Inspirée de l’univers d’Elliott Erwitt ou de Robert Doisneau, Paps Touré, photographe français d’origine Ivoirienne, a fait de la rue son terrain de jeu pour nous dévoiler un regard du monde à la fois critique, émouvant et bienveillant. Images fortes de notre société, livre à succès, ligne de vêtement, rien n’échappe à cet artiste haut en couleur. Portrait d’un enfant du 19ème arrondissement, prenant de plus en plus d’ampleur dans le paysage artistique Parisien.
Dimanche 1er Mars prochain, à l’endroit même où Paps Touré a grandit , sera organisé une vente spéciale des photographies originales de l’artiste. L’occasion pour nous de rencontrer ce personnage de 35 ans, au parcours atypique.
«Grâce à mes photos, je veux rendre à la rue ce qui appartient à la rue » Paps Touré
Ayant du mal à se présenter, sourire discret, Paps Touré se considère comme « un artiste par hasard ». C’est la photo qui est venu vers lui, et non l’inverse. Sans école, ni connaissances préalable des techniques de photographie, il parvient depuis cinq ans à se construire un nom dans cet univers jusque-là inconnu. Ce parisien dans l’âme, commence d’abord avec un simple appareil photo Nikon D40 à shooter ses deux chiens, des Staffies, pour immortaliser sa passion des bêtes « J’ai toujours eu des chiens, je les préfère aux humains car leurs regards me parle davantage».
Le photographe, basket aux pieds, prend goût à l’exercice et ne quitte plus son appareil. A l’aide de son vélo, il arpente la capitale parisienne avec l’idée de figer les passants et les moments magiques qu’il ressent. Une journée d’hiver, tout bascule. Le photographe capte le regard d’un sans-abri d’une cinquantaine d’années depuis le pont de Stalingrad et ce cliché est alors un véritable choc émotionnel pour Paps Touré « Lorsque j’ai vu cette photo en rentrant chez moi, j’ai compris que je tenais quelque chose de magique. Je ne pouvais pas m’arrêter là».
« Je me suis fait tout seul. Ma seule école c’est la rue et je lui appartiens. » Paps Touré
Artiste de la vie quotidienne, la rue devient ainsi le décor de sa thématique. En 2012 il sort son livre intitulé « Pas si simple », préfacé par Oxmo Puccino avec des images frappantes de réalité et de sensibilité. Sans retouche et par le biais du noir et blanc, il propose une série de photos sur les sans-abris, les amoureux, les vieux, les enfants, en soulignant le contraste sociale existant au cœur de Paris, avec toujours cette profonde volonté de raconter une histoire et de démocratiser l’art « Mon but est de capter un instant qu’on ne reverra jamais et que la plupart des gens ignorent, ou font semblant d’ignorer, pour le rendre immortel ».
« Au-delà de l’artistique il y a une vraie visée sociale dans mon travail » Paps Touré
Mais Paps veut aller encore plus loin dans sa démarche, puisque il fonde en 2010 son association nommé 2-OR, permettant de venir en aide aux sans-abris en leurs proposant de véritables plats africains. Selon lui, l’art doit absolument être utile « J’organise régulièrement des maraudes pour distribuer nourriture, sourires, temps et vêtements. Je me devais de le faire ».
Malgré une enfance perturbée et un parcours atypique, Paps réalise aujourd’hui certains de ses rêves, en participant notamment à la campagne de publicité pour la célèbre marque Jaguar ou encore avec sa collaboration avec le rappeur Booba. Récemment il a même a pu collaborer avec « Tealer », magasin de vêtements implanté à Paris, avec la mise en place d’une gamme de t-shirts à l’effigie de ses clichés, accompagné d’un message fort comme « J’ai toujours rêvé d’être un gangster » et en utilisant la dérision avec « Je peux pas j’ai chabbat ». Cette aventure permet à l’artiste une notoriété grandissante sur la toile comme il nous le confie « Depuis que je fais mes T-shirt je reçois des tonnes de messages sur mes comptes Instagram ou Facebook et on me propose pas mal d’autres projets c’est cool. Et puis le textile c’est une grande passion pour moi.»
« Les galeries c’est cool, mais la rue c’est moi »
Cet artiste urbain reste original même dans la manière d’exposer ses œuvres. Paps Touré cherche à chaque fois des endroits non conventionnels pour ses expositions comme les bars et les cafés (celui du Paname Art Café notamment). Cela lui vient d’une conviction simple « C’est l’art qui doit aller vers les gens et non l’inverse ». C’est pour cela qu’il a décidé d’organiser une vente spéciale le 1er Mars prochain, directement devant chez lui, pour vendre ses photographies originales et rencontrer des gens de tout horizons « Pour moi c’est l’occasion de partager mon travail et de créer une véritable famille. Il y a des collectioneurs, des chanteurs, des graphistes, des mamans … c’est ce mélange que j’aime retrouver.»
Paps Touré continue son aventure dans le monde artistique et à seulement 35 ans ce photographe en herbe n’a pas fini de nous surprendre !
Retrouvez le travail de cet artiste original, discret, et talentueux dans sa cour, le Dimanche 1er Mars : 2 rues de la solidarité 75019 Paris (et ça ne s’invente pas).
Voici quelques clichés de l’artiste sur le thème de l’amour, pour le découvrir davantage.
Ryad Hamidouche.
Crédits Photos : https://www.facebook.com/pages/PAPS-TOURE-PHOTOGRAPHE (Facebook)
Publications visées : Le Parisien, Les Inrocks ou L’Express.