Mona Lisait, et lit encore

Il y a quelques années encore, les nombreuses librairies Mona Lisait accueillaient étudiants, passionnés de mode et amateurs de photographies aux quatre coins de la capitale. Aujourd’hui, il n’en reste qu’une, ou plutôt « qu’un » : David Peyre. Ce feru de beaux-arts a su développer le métier de soldeur pour offrir toujours plus de belles pièces à petits prix à sa fidèle clientèle.

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Le Café Curieux : une caverne d’Ali Baba à Paris

 

Une fois la porte poussée, vous entrerez dans un lieu qui ne ressemble à aucun autre mais qui paraît pourtant si familier. La curiosité est un vilain défaut ? Ici, l’adage n’a pas lieu d’être.

En plus de trouver de quoi se sustenter, le café propose par centaines (non loin sans exagérer), des objets en tout genre : allant du livre de recettes de cuisine, à la lampe de chevet, en passant pIB7A4479ar les chaises sur lesquelles les visiteurs s’assoient pour prendre un thé ou café. Tout est à vendre, même les tables ! Il s’agit là d’une brocante permanente et qui n’a de cesse de se transformer.

Pourquoi est-ce un lieu si familier ? Par l’ambiance toute particulière qui s’en dégage. C’est comme si l’on se retrouvait chez sa grand-mère ou sa tante à prendre le thé. On y trouve de vieilles tasses en porcelaine (cf Dolores Ombrage dans Harry Potter en beaucoup moins terrifiant) mais aussi plusieurs marqueurs du temps, comme ce journal d’août 1949, un sac de grande marque datant des années 60, ou encore des ouvrages aux pages jaunies.

Malgré tout cela, le patron, Antoine ne ressemble pas vraiment à une grand-mère. Après des études en art, ce photographe décide de reprendre les lieux en main et d’y installer les bureaux de son collectif « Le Garage ». Cet endroit qui appartient à sa famille était au début du siècle dernier, une brasserie où les tanneurs du quartier venaient prendre un verre pour décompresser. De cette époque  il ne reste que le monte-charge (logo du collectif), qui confère à la pièce un charme et une authenticité touchante, ainsi que l’ambiance familiale si particulière aux troquets des coins de rue. Quant au sol, c’est une fresque géométrique réalisée par un ami (Alexis Masurelle) qui orne l’espace à merveille.

L’autre particularité du Café Curieux, c’est le choix, et surtout les prix : café à 1€, pâtisseries maison à 2€ IB7A4438(souvent réalisées par la maman d’Antoine), jus de fruits frais à 3€, et cerise sur le gâteau, pour 2.50€, le thé (ou plutôt la théière).

L’ensemble des produits servis viennent du quartier. On retrouve également cette idée avec les Paniers Bio du Val de Loire. Le café fait office de point de dépôt, où les abonnés des paniers peuvent y récupérer leur commande chaque semaine. (Plus de précisions en suivant le lien en bas de l’article).

Les objets chinés proviennent de brocantes, comme celles qui ont parfois lieu rue Mouffetard, ou bien des Puces de St Ouen. Petite précision : dans le café, tout a été chiné, y compris le bar. Le seul objet non chiné c’est le réfrigérateur !

En plus de découvrir des objets insolites (comme une bouteille de bière japonaise, vestige d’un événement historique) vous pourrez admirer les œuvres d’artistes qui viennent occasionnellement exposer au café.

Le Café Curieux accueille également un samedi sur deux l’association « Réfugiés Bienvenue », qui permet à des demandeurs d’asile ou bien des réfugiés de passer un agréable moment dans ce cadre unique.

Antoine imagine de plus en plus l’avenir du café, notamment avec l’idée d’une pause salé ou des expositions artistiques plus fréquentes, avec en bonus des cours de dessin.

Finalement, le café est une œuvre d’art qui est en perpétuelle évolution. .

Petite anecdote, l’objet préféré d’Antoine : « des dés truqués que j’ai offerts à uIB7A8321n ami pour son anniversaire » raconte-t-il avec enthousiasme. Ces dés, il les a trouvés lors d’une de ses expéditions aux puces de St-Ouen. Leur particularité : ils ont été fabriqués par un petit malfrat dans les années 1920.

Antoine connait l’histoire de chaque objet qui peuple son café. « J’ai l’impression de faire de l’archéologie ! […] Métier que je voulais faire étant petit. »

Si vous êtes curieux, fouineurs ou simplement flâneurs, vous saurez désormais où vous rendre ! Le café est ouvert du mardi au vendredi de 12h à 19h et de 13h à 20h en weekend.

Clara Luccarini

 

Adresse : 3 rue Scipion, 75005 Paris

Horaires : mardi au vendredi de 12h à 19h

samedi et dimanche de 13h à 20h

https://www.facebook.com/lecafecurieuxparis/?fref=ts

https://www.instagram.com/lecafecurieuxparis/

https://www.instagram.com/alexismasurelle/

https://www.facebook.com/refugiesbienvenue/?fref=ts

https://www.facebook.com/lespaniersbioduvaldeloire/?fref=ts

crédit photos : lecafécurieuxparis

Publication envisagée : TimeOut Paris

mots : 660

 

 

 

 

 

 

 

Berengère Friess, portrait d’une jeune photographe en devenir.

Bérengère Friess

Ce festival met en avant de jeunes talents avec un nouvel univers qui exerce le métier qu’ils ont toujours voulu faire.

