref=ts

https://www.instagram.com/lecafecurieuxparis/

https://www.instagram.com/alexismasurelle/

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crédit photos : lecafécurieuxparis

Publication envisagée : TimeOut Paris

mots : 660

 

 

 

 

 

 

 

Berengère Friess, portrait d’une jeune photographe en devenir.

Bérengère Friess

Ce festival met en avant de jeunes talents avec un nouvel univers qui exerce le métier qu’ils ont toujours voulu faire.

Qui ne peut se féliciter à l’âge de 24 ans de vivre de sa passion ? C’est l’histoire de Bérengère Friess, une artiste de talent qui à travers ses clichés nous plonge dans un univers doux-amère.

C’est en 2014 que Berengère a été diplômée de l’école de Condé avec une spécialisation dans la photographie après une année en classe préparatoire aux ateliers de Sèvres.

-Un parcours atypique

Cependant Bérengère n’a pas dès le début aspiré à un avenir dans la photographie.

Elle commença par le théâtre, au cours Florent, dans un univers où les personnes sont acteurs et non spectateurs. Cette position lui permit d’évoluer dans un milieu artistique tout en s’intéressant particulièrement à la mise en scène, ce qu’elle nous explique : « je préférais faire jouer les personnes, qu’elles me racontent une histoire ». C’est cette aspiration qui la poussa à passer de l’autre côté de l’objectif.

-Un statut indépendant

L’enseignement qu’a suivi Bérengère lui permit de développer ses compétences dans le domaine photographique mais aussi de choisir le statut le plus adapté à son profil.  Son choix se porta sur le statut d’auteur grâce auquel elle bénéficie du statut de photographe. Cela lui donna la possibilité dès l’obtention de son diplôme d’effectuer des assistanats auprès de nombreux photographes de renoms.

-Un univers à part entière

 La mise en scène est une notion primordiale dans le travail de Bérengère, qui a le souhait de faire entrer le modèle dans son idée, qu’il se retrouve dans la photo. L’instantanéité du moment ne fait pas partie de son travail, il y a une recherche de contexte où chaque détail est important. C’est dans les moindres détails que la compréhension du travail se trouve et permet de comprendre le projet de l’artiste. Dans sa série « métamorphose », Bérengère nous raconte l’histoire de chaque modèle à travers une romantisation des personnages. Chacun est méticuleusement choisi afin qu’elle ait une connexion avec la personne photographiée. C’est cette approche qui rend son travail si précis et profond.

Les couleurs, le côté illustratif, les formes mais aussi l’histoire de chacun et chacune se retrouvent dans chaque série de cette jeune photographe passionnée, qui a de nombreuses références dans ce domaine comme Philippe Lorca Di Corcia ou encore Jean Paul Goude, avec qui elle a eu l’occasion de travailler.

Les sujets d’actualités se retrouvent également dans le travail de Bérengère Friess qu’elle traite avec une touche d’humour. Ses photographies sur la thématique « Queer » illustrent bien ce parti pris : « Mon jeu de cartes représente de nouvelles têtes Queer, qui remplacent les rois, reines, valets… j’ai voulu adapter l’évolution de la société et les nouvelles mœurs à un jeu plutôt classique qui n’évolue pas ».

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C’est cet univers original qui a permis à Berengère de se démarquer des autres artistes et de participer à ce festival dans lequel elle a la chance d’exposer au 104 à Paris.

-Une aspiration féministe

Se considérer comme étant une féministe engagée ne serait pas véridique cependant la place de la femme reste un sujet important dans le travail de B. Friess qu’on retrouve dans sa série « Dolls ». Son travail dénonce la maltraitance que certaines femmes ont subi « j’ai décidé de représenter ses femmes afin de dénoncer ce fléau, des femmes qui se servent du maquillage comme armure, pour se protéger dans cette société, où le paraître nous habille ».

-Des projets plein d’avenir

 Depuis sa sortie de l’école de Condé, grâce à son univers à elle et la perfection de ses photos, Bérengère a trouvé du travail en faisant de l’assistanat et en travaillant sur de nombreux projets. Dans un univers où la concurrence est rude, son travail est reconnu, et aspire à de nombreuses publications.

Travailler dans le domaine artistique a toujours été quelque chose d’essentiel pour Bérengère qui ne se voyait donc pas vivre de quelque chose qui n’est pas sa passion.

Selon Bérengère « être exposée durant ce festival qui met en avant de nouveaux talents, est un tremplin pour moi et m’ouvre de nouvelles portes ». Une exposition à ne surtout pas manquer.

Solène Arrata

Mots : 685
Publication : "Magazine photo" et le "Wad"
Crédit photo : Bérengère Friess official Facebook

Penser la place du corps dans l’art avec Helena Almeida

Jusqu’au 22 mai 2016, le musée parisien du Jeu de paume met à l’honneur l’artiste portugaise Helena Almeida en lui consacrant la rétrospective « Corpus » qui réunit ses dessins et ses photographies peintes les plus connues. Récit d’une exposition intrigante, quelque part entre l’abstrait, le contemporain et le surréalisme.

A l’occasion de l’édition 2016 du Printemps culturel portugais, Paris découvre Helena Almeida, photographe renommée au Portugal pour avoir représenté le pays à deux reprises à la Biennale de Venise, en 1982 et en 2005.

