« Je fais des photos que tout le monde pourrait faire mais que personne ne fait. » déclara un jour Raymond Depardon. Le célèbre photographe français expose du 14 novembre 2013 au 10 février 2014 au Grand Palais. L’exposition intitulée « Un moment si doux » est consacrée à la couleur dans l’œuvre de l’artiste et regroupe plus de 150 photographies prises aux quatre coins du monde. La plupart sont des images inédites. Mais cette phrase de Raymond Depardon est-elle toujours valable aujourd’hui ?
« Un moment si doux » nous propose des photographies de choses simples, parfois familières comme cette table et cette chaise en formica rouge. On passe devant chaque jour mais on n’y prête pas attention. On ne pense pas à les immortaliser. Cependant il est vrai qu’à l’heure où chacun peut prendre des photos de bonne qualité avec son smartphone et où les clichés des choses les plus banales (notamment ce qu’on a mangé à midi) sont partagés sur les réseaux sociaux comme Instagramm, il est légitime de se poser la question. En effet, nous sommes de plus en plus nombreux à prendre des photos. Non seulement car c’est plus simple : il n’y a qu’à sortir son téléphone mais aussi car c’est plus ludique, avec toutes les applications qui existent, on est vite tenter de s’essayer à la photographie.
Malgré cette généralisation et cette facilité à photographier, ne s’improvise pas artiste qui veut. Les clichés de Raymond Depardon sont tous sublimés par une indéniable lumière qui rend chaque couleur un peu plus intense. Même les endroits les plus sinistres comme Glasgow, ville à laquelle l’artiste a consacré une série, paraissent lumineux. D’autres reportages ont été sélectionnés par le photographe et Hervé Chandès, directeur de la Fondation Cartier et commissaire de l’exposition dont notamment un au Chili sur les indiens Mapuches ou encore celui à Beyrouth dans lequel sont capturés des moments de vie quotidienne dans une ville en proie à la guerre civile.
Pas sûr que nos photos de voyage à nous soient aussi exotiques. Raymond Depardon est un grand voyageur qui est retourné dans cinq pays cette année pour réaliser de nouvelles séries de photos spécialement pour l’exposition : notamment en Ethiopie, au Tchad, en Bolivie, à Hawaï et aux Etats-Unis. Cette diversité dans les endroits photographiés a semblé plaire aux nombreux visiteurs. Parmi eux, Virginie Pichelin déclare : « Je ne regrette pas d’être venue, à travers ses photos j’ai pu voyager l’espace d’un instant. »
Mais le reporter n’oublie pas sa terre natale. L’exposition débute d’ailleurs sur les photos qui évoquent son enfance, sa famille. On y voit par exemple ses parents ou encore la ferme où il a vécu, qui nous rappellent nos propres clichés de famille. En attendant toujours plus de pixels sur nos téléphones on peut toujours s’exercer à la façon de Raymond Depardon en tentant de gagner un appareil « La Sardina » grâce au concours organisé par le Grand Palais et Lomography. Pour cela il suffit de raconter son plus beau souvenir photographique. Les deux plus beaux seront récompensés, que le meilleur gagne !
Maigre Joséphine
Source photos : Raymond Depardon
Pour : L’Express
Les Sorbonne Nouvelles 
Un bon compte rendu de l’expo avec un peu d’analyse et nuance; vous pouvez nous dire plus sur lui la photographe (il est vivant? Etc.); vous écrivez clairement et la structure est bien organisée. – BP