Qui ne peut se féliciter à l’âge de 24 ans de vivre de sa passion ? C’est l’histoire de Bérengère Friess, une artiste de talent qui à travers ses clichés nous plonge dans un univers doux-amère.

C’est en 2014 que Berengère a été diplômée de l’école de Condé avec une spécialisation dans la photographie après une année en classe préparatoire aux ateliers de Sèvres.

-Un parcours atypique

Cependant Bérengère n’a pas dès le début aspiré à un avenir dans la photographie.

Elle commença par le théâtre, au cours Florent, dans un univers où les personnes sont acteurs et non spectateurs. Cette position lui permit d’évoluer dans un milieu artistique tout en s’intéressant particulièrement à la mise en scène, ce qu’elle nous explique : « je préférais faire jouer les personnes, qu’elles me racontent une histoire ». C’est cette aspiration qui la poussa à passer de l’autre côté de l’objectif.

-Un statut indépendant

L’enseignement qu’a suivi Bérengère lui permit de développer ses compétences dans le domaine photographique mais aussi de choisir le statut le plus adapté à son profil.  Son choix se porta sur le statut d’auteur grâce auquel elle bénéficie du statut de photographe. Cela lui donna la possibilité dès l’obtention de son diplôme d’effectuer des assistanats auprès de nombreux photographes de renoms.

-Un univers à part entière

 La mise en scène est une notion primordiale dans le travail de Bérengère, qui a le souhait de faire entrer le modèle dans son idée, qu’il se retrouve dans la photo. L’instantanéité du moment ne fait pas partie de son travail, il y a une recherche de contexte où chaque détail est important. C’est dans les moindres détails que la compréhension du travail se trouve et permet de comprendre le projet de l’artiste. Dans sa série « métamorphose », Bérengère nous raconte l’histoire de chaque modèle à travers une romantisation des personnages. Chacun est méticuleusement choisi afin qu’elle ait une connexion avec la personne photographiée. C’est cette approche qui rend son travail si précis et profond.

Les couleurs, le côté illustratif, les formes mais aussi l’histoire de chacun et chacune se retrouvent dans chaque série de cette jeune photographe passionnée, qui a de nombreuses références dans ce domaine comme Philippe Lorca Di Corcia ou encore Jean Paul Goude, avec qui elle a eu l’occasion de travailler.

Les sujets d’actualités se retrouvent également dans le travail de Bérengère Friess qu’elle traite avec une touche d’humour. Ses photographies sur la thématique « Queer » illustrent bien ce parti pris : « Mon jeu de cartes représente de nouvelles têtes Queer, qui remplacent les rois, reines, valets… j’ai voulu adapter l’évolution de la société et les nouvelles mœurs à un jeu plutôt classique qui n’évolue pas ».

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C’est cet univers original qui a permis à Berengère de se démarquer des autres artistes et de participer à ce festival dans lequel elle a la chance d’exposer au 104 à Paris.

-Une aspiration féministe

Se considérer comme étant une féministe engagée ne serait pas véridique cependant la place de la femme reste un sujet important dans le travail de B. Friess qu’on retrouve dans sa série « Dolls ». Son travail dénonce la maltraitance que certaines femmes ont subi « j’ai décidé de représenter ses femmes afin de dénoncer ce fléau, des femmes qui se servent du maquillage comme armure, pour se protéger dans cette société, où le paraître nous habille ».

-Des projets plein d’avenir

 Depuis sa sortie de l’école de Condé, grâce à son univers à elle et la perfection de ses photos, Bérengère a trouvé du travail en faisant de l’assistanat et en travaillant sur de nombreux projets. Dans un univers où la concurrence est rude, son travail est reconnu, et aspire à de nombreuses publications.

Travailler dans le domaine artistique a toujours été quelque chose d’essentiel pour Bérengère qui ne se voyait donc pas vivre de quelque chose qui n’est pas sa passion.

Selon Bérengère « être exposée durant ce festival qui met en avant de nouveaux talents, est un tremplin pour moi et m’ouvre de nouvelles portes ». Une exposition à ne surtout pas manquer.

Solène Arrata

Mots : 685
Publication : "Magazine photo" et le "Wad"
Crédit photo : Bérengère Friess official Facebook

Penser la place du corps dans l’art avec Helena Almeida

Jusqu’au 22 mai 2016, le musée parisien du Jeu de paume met à l’honneur l’artiste portugaise Helena Almeida en lui consacrant la rétrospective « Corpus » qui réunit ses dessins et ses photographies peintes les plus connues. Récit d’une exposition intrigante, quelque part entre l’abstrait, le contemporain et le surréalisme.

A l’occasion de l’édition 2016 du Printemps culturel portugais, Paris découvre Helena Almeida, photographe renommée au Portugal pour avoir représenté le pays à deux reprises à la Biennale de Venise, en 1982 et en 2005.

Tout commence en 1934, à Lisbonne, lorsqu’elle naît en pleine dictature militaire, d’un père sculpteur officiel du régime fasciste et pour qui elle posait souvent étant enfant, durant des heures interminables où elle devait rester immobile et silencieuse. Et puis, un jour, dans les années soixante, la jeune femme a choisi de devenir, elle-même, artiste et de s’émanciper de la tutelle paternelle.

Aujourd’hui, Helena Almeida a passé la barre des quatre-vingt ans et le musée du Jeu de paume a souhaité rendre hommage à sa longue carrière en partageant les œuvres majeures de son corpus dans une exposition éclairante et accessible à tous les publics.