Tout commence en 1934, à Lisbonne, lorsqu’elle naît en pleine dictature militaire, d’un père sculpteur officiel du régime fasciste et pour qui elle posait souvent étant enfant, durant des heures interminables où elle devait rester immobile et silencieuse. Et puis, un jour, dans les années soixante, la jeune femme a choisi de devenir, elle-même, artiste et de s’émanciper de la tutelle paternelle.

Aujourd’hui, Helena Almeida a passé la barre des quatre-vingt ans et le musée du Jeu de paume a souhaité rendre hommage à sa longue carrière en partageant les œuvres majeures de son corpus dans une exposition éclairante et accessible à tous les publics.

Dans un premier temps, l’organisation chronologique de la rétrospective est agréable car elle permet de mieux comprendre comment le travail de l’artiste a évolué au fil du temps, d’autant plus que celui-ci est installé dans de grandes salles silencieuses qui refusent d’accueillir plus de vingt spectateurs à la fois, pour conserver une certaine solennité.

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Pintura habitada, crédits : Fundaçao de Serralves

Ensuite, les salles dégagent toutes un charme différent, la première est étonnante car elle met à l’honneur le travail expérimental de l’artiste et son jeu avec la toile, qu’elle déchire ou qu’elle porte comme un vêtement. Quant aux autres, elles présentent notamment les inoubliables autoportraits en noir et blanc d’Helena Almeida, recouverts de peinture bleue dans la série Pintura habitada (Peinture habitée, 1976) et accompagnés de dessins et de films réalisés dans son atelier.

Grâce à ce parcours semé de panneaux explicatifs, le spectateur découvre une artiste non conformiste et très originale qui est, en fait, bien plus scénariste et metteuse en scène que photographe étant donné qu’elle n’appuie que rarement sur le déclencheur de l’appareil photo – c’est son mari qui s’en charge – mais préfère réaliser, au préalable, une série de croquis détaillant les postures qu’elle adoptera en tant que modèle.

 

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A gauche : Dentro de mim, crédits : Laura Castro , Caldas et Paulo Cintra A droite : Seduzir, crédits : Coll. CAM – Fundaçao Calouste Gulbenkian

 

Des postures mises en valeur par le musée du Jeu de Paume qui a choisi d’organiser cette rétrospective autour de la place qu’occupe le corps dans l’œuvre d’Helena Almeida et en exposant des photographies la représentant recroquevillée dans Dentro de mim (A l’intérieur de moi, 1998) ou vieillie et cambrée dans Seduzir (Séduire, 2002).

Clara a visité l’exposition et elle semble apprécier la thématique proposée par le musée : « Je trouve le mélange de la peinture et de la photographie vraiment original et contemporain. J’apprécie aussi le côté ultra féminin : la sensualité, la séduction et le corps féminin sont très présents et son travail est très féministe. »

Le choix du Jeu de paume de se focaliser sur l’importance du corps semble, aussi, concorder avec la philosophie de l’artiste qui tient en quelques mots : « my work is my body, my body is my work », et qui est bien mise en valeur par un agencement des photographies permettant au spectateur de voir le corps de l’artiste prendre de l’âge au fur et à mesure de sa déambulation entre les salles.

Marie, une autre visiteuse de l’exposition, semble ravie de ce qu’elle vient de voir : « J’aime sa façon de mettre en scène le corps qui occupe l’espace, on a l’impression de mouvement. Il y a aussi plein de métaphores, c’est très poétique. En plus, elle nous fait entrer dans son atelier et dans son intimité, elle joue avec la matière et n’a pas peur de se mettre en scène et de s’abîmer aussi, c’est beau. »

C’est donc la beauté de l’œuvre qui marque les esprits des spectateurs à leur sortie du musée, mais aussi l’engagement de l’artiste dont la mise en scène du corps est révolutionnaire et politique dans les années soixante puisqu’il fait écho au mouvement mondial de libération de la femme qui réclamait, dans différents pays occidentaux, un libre accès à la contraception et à l’avortement.

Joao Ribas, co-commissaire de l’exposition, affirme d’ailleurs que « l’utilisation de la photographie et la focalisation sur le corps montre une perspective féministe claire » chez Helena Almeida. Tout un programme, donc, pour une exposition ludique et presque philosophique qui enchantera les petits et les grands, les initiés comme les novices.

 

« Helena Almeida, Corpus »,
Jusqu’au 22 mai 2016,
Musée du Jeu de Paume, 1 place de la Concorde, Paris 8e
Tous les jours sauf le lundi : 11h-19h, le mardi jusqu’à 21h
Tarif plein : 10€, tarif réduit : 7,50€

 

Anne-Flore Buisson-Bloche.
705 mots.
Publication envisagée : Télérama, L’Obs, M le magazine du Monde.

Ugo Mulas: à la découverte de l’art côté coulisse

La Fondation Henri Cartier Bresson propose une exposition inédite et hommage à cet artiste emblématique, à l’occasion de la publication, pour la première fois en français, de son dernier livre « La Photographie ».

Ugo Mulas reste encore un personnage méconnu du public Français. Pourtant, il est une figure majeure du XXème siècle de la photographie italienne et plus largement européenne.

Il fût un artiste curieux du monde, qui a investi des horizons peu explorés jusque-là. Cette soif de la découverte imprègne l’exposition La Photographie. Celle-ci, d’une soixantaine de tirages en noir et blanc d’époque issus essentiellement de son ouvrage, se tient jusqu’au 24 avril 2016 à la Fondation Henri Cartier Bresson, au 2 Impasse Lebouis dans le 14ème arrondissement de Paris.

