Michael Bunel, dans les tranchées du photojournalisme indépendant

Alors que les féroces affrontements entre le gouvernement ukrainien et les rebelles pro-russes ont toujours lieu à l’Est de l’Ukraine, le reportage de Michael Bunel autour de la Guerre du Donbass a démarré le cycle Les Escales : Images du réel, dédié entièrement au photojournalisme, qui se déroule au Centre d’Animation La Grange aux Belles à Paris depuis le 14 octobre et jusqu’au 19 juin 2015.

La série, l’une des six sélectionnées par la Mairie du 10ème arrondissement de Paris pour l’exposition, révèle l’angoisse quotidienne vécue par les habitants et les séparatistes de Sloviansk, où Bunel s’était installé au début du conflit. Logé à côté d’un QG pro-russe, le photographe voulait être au plus près de l’action et un peu sous le feu, « comme le suggérait Robert Capa », confie-t-il.

Des séparatistes pro-russes dans les tranchées de Sloviansk, en Ukraine © Michael Bunel, 2014

Des séparatistes pro-russes dans les tranchées de Sloviansk, en Ukraine © Michael Bunel, 2014

Cependant, ce jeune photographe freelance né il y a trente ans à Vaux-sur-Seine, ne possède pas les ressources du fondateur de Magnum. Même s’il travaille depuis plus d’un an pour deux agences – NurPhoto et Réservoir Photo– de manière indépendante, il lui aura fallu réunir d’arrache-pied la somme nécessaire pour partir sur le terrain à travers du système du crowdfunding.

« Pour travailler sur les sujets que l’on veut, il faut investir son propre argent », reconnaît Bunel, qui compte entre ses travaux des reportages sur les manifestations turques au Gezi Parc, des émeutes à la frontière syrienne, des actions citoyennes contre l’austérité en Espagne et plusieurs séries réalisées avec des enfants handicapés en Inde, dont une au Bihar qui a servi de témoignage pour libérer de prison un prêtre français erronément accusé de prosélytisme.

Cet énérgique entrepreneur, installé à Paris depuis 2004, admire depuis son adolescence les photographes qui « parcourent la marche du monde et de leur œil essayent de la retranscrire », selon il raconte. Pourtant, diplômé en 2006 de l’École MJM, il débute ses prises de vue dans des concerts reggae, reléguant sa vocation journalistique au statut de hobbie jusqu’en 2012.

C’est lors de sa visite au festival Visa pour l’Image de cette année là, dédié à Rémy Ochlik, jeune photoreporter tué quelques mois plus tôt lors d’une frappe aérienne en Syrie, que sa carrière vire radicalement.

Du fait qu’il avait failli faire ses études à la même école que son confrère, les images des reportages de guerre en exposition, dont celles d’Ochlik, lui interpeleront, lui bouleverseront. « Je me suis rappelé que c’était pour cela que je m’étais mis à faire de la photo », déclare Bunel. C’est à ce moment-là qu’il décide de consacrer tous ses ressources à donner un visage aux démunis et à dénoncer publiquement les atrocités de la guerre qu’il considère insupportables.

Une dame ramène des fleurs pour les victimes de la massacre des syndicats à Odessa, en Ukraine © Michael Bunel, 2014

 

« Tu tapes à toutes les portes et tu sacrifies parfois ta vie personnelle et tes économies », explique le photographe qui, deux ans après, à force d’envoyer ses portfolios inlassablement aux agences et aux médias, a réussi à placer ses images dans plusieurs publications de presse renomées, telles que Le Monde, Libération, Newsweek ou Time Magazine.

Parfois à l’aide du financement participatif, comme c’était le cas pour l’Ukraine, il continue à assumer lui-même les coûts pour partir sur le terrain en dépit du péril, qui peuvent impliquer d’un billet d’avion jusqu’à un gilet pare-balles, sans aucune garantie de vendre ses images un jour. Pour Bunel, tout cela se justifie : « On prend des risques parce qu’on y croit », assure-t-il. Néanmoins, les contraintes de son projet humaniste, qui peut sembler utopique pour certains, ne l’empêchent pas d’envisager prochainement de faire des reportages à Gaza, Kobané, ou encore en Ukraine cet hiver.

Quant à sa bataille pour changer le monde muni de son appareil photo comme seule arme, il est implacable devant le scepticisme : « Si l’on n’a pas cette once d’espoir, on n’a rien à faire dans ce métier », affirme de manière catégorique ce talentueux reporter qui n’a pas encore shooté son dernier déclic.

Vous pouvez visiter le website de Michael Bunel.

CAROLINA ROSENDORN

Publications : Photophiles Magazine / Lesphotographes.com / Slash Paris / Quotidiens et Hebdomadaires dans la Rubrique Culture  / Paris.fr / Le Parisien

Source images : Michael Bunel

2 réflexions sur “Michael Bunel, dans les tranchées du photojournalisme indépendant

  1. Un très bon portrait sur ce photographe. Je vois bien ce que vous voudriez faire avec l’attaque, et je pense que cela marche – on attend les actualités mais cette attente marche dans ce cas. Les images, la source, et l’organisation me semblent OK, il faut juste faire attention à ne pas faire des paragraphes trop longues. Il faut revisiter les citations peut-être, même si elles sont utiles. Il faut résumer certaines citations qui ne sont pas forcément uniques. Gardez les parties les plus intéressantes. Mais c’est juste un peu de rédaction, sinon tout es là pour un très bon article.-BP

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