Dans un premier temps, l’organisation chronologique de la rétrospective est agréable car elle permet de mieux comprendre comment le travail de l’artiste a évolué au fil du temps, d’autant plus que celui-ci est installé dans de grandes salles silencieuses qui refusent d’accueillir plus de vingt spectateurs à la fois, pour conserver une certaine solennité.

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Pintura habitada, crédits : Fundaçao de Serralves

Ensuite, les salles dégagent toutes un charme différent, la première est étonnante car elle met à l’honneur le travail expérimental de l’artiste et son jeu avec la toile, qu’elle déchire ou qu’elle porte comme un vêtement. Quant aux autres, elles présentent notamment les inoubliables autoportraits en noir et blanc d’Helena Almeida, recouverts de peinture bleue dans la série Pintura habitada (Peinture habitée, 1976) et accompagnés de dessins et de films réalisés dans son atelier.

Grâce à ce parcours semé de panneaux explicatifs, le spectateur découvre une artiste non conformiste et très originale qui est, en fait, bien plus scénariste et metteuse en scène que photographe étant donné qu’elle n’appuie que rarement sur le déclencheur de l’appareil photo – c’est son mari qui s’en charge – mais préfère réaliser, au préalable, une série de croquis détaillant les postures qu’elle adoptera en tant que modèle.

 

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A gauche : Dentro de mim, crédits : Laura Castro , Caldas et Paulo Cintra A droite : Seduzir, crédits : Coll. CAM – Fundaçao Calouste Gulbenkian

 

Des postures mises en valeur par le musée du Jeu de Paume qui a choisi d’organiser cette rétrospective autour de la place qu’occupe le corps dans l’œuvre d’Helena Almeida et en exposant des photographies la représentant recroquevillée dans Dentro de mim (A l’intérieur de moi, 1998) ou vieillie et cambrée dans Seduzir (Séduire, 2002).

Clara a visité l’exposition et elle semble apprécier la thématique proposée par le musée : « Je trouve le mélange de la peinture et de la photographie vraiment original et contemporain. J’apprécie aussi le côté ultra féminin : la sensualité, la séduction et le corps féminin sont très présents et son travail est très féministe. »

Le choix du Jeu de paume de se focaliser sur l’importance du corps semble, aussi, concorder avec la philosophie de l’artiste qui tient en quelques mots : « my work is my body, my body is my work », et qui est bien mise en valeur par un agencement des photographies permettant au spectateur de voir le corps de l’artiste prendre de l’âge au fur et à mesure de sa déambulation entre les salles.

Marie, une autre visiteuse de l’exposition, semble ravie de ce qu’elle vient de voir : « J’aime sa façon de mettre en scène le corps qui occupe l’espace, on a l’impression de mouvement. Il y a aussi plein de métaphores, c’est très poétique. En plus, elle nous fait entrer dans son atelier et dans son intimité, elle joue avec la matière et n’a pas peur de se mettre en scène et de s’abîmer aussi, c’est beau. »

C’est donc la beauté de l’œuvre qui marque les esprits des spectateurs à leur sortie du musée, mais aussi l’engagement de l’artiste dont la mise en scène du corps est révolutionnaire et politique dans les années soixante puisqu’il fait écho au mouvement mondial de libération de la femme qui réclamait, dans différents pays occidentaux, un libre accès à la contraception et à l’avortement.

Joao Ribas, co-commissaire de l’exposition, affirme d’ailleurs que « l’utilisation de la photographie et la focalisation sur le corps montre une perspective féministe claire » chez Helena Almeida. Tout un programme, donc, pour une exposition ludique et presque philosophique qui enchantera les petits et les grands, les initiés comme les novices.

 

« Helena Almeida, Corpus »,
Jusqu’au 22 mai 2016,
Musée du Jeu de Paume, 1 place de la Concorde, Paris 8e
Tous les jours sauf le lundi : 11h-19h, le mardi jusqu’à 21h
Tarif plein : 10€, tarif réduit : 7,50€

 

Anne-Flore Buisson-Bloche.
705 mots.
Publication envisagée : Télérama, L’Obs, M le magazine du Monde.

Ugo Mulas: à la découverte de l’art côté coulisse

La Fondation Henri Cartier Bresson propose une exposition inédite et hommage à cet artiste emblématique, à l’occasion de la publication, pour la première fois en français, de son dernier livre « La Photographie ».

Ugo Mulas reste encore un personnage méconnu du public Français. Pourtant, il est une figure majeure du XXème siècle de la photographie italienne et plus largement européenne.

Il fût un artiste curieux du monde, qui a investi des horizons peu explorés jusque-là. Cette soif de la découverte imprègne l’exposition La Photographie. Celle-ci, d’une soixantaine de tirages en noir et blanc d’époque issus essentiellement de son ouvrage, se tient jusqu’au 24 avril 2016 à la Fondation Henri Cartier Bresson, au 2 Impasse Lebouis dans le 14ème arrondissement de Paris.

Logo de la Fondation présent sur ses murs

Logo de la Fondation présent sur ses murs

Il s’agit d’une exposition qui retrace son expérience personnelle et singulière de l’artiste autodidacte qu’il a été.  Ugo Mulas pose les interrogations marquant sa réflexion artistique. Il ne se contente pas de créer l’art, mais le contemple et questionne étonnamment sa propre action.

Derrière un nom d’exposition simple, se dévoile l’une des complexités de l’art. Celle du processus créatif. Elle représente le cheminement d’un photographe à la recherche de ce qui fait la valeur de l’art, même après vingt ans de pratique.