Logo de la Fondation présent sur ses murs

Logo de la Fondation présent sur ses murs

Il s’agit d’une exposition qui retrace son expérience personnelle et singulière de l’artiste autodidacte qu’il a été.  Ugo Mulas pose les interrogations marquant sa réflexion artistique. Il ne se contente pas de créer l’art, mais le contemple et questionne étonnamment sa propre action.

Derrière un nom d’exposition simple, se dévoile l’une des complexités de l’art. Celle du processus créatif. Elle représente le cheminement d’un photographe à la recherche de ce qui fait la valeur de l’art, même après vingt ans de pratique.

Comme dans un livre

C’est une exposition, établie sur les deux étages de la Fondation, qui s’offre en toute modestie avec des pièces  d’un blanc immaculé. La première, relativement sombre, se différencie de la seconde qui baigne dans la lumière du jour. Ces pièces ne font qu’accentuer la présence forte des clichés en noir et blanc accrochés aux murs. Mais ce qui attire également le regard, ce sont les citations plus ou moins longues écrites en noir sur ces murs blancs signées d’Ugo Mulas. Le visiteur peut y lire ses interrogations et sa pensée: « le but était pour moi de toucher du doigt le sens d’opérations répétées cent fois par jour pendant des années, sans jamais prendre le temps de les considérer en elles-mêmes ».

Lors de l’entrée dans cette exposition s’opère un passage dans une temporalité nouvelle: Ugo Mulas fait le portrait d’artistes qu’il a pu côtoyer dans les années 1950 et 1960 . Il s’immisce, en toute discrétion, pour capturer le geste artistique ou son absence et juste saisir la réflexion qui les anime.

La salle d'exposition

La salle d’exposition

C’est un Andy Warhol, icône du Pop Art, plongé dans une réflexion artistique profonde caché derrière des lunettes sombres, que le visiteur découvre au sein même de son atelier empli de fleurs. Cette icône du Pop Art se prête au jeu à poser face à un objectif qu’il semble fixer de façon intensive, voire intimidante. Sur un autre cliché, Andy Warhol passe à l’action sous l’œil attentif de son bras droit, Gerard Malanga également artiste américain. Warhol porte un sourire malicieux aux lèvres,  tout en manipulant son outil d’invention artistique pour créer une œuvre nouvelle, achèvement d’une maturation d’idées.

Les photos de l'exposition présentant Warhol

Les photos de l’exposition présentant Warhol

Une autre séquence de clichés montre Jasper Johns, peintre et dessinateur américain, en train de peindre. La tête inclinée, le dos courbé derrière lequel il cache son bras gauche, il travaille sur une grande toile accrochée au mur.Ce qui intrigue, c’est que l’ombre du peintre est prépondérante provoquant un sentiment d’envahissement.Ugo Mulas présentera les planches contact de cette série. Un acte fort symbolisant le caractère exceptionnel de chaque instant: ils se valent tous.

Tout le côté remarquable de cette exposition se trouve finalement dans la conception des clichés, qui se veut atypique. C’est la première fois qu’un artiste plonge les visiteurs, qui sont finalement les destinataires des œuvres, dans l’envers  du décor. Cette exposition ose sortir des cadres habituels et ne présente pas des produits artistiques finis, mais un processus de création actif.

C’est précisément ce qui a attiré l’un des nombreux visiteurs, Enes Kefeli, un étudiant en licence de droit, qui confie que pour sa première exposition photographique, il « apprécie de découvrir une approche si différente de la part d’un artiste, qui prend du recul sur ce qu’il fait et sur la réalité du monde qui l’entoure, mais dont la vision est malheureusement peu répandue ». Ce novice ajoute que « ce qui est tantôt impressionnant, tantôt intriguant est de visualiser une inactivité, dans le processus artistique, aussi significative qu’une labeur intense ».

Anna-Maria Lech

699 mots

Crédits photos: Anna-Maria Lech

Publication visée: Le Monde, Le Point aux rubriques culture; À nous Paris 

Hugo entre pudeur et excès

 

Parmi les chef d’œuvres exposés, ce marbre de James Pradier de la Satyre et bacchante, 1830-1834. Mélanie Grondin ©Courtesy Univers du Bronze, Galerie Univers du bronze. Photo : Mélanie Grondin

Parmi les chefs-d’œuvre exposés, ce marbre de James Pradier intitulé Satyre et bacchante, 1830-1834. ©Courtesy Univers du Bronze, Galerie Univers du bronze. Photo : Mélanie Grondin

Du 19 novembre au 21 février, la Maison Victor Hugo lève le voile sur la face cachée du célèbre écrivain, plus obscur qu’il n’y paraît.

Place des Vosges. L’intérieur de la maison Victor Hugo, tout de bois vêtue, est toujours sur son 31 lorsqu’il s’agit d’accueillir ses invités. On suit le cortège qui gravit les marches de l’escalier d’époque. Les planches grincent sous le poids des visiteurs et des journalistes, venus nombreux à l’occasion du vernissage de l’événement. Vincent Gille, le commissaire d’exposition commence la narration de ce nouveau parcours temporaire intitulé « Eros Hugo entre pudeur et excès ».

