Lima, capitale du goût

Alors que la conférence internationale sur le changement climatique s’est achevée à la mi-décembre à Lima, la ville côtière s’est montrée sous son plus beau jour. Lieu d’atterrissage des touristes du monde entier s’acheminant vers d’autres villes péruviennes, Lima est l’escale provisoire des backpackers férus d’expéditions sur les sommets andins et dans la jungle amazonienne. Pourtant, la ville mérite qu’on y pose ses valises. 

Promenade à Barranco © Victoria Desmond Salinas

« Lima n’est pas la plus belle ville d’Amérique Latine…mais c’est définitivement celle où on mange le mieux » tirade d’un directeur d’hôtel qui a vécu dans la plupart des capitales sud-américaines. Si j’aimerais démentir la première partie de sa phrase et montrer que Lima baignée dans la lumière du soleil couchant est un poème à elle seule, il faut se rendre à l’évidence : sa baie n’égale pas celle de Rio. En revanche, sa cuisine, issue d’un métissage (d)étonnant et unique au monde, est un véritable trésor national. En cinq cent ans, les cultures des migrants hispaniques, africains, chinois et japonais ont fusionnées avec les cultures andines pour donner naissance à l’identité péruvienne et à sa gastronomie. C’est pourquoi le Pérou a raflé en 2013, le World Travel Award de la meilleure destination culinaire au monde et Lima, cette année, celui la meilleure table d’Amérique Latine d’après le classement San Pellegrino.

anticuchos

Anticuchos et sauces pimentées. © Victoria Desmond Salinas

Barranco : balade arty et picarones

Barranco est le quartier bohème de la « Ville des Rois » (ainsi nommée parce qu’elle fut fondée le jour de la Fête des Rois). Il regorge de parcs fleuris et de promenades arborées qui longent gracieusement l’Océan Pacifique. C’est ici qu’il faut venir admirer les maisons de l’ère républicaine, fin du 19e, quand Barranco était une station balnéaire prisée de la haute société péruvienne. Aujourd’hui, c’est le cœur de l’avant-garde à Lima. C’est là qu’ont lieu la plupart des manifestations culturelles et artistiques de la ville dans ses formes les plus alternatives. On y trouve une multitude de boutiques design et de vêtements de créateurs incarnant le nouveau souffle de l’artisanat péruvien. Galeries, ateliers d’artistes et cafés-bibliothèques accueillent la jeunesse branchée et les intellectuels liméniens.

Bord de mer de Miraflores, à deux pas de Barranco. © Victoria Desmond Salinas

Ici on trouve les grands classiques de la cuisine péruvienne de rue : anticuchos, brochettes de cœur de bœuf grillés et picarones, beignets de courge servis avec une sauce au miel de chancaca, sucre non raffiné, que l’on peut déguster en flânant sur le Pont des Soupirs (oui, comme à Venise) ou on succombe carrément pour l’inévitable ceviche (que l’on ne présente plus) dont l’extrême fraicheur est garantie par le bruit du ressac environnant.

Ceviche au piment jaune, ciboule, patates douce dorées et panko © Victoria Desmond Salinas

« El centro »

elcomercio.pe

Eloy Cuadros, barman de l’hôtel Maury confectionne des Pisco Sours © elcomercio.pe

L’incontournable quartier historique du Centre est propice aux promenades entre les maisons coloniales aux couleurs vives et leurs moucharabiehs d’ébène. C’est bercé par ce charme hispano-mauresque que vous vous dirigerez dans le bar de l’honorable hôtel Maury, fondé en 1848 et l’un des meilleurs Pisco Sour (le cocktail national) de Lima.

lomo saltado

Lomo saltado, plat typique de la fusion cino-péruvienne. © Victoria Desmond Salinas

Non loin de là, le Barrio Chino (le quartier chinois) est un des hauts lieu de la cuisine chifa (du cantonais ci faan, manger du riz), création authentique née de la fusion entre la cuisine péruvienne et chinoise après la vague d’immigration de 1849. L’occasion de manger un délicieux arroz chaufa, version péruvienne du « riz cantonnais » forcément accompagnée d’un Inka Kola, le soda national à base de mélisse que les péruviens aiment marier à la cuisine asiatique.

Depuis 1991, le Centre historique de Lima est classé patrimoine mondial de l’UNESCO pour sa valeur architecturale qui témoigne de l’importance stratégique de la capitale sous le pouvoir colonial espagnol en Amérique Latine.  Décidément… Lima, c’est le Pérou.

                                            Victoria Desmond-Salinas

Publications envisagées : Cosmopolitan, Grazia, L’Express, Elle.

Une réflexion sur “Lima, capitale du goût

  1. Voici un très bon article, bien écrit, bien organisé, mais encore mieux recherché. Vous avez cité des sources qui aident à tout mettre en contexte, et qui montrent que c’est un sujet newsworthy. On peut evidement critiquer des détails si jamais on veut le publier, mais pour cet exercice, pas de critique. -BP

Laisser un commentaire