Comme dans un livre

C’est une exposition, établie sur les deux étages de la Fondation, qui s’offre en toute modestie avec des pièces  d’un blanc immaculé. La première, relativement sombre, se différencie de la seconde qui baigne dans la lumière du jour. Ces pièces ne font qu’accentuer la présence forte des clichés en noir et blanc accrochés aux murs. Mais ce qui attire également le regard, ce sont les citations plus ou moins longues écrites en noir sur ces murs blancs signées d’Ugo Mulas. Le visiteur peut y lire ses interrogations et sa pensée: « le but était pour moi de toucher du doigt le sens d’opérations répétées cent fois par jour pendant des années, sans jamais prendre le temps de les considérer en elles-mêmes ».

Lors de l’entrée dans cette exposition s’opère un passage dans une temporalité nouvelle: Ugo Mulas fait le portrait d’artistes qu’il a pu côtoyer dans les années 1950 et 1960 . Il s’immisce, en toute discrétion, pour capturer le geste artistique ou son absence et juste saisir la réflexion qui les anime.

La salle d'exposition

La salle d’exposition

C’est un Andy Warhol, icône du Pop Art, plongé dans une réflexion artistique profonde caché derrière des lunettes sombres, que le visiteur découvre au sein même de son atelier empli de fleurs. Cette icône du Pop Art se prête au jeu à poser face à un objectif qu’il semble fixer de façon intensive, voire intimidante. Sur un autre cliché, Andy Warhol passe à l’action sous l’œil attentif de son bras droit, Gerard Malanga également artiste américain. Warhol porte un sourire malicieux aux lèvres,  tout en manipulant son outil d’invention artistique pour créer une œuvre nouvelle, achèvement d’une maturation d’idées.

Les photos de l'exposition présentant Warhol

Les photos de l’exposition présentant Warhol

Une autre séquence de clichés montre Jasper Johns, peintre et dessinateur américain, en train de peindre. La tête inclinée, le dos courbé derrière lequel il cache son bras gauche, il travaille sur une grande toile accrochée au mur.Ce qui intrigue, c’est que l’ombre du peintre est prépondérante provoquant un sentiment d’envahissement.Ugo Mulas présentera les planches contact de cette série. Un acte fort symbolisant le caractère exceptionnel de chaque instant: ils se valent tous.

Tout le côté remarquable de cette exposition se trouve finalement dans la conception des clichés, qui se veut atypique. C’est la première fois qu’un artiste plonge les visiteurs, qui sont finalement les destinataires des œuvres, dans l’envers  du décor. Cette exposition ose sortir des cadres habituels et ne présente pas des produits artistiques finis, mais un processus de création actif.

C’est précisément ce qui a attiré l’un des nombreux visiteurs, Enes Kefeli, un étudiant en licence de droit, qui confie que pour sa première exposition photographique, il « apprécie de découvrir une approche si différente de la part d’un artiste, qui prend du recul sur ce qu’il fait et sur la réalité du monde qui l’entoure, mais dont la vision est malheureusement peu répandue ». Ce novice ajoute que « ce qui est tantôt impressionnant, tantôt intriguant est de visualiser une inactivité, dans le processus artistique, aussi significative qu’une labeur intense ».

Anna-Maria Lech

699 mots

Crédits photos: Anna-Maria Lech

Publication visée: Le Monde, Le Point aux rubriques culture; À nous Paris 

A Paris cet hiver : Première exposition mondiale du maître Martin Scorsese

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Photographie de Martin Scorsese tenant une photographie de sa famille

Une exposition sur le réalisateur américain, Martin Scorsese, se tient depuis ce 20 octobre 2015 et continuera jusqu’au 14 février prochain à la Cinémathèque française de Paris-Bercy : c’est une première mondiale ! Elle permettra aux novices ou pseudo-novices (catégorie dans laquelle nous nous trouvons à peu près tous), de découvrir et aux cinéphiles dans l’âme de re-découvrir les splendides classiques du réalisateur. Si nous devions citer quelques mots pour décrire Scorsese : américain, réalisateur, succès, le Loup de Wall Street, Shutter Island, Casino, génie du cinéma, apprécié, reconnu… On pourrait même en dire plus grâce à l’exposition : un amoureux éperdu de DeNiro et DiCaprio, fan de Hitchcok, travailleur acharné mais doté d’un génie certain et certainement complètement psychopathe. Boutade mise à part, connaissons-nous vraiment ce génie du septième art ?

C’est dans une ambiance très intimiste que l’on peut directement s’immerger vers les prémices de l’exposition, dans une sorte de sas où l’on est plongé dans des scènes particulièrement marquante de ces films cultes : voix sur fonds noires, ambiance sombre et vibrante.

L’exposition qui s’en suit apparait sous forme d’une rétrospective sur Martin Scorsese permettant de se plonger dans « l’univers du réalisateur américain » qui selon Catherine ; 68 ans, traductrice à la retraite qui s’est elle-même trouvée dans le milieu cinématographique et donc personnellement influencée par le réalisateur ; est dessiné comme quelque chose « d’intelligent et pertinent ». On a une représentation assez significative de l’intégralité des influences qui ont bercé le jeune Martin : aspirations religieuses, culturelles et urbaines au sein du quartier de New York, Little Italie alliant les gangs et son environnement de sécurité familiale. Cette dernière notion est par ailleurs capital pour lui et se trouve au coeur de beaucoup de ses oeuvres.