Le thème ? Presque un oxymore. L’œuvre d’Hugo est réputée comme étant si sage et dépourvue de sens érotique, à l’inverse de la vie de son auteur. Coureur de jupon invétéré, dont ni l’âge ni la gloire n’a su refréner ses ardeurs, Hugo proclamait sans cesse la liberté d’aimer. « Victor Hugo c’est à la fois le créateur de personnages d’une pureté et d’une candeur caractéristiques comme Cosette ou Déa et l’acteur de ses propres aventures amoureuses passionnées et destructrices avec des femmes de caractère telles que Juliette Drouet, Léonie Biard, ou encore Blanche Lanvin » explique Vincent Gille, guide de notre périple.

Cette exposition dévoile l’intimité du romancier dans un itinéraire chronologique qui permet de replacer l’auteur parmi ses contemporains artistes.  Au rythme de l’histoire, nous découvrons des écrits, des feuilles et des dessins de Victor, alliés à des sculptures de Pradier et de Rodin, des peintures de Corot et de Courbet… D’une salle à l’autre, des dessins d’Ingres, de Delacroix ou de Rops et des photographies de Félix Moulin et de Julien Vallou de Villeneuve, nous sont présentés. La mise en relation de cet ensemble d’oeuvres permet d’évoquer et de mieux comprendre l’érotisme du 19ème siècle.

La maison Victor Hugo pousse les visiteurs au questionnement quant au rapport de l’écrivain à l’excès mais aussi à la pudeur. « Dis donc on voit tout, c’est normal ?  » s’interroge Huguette, 74 ans, qui s’approche les yeux écarquillés, de l’aquarelle de Félicien Rops, nommée »Paniconographie ». Sur le dessin, une femme est représentée de dos chevauchant sexuellement un individu mi-homme mi-cheval… perturbant. Non loin de là, on rencontre Claire, jeune étudiante des Beaux-Arts à Paris qui contemple la représentation nue de Victor Hugo figé en statue de plâtre avant 1909 par Auguste Rodin.  » C’est vraiment très surprenant de voir Hugo sous cet aspect de dominant et de conquérant sexuel. Il déclame tellement d’amour avec pudeur dans ses histoires comme Notre-Dame de Paris, que je n’imaginais pas du tout que derrière ce grand romantique, il y avait aussi un grand filou !  » rigole la jeune blonde.

Ici, Victor Hugo devient le dieu mythologique Eros qui gouverne toutes les attractions, celles des astres, tout comme celles des hommes. On comprend qu’il ne s’agit pas de pointer du doigt les déboires amoureux et sexuels de l’artiste mais de mettre en parallèle sa vie tumultueuse à la grande pudeur qu’il a tenu à conserver dans ses œuvres. Une visite réussie qui pourrait choquer toutefois les petites âmes sensibles. Mais à l’encontre des plus effarouchés, Victor rétorquerait en ces mots « Ce qu’on appelle passion, volupté, libertinage, débauche, n’est pas autre chose qu’une violence que nous fait la vie », comme il l’écrit en 1876.

Mélanie Grondin

Informations pratiques :

Plein tarif : 7 euros        Tarif réduit : 5 euros

Temps de visite estimé : 1h15

Adresse :

Hôtel de Rohan-Guéménée

6, place des Vosges

75004 Paris

Horaires d’ouverture :

Ouvert de 10h à 18h du mardi au dimanche sauf lundis et jours fériés.

 

Allo, John Giorno vous écoute ?

Au hall du Palais de Tokyo, un des plus grands musées de l’art contemporain à Paris, un grand mur est recouvert par le rouge et blanc avec la conception graphique connue dans tous les coins du monde : I ♥. Un symbole moderne peut être retrouvé partout : I ♥ Paris, I ♥ New York, I ♥ Tea… Les trois couleurs : blanche, rouge et noire sont convergés. Simple et attirant.

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UGO RONDINONE : I HEART JOHN GIORNO

Les noms de deux artistes vivant et travaillant à New York sont mis à l’intitulé de l’exposition : « UGO RONDINONE : I ♥ JOHN GIORNO ». Le premier rétrospectif projet sur la vie et les travaux de l’artiste-poète américain John Giorno. Il est connu en étant qu’un poète, un artiste de performance et un activiste de la scène underground américaine des années 1960. Ses oeuvres sont influencées par le pop-art et le grand leader américain du mouvement d’art visuel, Andy Warhol. Cette exposition est un fruit artistique concevue par l’artiste contemporain Ugo Rondinone. La signature de cet artiste suisse est marquée par les couleurs incandescentes et le rapport à la pop culture dans l’art d’installation.

Le monde de l’artiste et poète John Giorno commence avec l’entrée d’un long couloir sans lumière qui emmène dans une salle sombre. Quand la vision est en train d’être reposée en sombre, la première impression apparait, le son. Une voix base, douce et claire résonne.

I want to thank you for taking everything for yoursel

and giving nothing back,

thanks for all the sleaze,

thanks for being  mean and rude

and smiling at my face,

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John Giorno sur la scène

John Giorno, poète et artiste de performance américain

Cette première salle simple et monochrome blanche-noire donne aux visiteurs l’image de John Giorno en tant qu’un artiste de performance. Un showtime de Giorno, tout le mur occupé par les grands écrans sur lesquels Giorno lit un de ses plus connus poèmes : « Thanks for nothing ». Autour, chacun chaque angle de voir, presque tous les jeunes avec toutes les positions assises ou couchées sur le sol en regardant cette performance avec attention.

L’ensemble de cette exposition comprend huit salles correspondant à chaque manière de représentation différent, leur point commun s’adresse toujours à la connexion de l’art et la poésie. C’est une combinaison de l’art de performance visuelle (photographique, graphique) et sonore (audio, musique). Les messages de Giorno sont transmis par l’art graphique, la typographique et la couleur. Sous ses mains, Rondinone en a profité à représenter un show marquante et impressionnante par l’installation et l’utilisation de la couleur, comme son connu déjà style.