On peut aussi voir peindre ses méthodes de travail à l’aide d’objet créer directement par ses soins comme plusieurs photographies, Storyboards, costumes, affiches, objets cultes, que certains de ses proches ont rassemblé pour ce que le dossier de presse de la Cinémathèque appelle : « la plus grande exposition jamais organisée sur le réalisateur ». Scorsese se trouve réellement acharné dans la réalisation de ses films, allant lui même en repérage des lieux de tournage, prendre le soin de dessiner chaque plan, tenu, mouvement, ainsi que le contrôle et la direction de chaque étape du montage des scènes et c’est ce d’où selon moi provient son succès (talent inée mis à part) : son acharnement à la cohérence.

Et dire, que ce cher virtuose du cinéma souhaitait à la base être photographe. Nous serions passé à coté du magnifique Les Affranchis, du mythique Casino et du tellement dévergondé  Taxi Driver. Martin Scorsese, c’est également une grande histoire d’amour avec ces acteurs que l’on sait trop apprécié dont Robert DeNiro, Leonardo DiCaprio, Sharon Stone et tant d’autres.

Pour cet acteur majeur du cinéma, l’histoire inclue dans la conception et la réalisation d’un film n’est pas seulement de faire des films mais les raconter, faire passer un message peut-être pas seulement de se dire lorsque nous sortons d’une séance de cinéma « oh quel bon film », « superbement bien réalisé » mais de comprendre comment cela à été réaliser et dans quel but, qu’est-ce qui se cache derrière ce que l’on me montre.

Les journées plutôt calme favorise l’immersion totale au coeur du sujet et après un peu plus de deux heures à gravité dans les petites parcelles dont le réalisateur de talent veux bien partager avec nous cependant selon Jérémy, 24 ans, étudiant en cinéma, cela est peut-être un tantinet trop court, « on veux en voir plus », effectivement on sort de l’exposition un peu sur sa faim, obligé de courir voir ou re-voir l’intégralité de la filmographie du grand Martin Scorsese que bien évidemment nous propose d’acheter la cinémathèque à la fin de l’exposition en plus de plusieurs autres goodies aux effigies du génie, de ses oeuvres et ses collaborateurs prestigieux.

En bref, chères lectrices et lecteurs, on ne serait trop vous conseillez d’aller faire un petit tour car et puis zut, c’est la première exposition et la plus grande exposition mondiale de Scorsese. C’est toujours bien de pouvoir se dire un jour proche ou lointain, autour d’un verre de vin en plein milieu d’une soirée hype : I Was Here.

 Mégane Flament, Elle magazine rubrique Bon plan (sorties)

Photographie prise durant l’exposition avec mon smartphone

697 mots

Drones, photos à 360° et selfies : retour sur le Salon de la Photo 2015

Plus de 75 000 amoureux de la photographie se sont donnés rendez-vous au Parc des Expositions de Paris du samedi 5 au mercredi 9 novembre. Un événement qui marque l’engouement des professionnels et des amateurs pour cette activité.

Même si les ventes d’appareils ont chuté à cause de l’essor des smartphones et tablettes numériques, les amateurs et professionnels du 8ème art étaient présents à cet événement. Au programme des conférences dont celle de Cyril Drouhet, le rédacteur en chef photo du Figaro Magazine, des rencontres avec des professionnels comme Théo Gosselin, l’auteur de la photographie à l’affiche du salon de cette année.

Affiche Salon de la photo copyright Théo Gosselin

Un secteur en perdition

Cet événement est aussi l’occasion pour les visiteurs de tester le nouveau matériel ainsi que les nouvelles tendances dans le domaine de la photographie. Phénomène grandissant depuis quelques années, les drones ont été mis à l’honneur avec un espace dédié de 66m² où les curieux ont pu faire voler certains modèles et découvrir des ateliers sur la photographie aérienne. Si ces appareils volants étaient utilisés dans un but principalement militaire, le marché des drones de loisir est en plein essor avec près de 100 000 produits vendus en 2014.

Un moyen d’attirer les plus jeunes sur cette activité mais aussi de relancer les ventes des appareils photos. Un secteur en perdition pour certains puisque seulement 2 millions de compacts et de reflex ont été vendus en 2015, soit 3 millions de moins qu’en 2010 selon l’Institut GfK. Un constat alarmant puisque l’institut prévoit 1,5 millions de vente pour l’année 2016, soit le score le plus bas depuis le passage de la photographie argentique au numérique dans le début des années 2000.

Pour le président du Salon de Paris, Baudoin Prové, la faute à l’essor des nouvelles technologies « C’est incontestable, il ne s’est jamais pris autant de photos sur la planète. C’est vrai aussi que maintenant on fait des photos avec autre chose qu’un appareil photo ». Un mouvement confirmé par une enquête de Fujiflim où 62 % des français âgés de 18 à 24 ans déclarent préférer leur smartphone aux appareils photo numériques (19 %) pour prendre des clichés.

Des photos à 360° et des selfies pour les plus jeunes

Mais les différents stands de marques proposaient des ateliers pour conquérir les amateurs du 8ème art, c’est le cas de Nikon qui a reçu beaucoup de visiteurs dans le cadre de son atelier 360°. Dans un espace spécialement dédié, les plus courageux étaient invités à sauter en l’air pendant que s’enclenchait simultanément une dizaine d’appareils photos. Une manière de renforcer aussi son image de marque puisque les participants ont tendu des pancartes avec le célèbre slogan « Je suis… ».

Pour les amateurs du selfie, la marque Fujifilm a érigé un mur couvert de clichés instantanés où les visiteurs pouvaient laisser un message après avoir pris une photo polaroïd. Face à ses concurrents en perdition, l’entreprise japonaise avait de quoi sourire. En cause, l’incroyable augmentation des ventes des produits Instax, ces appareils permettant la prise de photo en cliché instantané, a progressé de 900% chez Instax par rapport à l’année 2013. La représentante du stand est aussi surprise mais explique que ce succès est dû en partie à la moyenne d’âge de la clientèle où « beaucoup de nos jeunes clients ont fait le tour d’Instagram, des réseaux sociaux et des photographies éphémères. Aujourd’hui, ils ont envie de concret, de quelque chose de matériel à partager ».

copyright Ddo

Pourtant aucune grande innovation n’a été annoncée comme ce fut le cas en 2011 avec la sortie du Lumix GF2 de Panasonic, l’un des premiers appareils photos disposant d’un écran tactile. Les marques présentes au salon ont mis alors les moyens d’attirer un public plus jeune en présentant des nouveaux produits comme la marque Canon qui propose un système Wi-Fi où les utilisateurs pourront publier directement leurs clichés sur les réseaux sociaux. Une autre nouveauté montre la volonté des marques de plaire aux plus jeunes comme le pilotage à distance qui permet de contrôler son appareil photo avec son smartphone.

Des nouveautés pour signifier que ce secteur n’est pas mort même si les afficionados de cette activité redoutent de plus en plus la progression des nouvelles technologies ce que constate Beaudoin Prové « On revient à un marché de la photo recentré pour les passionnés ».

Amélie Mondoloni

pour Konbini.fr

Source photo : Théo Gosselin (http://www.lesalondelaphoto.com) –  Ddo photos

680 mots

From LA to Paris

         Au premier étage du Grand Magasin, une galerie à la décoration épurée et rectangulaire attire l’attention de quelques clients en plein shopping. Ce qu’ils y trouvent, c’est la Galerie des Galeries, une galerie d’art créée en 2001 qui reçoit quatre fois par an des artistes d’aujourd’hui et de demain. Elle accueille depuis le 20 octobre 2015 une exposition personnelle d’Alex Prager, photographe contemporaine aux influences hollywoodiennes. L’exposition compte « 300 à 400 visiteurs par jour. » Selon Florine G., 25 ans, assistante de production, elle attire « beaucoup de touristes qui la découvrent par hasard, mais aussi des professionnels (Les Arts Décoratifs, le BAL), elle intéresse les personnes âgées curieuses tout comme les étudiants armés de leur portfolio, en passant par les employés des Galeries. » L’exposition compte six photographies gigantesques, devant lesquelles nous restons figés pour capter chaque détail.
C’est la directrice de la Galerie des Galeries et des Evènements Culturels, Elsa Janssen, qui a découvert le travail d’Alex Prager. À l’occasion de l’inauguration de la Foire Internationale d’Art Contemporain à Paris fin octobre 2015, elle a concocté aux côtés de l’artiste cette exposition personnelle inédite en France.

Photo : Isabelle Cytowicz

Photo : Isabelle Cytowicz

Née en 1979 à Los Angeles où elle vit actuellement, Alex Prager est une autodidacte de la photographie qui a débuté au début des années 2000 en exposant dans un salon de coiffure. Le succès de ses œuvres fraîches mais déconcertantes lui ouvre les portes des plus grands musées d’art contemporain, tels que le Museum of Modern Art à New York, ou encore le Moderna Museet de Stockholm. Dans ses œuvres, elle dresse un portrait de l’Amérique des années 50 à aujourd’hui, à travers des photographies d’individus au look rétro, acteurs de scènes quotidiennes. Leurs postures travaillées au millimètre prennent forme sous son objectif en mouvement. Elle a également touché au cinéma, avec la réalisation de plusieurs films, dont Face in the Crowd, fidèle à son inspiration initiale.

Son influence sur le monde de la photographie est devenue en quelques années incontournable. « Je la suis depuis quelques années et c’était une première à Paris que je ne voulais pas rater ! » lance d’un ton enthousiaste Laura D., 24 ans, photographe de mode freelance. En ce qui concerne le lieu choisi par l’artiste pour faire son exposition, « Je ne connaissais pas cette galerie… au début j’étais un peu réticente parce que j’imaginais ça en plein milieu du magasin. Mais finalement elle est assez excentrée et ça la dissocie bien des Grands Magasins. »

Burbank & Gleendale, 2014. Photo : Isabelle Cytowicz

Burbank & Gleendale, 2014.
Photo : Isabelle Cytowicz

Aujourd’hui les entreprises de la mode adoptent un positionnement en faveur de l’art contemporain. En tant que mécènes, par définition elles contribuent à promouvoir la pratique de l’artiste. Derrière toute œuvre, ou presque, se manifeste la présence de quelqu’un qui commande et achète, et qui en estime la valeur. Le mécénat est également pratiqué par Le Bon Marché avec la Collection d’Art Contemporain du Bon Marché Rive Gauche, qui offre un panorama d’œuvres d’art exposées au fil du parcours visiteur, ou encore H&M, mécène de l’exposition Jeff Koons qui aura lieu à partir du 26 novembre prochain à Beaubourg.

Nous pouvons nous demander quel impact ces partenariats ont sur la clientèle. D’après Florine G. « Le magasin amène des visiteurs à l’expo et vice versa. Il est probable que l’exposition draine ensuite les visiteurs dans les galeries. » Le grand magasin Haussmann est le deuxième monument le plus visité, après la tour Eiffel. Cette notoriété internationale offre une visibilité intéressante pour les marques haut-de-gamme, mais aussi pour la petite partie d’artistes sélectionnés par la Direction Artistique.