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Message sur le mur

Après le monochromie et le son, les visiteurs tombent immédiatement dans un espace coloré. Une fête de la couleur pour les yeux. Chaque vue chaque capture d’un message amusant, intéressant ou significatif sur le mur des typhographies, des dessins tout colorés : Life is a killer, It’s not what happens It’s how you handle it, You got to burn to Shine… Dans un autre espace où les grands sofas se trouvent pour détendre en écoutant les morceaux de discours, de poème, de musique avec le headphone et ipad prêt sur place. En exprimant son admiration à la richesse de la performance de l’art, Ha Tran (26 ans, étudiante de l’architecture du paysage, Paris) « J’ai l’impression sur la manière performative de l’art contemporain et surtout l’usage de la technologie dans l’évolution de l’art. » disait elle.

Sortir de l’exposition avec les photos dans l’appareil et la voix de Giorno « Thanks for nothing » encore sonné dans la tête, un peu de regrettement que cette exposition est-elle finie ? Mais non, cette performance est en cours dehors de la porte du Palais de Tokyo. John Giorno est connu des années 1960 par sa création de Dial-A-Poem (Appele un poème), un service téléphonique permet d’écouter un discours historique, une chanson ou un poème. Dans le cadre de cette exposition, Palais de Tokyo fournit un numéro vert pour Dial-A-Poem en langue anglaise et française.

Appelez le numéro 0 800 106 106 pour découvrir Dial-A-Poem, pour contribuer à la réalisation du souhaite de John Giorno « transmettre les virus de poésie au grand nombre ».

Thuy Huong Nguyen, 26 novembre 2015

Sources images : personnelles

Publications envisagées : Time Out Paris, Sortir Paris Télérama, Vanity Fair France

Ce service et les appels gratuits depuis un numéro français (disponible du 19 octobre 2015 au 10 janvier 2016).

A Paris cet hiver : Première exposition mondiale du maître Martin Scorsese

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Photographie de Martin Scorsese tenant une photographie de sa famille

Une exposition sur le réalisateur américain, Martin Scorsese, se tient depuis ce 20 octobre 2015 et continuera jusqu’au 14 février prochain à la Cinémathèque française de Paris-Bercy : c’est une première mondiale ! Elle permettra aux novices ou pseudo-novices (catégorie dans laquelle nous nous trouvons à peu près tous), de découvrir et aux cinéphiles dans l’âme de re-découvrir les splendides classiques du réalisateur. Si nous devions citer quelques mots pour décrire Scorsese : américain, réalisateur, succès, le Loup de Wall Street, Shutter Island, Casino, génie du cinéma, apprécié, reconnu… On pourrait même en dire plus grâce à l’exposition : un amoureux éperdu de DeNiro et DiCaprio, fan de Hitchcok, travailleur acharné mais doté d’un génie certain et certainement complètement psychopathe. Boutade mise à part, connaissons-nous vraiment ce génie du septième art ?

C’est dans une ambiance très intimiste que l’on peut directement s’immerger vers les prémices de l’exposition, dans une sorte de sas où l’on est plongé dans des scènes particulièrement marquante de ces films cultes : voix sur fonds noires, ambiance sombre et vibrante.

L’exposition qui s’en suit apparait sous forme d’une rétrospective sur Martin Scorsese permettant de se plonger dans « l’univers du réalisateur américain » qui selon Catherine ; 68 ans, traductrice à la retraite qui s’est elle-même trouvée dans le milieu cinématographique et donc personnellement influencée par le réalisateur ; est dessiné comme quelque chose « d’intelligent et pertinent ». On a une représentation assez significative de l’intégralité des influences qui ont bercé le jeune Martin : aspirations religieuses, culturelles et urbaines au sein du quartier de New York, Little Italie alliant les gangs et son environnement de sécurité familiale. Cette dernière notion est par ailleurs capital pour lui et se trouve au coeur de beaucoup de ses oeuvres.

On peut aussi voir peindre ses méthodes de travail à l’aide d’objet créer directement par ses soins comme plusieurs photographies, Storyboards, costumes, affiches, objets cultes, que certains de ses proches ont rassemblé pour ce que le dossier de presse de la Cinémathèque appelle : « la plus grande exposition jamais organisée sur le réalisateur ». Scorsese se trouve réellement acharné dans la réalisation de ses films, allant lui même en repérage des lieux de tournage, prendre le soin de dessiner chaque plan, tenu, mouvement, ainsi que le contrôle et la direction de chaque étape du montage des scènes et c’est ce d’où selon moi provient son succès (talent inée mis à part) : son acharnement à la cohérence.

Et dire, que ce cher virtuose du cinéma souhaitait à la base être photographe. Nous serions passé à coté du magnifique Les Affranchis, du mythique Casino et du tellement dévergondé  Taxi Driver. Martin Scorsese, c’est également une grande histoire d’amour avec ces acteurs que l’on sait trop apprécié dont Robert DeNiro, Leonardo DiCaprio, Sharon Stone et tant d’autres.

Pour cet acteur majeur du cinéma, l’histoire inclue dans la conception et la réalisation d’un film n’est pas seulement de faire des films mais les raconter, faire passer un message peut-être pas seulement de se dire lorsque nous sortons d’une séance de cinéma « oh quel bon film », « superbement bien réalisé » mais de comprendre comment cela à été réaliser et dans quel but, qu’est-ce qui se cache derrière ce que l’on me montre.