Si certains ont la bonne volonté de démocratiser l’Art et de mettre en lumière des artistes méconnus, d’autres y voient un formidable coup marketing. Pour Beaubourg, par exemple, le sac Jeff Koons (orné de son œuvre phare le Balloon Dog) sera vendu en quantité limitée dans la boutique H&M des Champs Élysées.
Quelque soit le but, l’avantage premier reste la gratuité de ces expositions, qui permettent aux initiés ainsi qu’aux novices, d’accéder à un loisir bien trop souvent assimilé à la culture « bobo ».

Exposition Alex Prager – du 20 octobre 2015 au 25 janvier 2016 à la Galerie des Galeries Lafayette, 40 Boulevard Haussmann, 75009 Paris.

Pour en découvrir plus, vous pouvez visiter le site internet de l’artiste Alex Prager.

 

 

Isabelle Cytowicz.

692 mots

Publication envisagée : À Nous Paris

Paps Touré : « l’art-triste » de la rue.

Inspirée de l’univers d’Elliott Erwitt ou de Robert Doisneau, Paps Touré, photographe français d’origine Ivoirienne, a fait de la rue son terrain de jeu pour nous dévoiler un regard du monde à la fois critique, émouvant et bienveillant. Images fortes de notre société, livre à succès, ligne de vêtement, rien n’échappe à cet artiste haut en couleur. Portrait d’un enfant du 19ème arrondissement, prenant de plus en plus d’ampleur dans le paysage artistique Parisien.

Dimanche 1er Mars prochain, à l’endroit même où Paps Touré a grandit , sera organisé une vente spéciale des photographies originales de l’artiste. L’occasion pour nous de rencontrer ce personnage de 35 ans, au parcours atypique.

«Grâce à mes photos, je veux rendre à la rue ce qui appartient à la rue » Paps Touré

Ayant du mal à se présenter, sourire discret, Paps Touré se considère comme « un artiste par hasard ». C’est la photo qui est venu vers lui, et non l’inverse. Sans école, ni connaissances préalable des techniques de photographie, il parvient depuis cinq ans à se construire un nom dans cet univers jusque-là inconnu. Ce parisien dans l’âme, commence d’abord avec un simple appareil photo Nikon D40 à shooter ses deux chiens, des Staffies, pour immortaliser sa passion des bêtes « J’ai toujours eu des chiens, je les préfère aux humains car leurs regards me parle davantage».

Paps Touré : un amoureux des chiens.

Le  photographe, basket aux pieds, prend goût à l’exercice et ne quitte plus son appareil. A l’aide de son vélo, il arpente la capitale parisienne avec l’idée de figer les passants et les moments magiques qu’il ressent. Une journée d’hiver, tout bascule. Le photographe capte le regard d’un sans-abri d’une cinquantaine d’années depuis le pont de Stalingrad et ce cliché est alors un véritable choc émotionnel pour Paps Touré « Lorsque j’ai vu cette photo en rentrant chez moi, j’ai compris que je tenais quelque chose de magique. Je ne pouvais pas m’arrêter là».

Photographie sur le Pont de Stalingrad qui a tout fait basculer.

« Je me suis fait tout seul. Ma seule école c’est la rue et je lui appartiens. » Paps Touré

Artiste de la vie quotidienne, la rue devient ainsi le décor de sa thématique. En 2012 il sort son livre intitulé « Pas si simple », préfacé par Oxmo Puccino avec des images frappantes de réalité et de sensibilité. Sans retouche et par le biais du noir et blanc, il propose une série de photos sur les sans-abris, les amoureux, les vieux, les enfants, en soulignant le contraste sociale existant au cœur de Paris, avec toujours cette profonde volonté de raconter une histoire et de démocratiser l’art « Mon but est de capter un instant qu’on ne reverra jamais et que la plupart des gens ignorent, ou font semblant d’ignorer, pour le rendre immortel ».

Cliché d’un SDF prit dans la nuit parisienne.

Paps Touré se joue du décor pour accentuer le contraste sociale de notre société.

« Au-delà de l’artistique il y a une vraie visée sociale dans mon travail » Paps Touré

Mais Paps veut aller encore plus loin dans sa démarche, puisque il fonde en 2010 son association nommé 2-OR, permettant de venir en aide aux sans-abris en leurs proposant de véritables plats africains. Selon lui, l’art doit absolument être utile « J’organise régulièrement des maraudes pour distribuer nourriture, sourires, temps et vêtements. Je me devais de le faire ».

Malgré une enfance perturbée et un parcours atypique, Paps réalise aujourd’hui certains de ses rêves, en participant notamment à la campagne de publicité pour la  célèbre marque Jaguar ou encore avec sa collaboration avec le rappeur Booba. Récemment il a même a pu collaborer avec « Tealer », magasin de vêtements implanté à Paris, avec la mise en place d’une gamme de t-shirts à l’effigie de ses clichés, accompagné d’un message fort comme « J’ai toujours rêvé d’être un gangster » et en utilisant la dérision avec « Je peux pas j’ai chabbat ». Cette aventure permet à l’artiste une notoriété grandissante sur la toile comme il nous le confie « Depuis que je fais mes T-shirt je reçois des tonnes de messages sur mes comptes Instagram ou Facebook et on me propose pas mal d’autres projets c’est cool. Et puis le textile c’est une grande passion pour moi.»

Ligne de vêtement en collaboration avec Tealer.

« Les galeries c’est cool, mais la rue c’est moi »

Cet artiste urbain reste original même dans la manière d’exposer ses œuvres. Paps Touré cherche à chaque fois des endroits non conventionnels pour ses expositions comme les bars et les cafés (celui du Paname Art Café notamment). Cela lui vient d’une conviction simple « C’est l’art qui doit aller vers les gens et non l’inverse ». C’est pour cela qu’il a décidé d’organiser une vente spéciale le 1er Mars prochain, directement devant chez lui, pour vendre ses photographies originales et rencontrer des gens de tout horizons « Pour moi c’est l’occasion de partager mon travail et de créer une véritable famille. Il y a des collectioneurs, des chanteurs, des graphistes, des mamans … c’est ce mélange que j’aime retrouver.»

Paps Touré continue son aventure dans le monde artistique et à seulement 35 ans ce photographe en herbe n’a pas fini de nous surprendre !

Retrouvez le travail de cet artiste original, discret, et talentueux dans sa cour, le Dimanche 1er Mars : 2 rues de la solidarité 75019 Paris (et ça ne s’invente pas).

Voici quelques clichés de l’artiste sur le thème de l’amour, pour le découvrir davantage. 

Ryad Hamidouche.

Crédits Photos : https://www.facebook.com/pages/PAPS-TOURE-PHOTOGRAPHE (Facebook)

Publications visées : Le Parisien, Les Inrocks ou L’Express.

L’Amérique en noir et blanc

Là des foules dans des avenues et des personnes flânant sur un trottoir, ici un rassemblement à Central Park ou encore une fête en l’honneur de JFK… Voici quelques-uns des sujets que l’on peut trouver en ce moment exposés au Jeu de Paume à Paris. Sujets privilégiés de Garry Winogrand (1928-1989), photographe new-yorkais de naissance, qui a sillonné le Etats-Unis après la fin de la deuxième guerre pour capter, entre grands événements et détails intimes, ce qu’était la vie des américains à cette époque.

Jamais encore une exposition n’avait fait le travail de proposer une vue d’ensemble de l’œuvre de ce photographe et pour cause : Garry Winogrand n’était pas connu pour apprécier exposer ses photographies. Peu intéressé par la renommée et foudroyé par un cancer à l’âge de 61 ans, Winogrand a laissé derrière lui quelque 6 500 bobines, soit 250 000 images, totalement inédites et pour la plupart non classées. C’est un travail de tri et de sélection qu’ont d’abord dû faire Leo Rubinfien, Erin O’Toole et Sarah Greenough, les commissaires de cette exposition. Avec l’accord de la famille de l’artiste, ils ont choisi d’exposer des tirages d’époque ainsi que des clichés tirés tout spécialement pour cette exposition. Un tiers des œuvres présentent au Jeu de Paume le sont pour la première fois et un petit nombre d’entre elles n’ont même jamais été vues par l’artiste.

Ces tirages transmettent l’ambiance qu’il y avait aux Etats-Unis pendant leur période la plus animée. La joie et l’exubérance dues à la fin de la guerre mondiale (début de l’exposition) y côtoient habillement la désillusion, la tristesse et même parfois la peur qu’a pu engendrer le conflit avec le Viêtnam (fin de la visite). Sans pour autant tomber dans la dénonciation, le photographe s’applique à faire entrer dans ses clichés des détails qui évoquent cette guerre qui a tant marqué la population américaine.

Garry Winogrand, vers 1962 - tirage numérique posthume d'après négatif d'époque.

Garry Winogrand, vers 1962 – tirage numérique posthume d’après négatif d’époque.

Le visiteur suit cette évolution qui est découpée en trois parties : « Du Bronx à Manhattan » présente des photographies prises à New-York de 1950 à 1971 ; « C’est l’Amérique que j’étudie » présente, sur la même période, des œuvres prises pour l’essentiel hors de New-York ; et enfin « Splendeur et déclin » couvre le travail de l’artiste après 1970, quand il décide de quitter New-York.

« Photographe de la rue », Winogrand se balade et capte des scènes de Manhattan à Santa Maria. L’artiste a dit lui-même que « parfois, c’est comme si […] le monde entier était une scène pour laquelle [il avait] acheté un billet». Les scènes que l’on peut voir sur ses clichés (parades, meeting, scènes de rue, fêtes,…) semblent être prises à la volée, observées à la dérobée et capturées par un artiste qui aimait vraisemblablement prendre la vie « sur le fait ». Il saisit des instants (postures, regards, détails, expressions) qui n’existaient pas l’instant avant qu’il ne déclenche son appareil et qui étaient vouées à disparaître l’instant qui suivait.

Loin de la photographie reportage, c’est un témoignage original et plein de vie que Garry Winogrand a laissé de cette période si emblématique de l’histoire des Etats-Unis et qu’il est encore possible d’aller voir jusqu’au 8 février 2015.

Vanille LAMON

Jeu de Paume
1, place de la Concorde – Paris 8
M°Concorde
Mardi (nocturne) : 11h-21h
Mercerdi-dimanche : 11h- 19h
Fermeture le lundi, le 25 décembre et le 1er janvier
Plein tarif : 10€ / tarif réduit : 7.50€

Source photo : dossier de presse de l’exposition.

Publications : Télérama +Sortir, pages art /pages culture d’un magasine féminin comme Elle ou Madame Figaro.