Les journées plutôt calme favorise l’immersion totale au coeur du sujet et après un peu plus de deux heures à gravité dans les petites parcelles dont le réalisateur de talent veux bien partager avec nous cependant selon Jérémy, 24 ans, étudiant en cinéma, cela est peut-être un tantinet trop court, « on veux en voir plus », effectivement on sort de l’exposition un peu sur sa faim, obligé de courir voir ou re-voir l’intégralité de la filmographie du grand Martin Scorsese que bien évidemment nous propose d’acheter la cinémathèque à la fin de l’exposition en plus de plusieurs autres goodies aux effigies du génie, de ses oeuvres et ses collaborateurs prestigieux.

En bref, chères lectrices et lecteurs, on ne serait trop vous conseillez d’aller faire un petit tour car et puis zut, c’est la première exposition et la plus grande exposition mondiale de Scorsese. C’est toujours bien de pouvoir se dire un jour proche ou lointain, autour d’un verre de vin en plein milieu d’une soirée hype : I Was Here.

 Mégane Flament, Elle magazine rubrique Bon plan (sorties)

Photographie prise durant l’exposition avec mon smartphone

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Le salon de Créations et Savoir-Faire fête sa 20ème édition!

Le plus grand salon de Créations et Savoir-Faire s’est déroulé du 18 au 22 novembre 2015 Porte de Versailles à Paris. Offrant une vraie découverte des nouvelles créations de l’année.

 

Le salon de Do It Yourself, Création et Savoir-Faire en partenariat avec le magazine Marie Claire a été réalisé au parc des expositions de Paris à Porte de Versailles. C’était l’événement révélateur de tous les tendances DIY de l’année 2016. De nombreux ateliers et animations a étaient mis en place pendant ces cinqs jours pour rencontrer avec les passionnées des loisirs créatifs.

Pour la 20ème édition du salon, on avait la participation de 350 exposants formé par des marques connus mais aussi des petits créateurs qui souhaitaient avoir un stand. Le salon s’adresse à tout public, du plus petit au plus grand, à tous les gens qui sont interessés par la création et le savoir-faire.

Cette année, le salon a proposé sept univers: le coin d’aiguilles et tradition avec du tricoter à crocheter et l’arts du fil, le coin de tendances mode et customisation avec des machines à coudre, le coin de papiers, scrap et couleurs avec différents supports de papier, le coin de maison créative et idées brico avec des idées de décoration, le coin d’idées gourmandes et festives avec des ateliers culinaire, le coin de village de Noël avec des idées de nouvelle création et le coin de village enfants avec des nouveautés spéciales pour les enfants.

Le salon de Créations et de Savoir-Faire est le plus grand workshop d’Europe avec plus de 500 ateliers créatifs proposés. On peut constater que le DIY est un marché qui devient de plus en plus important, plusieurs personnes commencent à investir. Les bloggeuses et les youtubeuses en utilisent très souvent dans leurs sites, suivant les tendances et les demandes de leurs lecteurs et consommateurs. Ces loisirs créatifs invitent les gens a utiliser davantage leur créativité et a personnalisé leur propre environnement avec des idées rénovatifs. Les loisirs créatifs sont aussi principalement une manière de se détendre en s’amusant avec sa créativité.

L’idée étant de créer, d’imaginer, de réaliser et d’apprendre à faire soi-même. Les créations faient rêver le public. Le large choix de thématique attire les gens qui veulent savoir les tendances et plus souvent les jeunes filles, les femmes et les mamans. Elles vient souvent avec des amies et partagent une journée de créativité tous ensemble. Les nouvelles tendances les interessent à coeur, elle veulent apprendre et être capable de le faire elle-même à la maison. Le salon est un lieu de partage et aussi l’adresse parfaite pour trouver des cadeaux et des décorations de noël, la date étant pas loin du tout. Un village de Noël est présent exceptionnellement cette année.

Ces cinqs jours les visiteurs étaient beaucoup interessés par les animations appartenant aux différents thématiques du salon. Ils ont eu lieu tous les jours à plusieurs horaires. Dans les animations culinaires, les chefs proposaient de nouvelles recettes pour de nombreuses occasions comme les fêtes, les jours spécials ou les anniversaires. Les visiteurs étaient très passionnée par les nouveaux recettes des chefs. Entre les univers, on pouvait aussi trouver un village Do It Yourself kids qui était fait que pour les enfants. Les parents ont eu l’occasion de trouvé des nouvelles idées de création à faire pour ou avec leurs enfants.

Le salon a eu un grand succès, il y avait plus de visiteurs par rapport à l’année dernière. Nous pouvons constater que tous les ans, ils ont de plus en plus de participants ce qui permet d’apporter des nouveautés aux thématiques. Grâce aux partenariat de Marie Claire, ils sont toujours au courant des tendances qui changent tous les années. À présent, le salon de Créations et Savoir-Faire n’a aucun concurrent et il est le seul salon DIY de la France, ce qui renforcent son succès et sa popularité.

Nous souhaitons une bonne continuation et espérons de le revoir en 2016 avec impatience! En attendant, on va tout de suite créer les nouvelles objets qu’on a appris à faire ce weekend.

 

Emine Akarca

Photo: http://www.creations-savoir-faire.com

 

Prolongation pour la première mondiale de l’exposition Beauté Congo à la fondation Cartier

Kiese na Kiese, huile et acrylique sur tissu, JP Mika, 2014 CRÉDITS : FLORIAN KEINEFENN COURTESY FONDATION CARTIER

Kiese na Kiese, huile et acrylique sur tissu, JP Mika, 2014 CRÉDITS : FLORIAN KEINEFENN COURTESY FONDATION CARTIER

«Beauté Congo» 1926-2015 Congo Kitoko a débuté le 11 juillet 2015, c’est la première fois qu’une exposition nous présente pas loin d’ un siècle d’art contemporain congolais à Paris. C’est à la prestigieuse fondation Cartier qu’on découvre une culture et un art empreint d’une terrible énergie à travers musique, sculpture, peinture, bande dessiné et photographie. Des précurseurs à la jeune génération on découvre des artistes pleins d’humour et de courage, qui passe à côté des règles pour laisser place à une profonde créativité.

«Mon ambition, c’est que le public ait accès à un corpus inconnu qui n’a pas eu droit à une page dans l’histoire de l’art écrite par l’Occident» explique André Magnin, commissaire de l’exposition «Beauté Congo» Congo Kitoko.

Selon André Magnin, passionné d’art africain l’art repose sur l’échange et le partage. Ce qu’il y a de nouveau dans cette exposition c’est l’intérêt que l’on porte à un art totalement étranger à l’histoire de l’art occidentale. «Kitoko» du lingala signifie la beauté, on peut le traduire par «Wouah !», la première réaction lorsque l’on découvre ces oeuvres riche en couleur, pleine d’humour, de grandeur et de folie.

L’exposition suit un certain parcours chronologique entre artistes précurseurs, peintres populaires, et jeunes artistes le tout bercé par une ambiance musicale congolaise que vous pouvez écouter à la fin de l’article. Les artistes précurseurs peignaient sur des cases, en 1926, Georges Thiry, administrateur belge découvre à Bukama ses formidables peintures. Il décide de donner papier et aquarelle afin d’immortaliser ces oeuvres. L’atelier «Le Hangar», aujourd’hui racheté par les beaux arts d’Elisabethville est fondé en 1946 par Pierre Romain Desfossés, ancien officier de la marine française. Aucune directive n’a était donnée à ces jeunes artistes qui ont pu bénéficier d’une précieuse liberté dans leurs oeuvres. L’art congolais s’est donc construit à travers lui même sans aucune influence que celle de l’histoire du pays.

Photographes et sculpteurs nous offrent leurs visions personnelles de Kinshasa. Jean Depara photographie en 1951 la vie nocturne à Kinshasa une ville cosmopolite qui connaît un développement. A l’aube de l’indépendance on ressent la fierté des congolais qui décident de sortir et d’exister. Ambroise Ngaimoko photographe, ouvre son studio photo à Kinshasa en 1971 il nous montre des jeunes sapeurs et athlètes congolais. Du côté des sculpteurs on découvre une ville imaginée par Bodys Isek Kingelez La ville de Sète en 3009, 2000, une ville ultra moderne et idéale dans laquelle les africains pourraient vivre. Ou encore La cité des étoiles, 2006 par Rigobert Nimi qui représente la conquête de l’espace.

Chéri Samba peintre congolais, créateur de l’expression « peinture populaire», il définit ainsi un style né en 1970 à Kinshasa. Les sujets naissent dans la vie quotidienne des sorties nocturnes, à la rumba en passant par la sape. Ces oeuvres émanent du peuple et sont pour le peuple. Les artistes adoptent parfois un regard critique mais toujours avec humour pour adoucir le message.

Une multitude de jeunes artiste née autour de 1980, émerge dans les années 2000. Ils créent en 2003 le collectif Eza Possibles, « c’est possible » en lingala. Leur but est de remettre l’art au plus proche des habitants, dans la ville. Il y a donc chez la jeune génération d’artiste une tendance à sublimer la pauvreté dans les rues.

C’est la première fois qu’on a ce type d’exposition à Paris il m’a semblé intéressant d’avoir le ressenti du public.

« L’exposition suit un parcours chronologique qui remet en scène l’Afrique à travers le Congo. Il ne s’agit pas seulement de l’évolution d’un pays mais de l’évolution des techniques pour représenter ce pays et ses enjeux au cours de l’histoire. On met dorénavant l’Afrique sur la scène artistique occidentale. Cette exposition vient combler le manque de représentation noir africaine en Occident ». Nora Ferahtia Daid, 21 ans, étudiante en 2ème année à la Sorbonne Paris 1 en histoire de l’art.

L’art congolais prône la liberté, il est joyeux et fière de son indépendance. Il dénonce avec humour mais détermination les inégalités de ce monde. Cette exposition marque un réel progrès en terme d’ouverture d’esprit. Congo Kitoko nous rappelles que l’art existe partout.

Exposition Beauté Congo: jusqu’au 10 janvier 2016, à la Fondation Cartier, 75014 Paris

LE DEUNFF Gwenaëlle

 

Paps Touré : « l’art-triste » de la rue.

Inspirée de l’univers d’Elliott Erwitt ou de Robert Doisneau, Paps Touré, photographe français d’origine Ivoirienne, a fait de la rue son terrain de jeu pour nous dévoiler un regard du monde à la fois critique, émouvant et bienveillant. Images fortes de notre société, livre à succès, ligne de vêtement, rien n’échappe à cet artiste haut en couleur. Portrait d’un enfant du 19ème arrondissement, prenant de plus en plus d’ampleur dans le paysage artistique Parisien.

Dimanche 1er Mars prochain, à l’endroit même où Paps Touré a grandit , sera organisé une vente spéciale des photographies originales de l’artiste. L’occasion pour nous de rencontrer ce personnage de 35 ans, au parcours atypique.

«Grâce à mes photos, je veux rendre à la rue ce qui appartient à la rue » Paps Touré

Ayant du mal à se présenter, sourire discret, Paps Touré se considère comme « un artiste par hasard ». C’est la photo qui est venu vers lui, et non l’inverse. Sans école, ni connaissances préalable des techniques de photographie, il parvient depuis cinq ans à se construire un nom dans cet univers jusque-là inconnu. Ce parisien dans l’âme, commence d’abord avec un simple appareil photo Nikon D40 à shooter ses deux chiens, des Staffies, pour immortaliser sa passion des bêtes « J’ai toujours eu des chiens, je les préfère aux humains car leurs regards me parle davantage».

Paps Touré : un amoureux des chiens.

Le  photographe, basket aux pieds, prend goût à l’exercice et ne quitte plus son appareil. A l’aide de son vélo, il arpente la capitale parisienne avec l’idée de figer les passants et les moments magiques qu’il ressent. Une journée d’hiver, tout bascule. Le photographe capte le regard d’un sans-abri d’une cinquantaine d’années depuis le pont de Stalingrad et ce cliché est alors un véritable choc émotionnel pour Paps Touré « Lorsque j’ai vu cette photo en rentrant chez moi, j’ai compris que je tenais quelque chose de magique. Je ne pouvais pas m’arrêter là».

Photographie sur le Pont de Stalingrad qui a tout fait basculer.

« Je me suis fait tout seul. Ma seule école c’est la rue et je lui appartiens. » Paps Touré

Artiste de la vie quotidienne, la rue devient ainsi le décor de sa thématique. En 2012 il sort son livre intitulé « Pas si simple », préfacé par Oxmo Puccino avec des images frappantes de réalité et de sensibilité. Sans retouche et par le biais du noir et blanc, il propose une série de photos sur les sans-abris, les amoureux, les vieux, les enfants, en soulignant le contraste sociale existant au cœur de Paris, avec toujours cette profonde volonté de raconter une histoire et de démocratiser l’art « Mon but est de capter un instant qu’on ne reverra jamais et que la plupart des gens ignorent, ou font semblant d’ignorer, pour le rendre immortel ».

Cliché d’un SDF prit dans la nuit parisienne.

Paps Touré se joue du décor pour accentuer le contraste sociale de notre société.

« Au-delà de l’artistique il y a une vraie visée sociale dans mon travail » Paps Touré

Mais Paps veut aller encore plus loin dans sa démarche, puisque il fonde en 2010 son association nommé 2-OR, permettant de venir en aide aux sans-abris en leurs proposant de véritables plats africains. Selon lui, l’art doit absolument être utile « J’organise régulièrement des maraudes pour distribuer nourriture, sourires, temps et vêtements. Je me devais de le faire ».

Malgré une enfance perturbée et un parcours atypique, Paps réalise aujourd’hui certains de ses rêves, en participant notamment à la campagne de publicité pour la  célèbre marque Jaguar ou encore avec sa collaboration avec le rappeur Booba. Récemment il a même a pu collaborer avec « Tealer », magasin de vêtements implanté à Paris, avec la mise en place d’une gamme de t-shirts à l’effigie de ses clichés, accompagné d’un message fort comme « J’ai toujours rêvé d’être un gangster » et en utilisant la dérision avec « Je peux pas j’ai chabbat ». Cette aventure permet à l’artiste une notoriété grandissante sur la toile comme il nous le confie « Depuis que je fais mes T-shirt je reçois des tonnes de messages sur mes comptes Instagram ou Facebook et on me propose pas mal d’autres projets c’est cool. Et puis le textile c’est une grande passion pour moi.»

Ligne de vêtement en collaboration avec Tealer.

« Les galeries c’est cool, mais la rue c’est moi »

Cet artiste urbain reste original même dans la manière d’exposer ses œuvres. Paps Touré cherche à chaque fois des endroits non conventionnels pour ses expositions comme les bars et les cafés (celui du Paname Art Café notamment). Cela lui vient d’une conviction simple « C’est l’art qui doit aller vers les gens et non l’inverse ». C’est pour cela qu’il a décidé d’organiser une vente spéciale le 1er Mars prochain, directement devant chez lui, pour vendre ses photographies originales et rencontrer des gens de tout horizons « Pour moi c’est l’occasion de partager mon travail et de créer une véritable famille. Il y a des collectioneurs, des chanteurs, des graphistes, des mamans … c’est ce mélange que j’aime retrouver.»

Paps Touré continue son aventure dans le monde artistique et à seulement 35 ans ce photographe en herbe n’a pas fini de nous surprendre !

Retrouvez le travail de cet artiste original, discret, et talentueux dans sa cour, le Dimanche 1er Mars : 2 rues de la solidarité 75019 Paris (et ça ne s’invente pas).

Voici quelques clichés de l’artiste sur le thème de l’amour, pour le découvrir davantage. 

Ryad Hamidouche.

Crédits Photos : https://www.facebook.com/pages/PAPS-TOURE-PHOTOGRAPHE (Facebook)

Publications visées : Le Parisien, Les Inrocks ou L’Express.