Pauline Daumale, portrait d’une femme de théâtre

C’est l’histoire d’une jeune fille qui aspirait à devenir comédienne dans les années 1970… Et qui après trente années de carrière dans le théâtre, s’est brusquement retirée de son univers professionnel. Mais peut-on vraiment couper les ponts avec sa passion ?

Pousser le destin

Qui aurait pu imaginer que Pauline Daumale, née en Algérie dans les années 1950, se retrouverait propulsée au rang de célébrité parisienne des années 1980, rencontrerait une carrière théâtrale impressionnante, jouerait avec les plus grands et écrirait ses propres pièces ? C’est pourtant ce qui s’est passé, et d’une manière si fulgurante qu’elle-même ne s’y attendait pas. Ayant quitté Alger avec sa famille à cause de la guerre, puis installée à côté de Bordeaux, ce n’est qu’à 20 ans qu’elle décide de monter à Paris.

La vocation de devenir comédienne n’est jamais une idée qui apparaît un matin au réveil, et qui se concrétise sans travail. Après avoir suivi les meilleurs cours de théâtre de Paris, ceux de Jean-Laurent Cochet et de Sacha Pitoëff, elle passe son premier casting à 25 ans. Elle se fait tout de suite repérer par Philippe Bouvard pour sa future célébrissime émission du Théâtre de Bouvard, qui propulsera au rang de stars les différents comédiens dont Muriel Robin, Chevallier et Laspalès ou encore les Inconnus. Depuis les années 1980, sa passion du théâtre ne s’est jamais altérée. Au contraire, sa soif d’expérience l’a menée à donner notamment la réplique au grand Jean Poiret dans sa pièce Joyeuses Pâques. On l’a même vue à la télévision jouer le rôle de Charlotte dans la série populaire Marc et Sophie, aux côtés de Gérard Rinaldi et Julie Arnold.

C’est en 1988, après la naissance de sa première fille, qu’elle jouera dans sa propre pièce Concours de Circonstance. Elle recevra pour cela le prix de la Fondation de France (meilleure première pièce) et le prix talents nouveaux de la SACD. Ce spectacle aura tourné pendant deux saisons, en France et à l’étranger.

En 1994, la seconde pièce de son cru Bonne année toi-même connait un énorme succès. Pauline Daumale la jouera pendant trois ans à Paris et en tournée, en compagnie de la comédienne Michèle Bernier. Ses comédies acides et si bien ficelées auront vallu à ses spectateurs de belles crampes dans le ventre, à l’origine de critiques véritablement enthousiastes. Ses pièces populaires sont d’ailleurs souvent reprises encore aujourd’hui par des troupes qui n’hésitent pas à la solliciter pour bénéficier d’autorisations.

Image

L’affiche de Bonne année toi-même, 1994

Mais après trente années d’une vie consacrée au théâtre, beaucoup de professionnels se rendent compte des difficultés du métier. Si la vie d’artiste relève du rêve et de la passion, les réalités sont parfois dures à avaler. Beaucoup se détournent de cet univers tendu où compétition rime souvent avec déception. « Je ne me sentais plus à l’aise dans ce milieu où les coups bas sont tellement fréquents que j’ai ressenti le besoin de me protéger, de me rapprocher des miens », explique-t-elle avec émotion.

Pas si reconvertie que ça

C’est aujourd’hui dans le sud de la France qu’elle apprécie tant, que l’on peut retrouver Pauline Daumale, aujourd’hui en phase avec ses principes et ses envies. Après quatre années passées au centre culturel de Mandelieu-la-Napoule comme professeur d’art dramatique adorée de ses élèves, c’est avec nostalgie qu’elle décide à présent de se retirer de la profession. Sans aucun doute, transmettre son savoir à des amateurs passionnés lui aura fait oublier l’atmosphère lourde qui se ressent parfois entre professionnels. « Donner des cours de théâtre m’aura offert un nouveau souffle libérateur », confie-t-elle. Il est évident qu’une telle passion et une telle carrière ne peuvent pas s’oublier d’un jour à l’autre. Continuer à pratiquer le théâtre sous diverses formes est resté un besoin pour la comédienne.

Ne s’arrêtant pas pour autant d’écrire, quelques pièces de sa création attendent le bon moment pour être jouées. Elle avoue d’ailleurs avoir monté récemment une troupe en vue de les faire vivre sur scène. Il ne fait aucun doute que la Côte d’Azur a gagné un auteur dramatique talentueux, et que ses habitants pourront rapidement se régaler devant ses pièces. Car contrairement aux idées reçues, les talents ne sont pas toujours concentrés dans la capitale. Et qu’après tout, la vie est bel et bien un concours de circonstances.

Clémence RENOUX

 

Crédits photo:

Pauline Daumale / Clémence Renoux

Publication : Nice Matin / Cannes Soleil

2 réflexions sur “Pauline Daumale, portrait d’une femme de théâtre

  1. C’est un bon portrait qui illustre cette femme, et c’est bien écrit. Mais on manque toujours du contexte. Pourquoi parler de cette femme maintenant ? Qu’est-ce qui se passe dans son domaine qui mérite un portrait d’elle ? Il faut creuser un peu. Votre rédacteur va demander « et alors ? » donc il faut mieux justifier votre choix du portrait avec le détail « newsworthy » — un changement ? Une nouvelle tendance ? Quelque chose… -BP

  2. Le portrait est en effet illustre, mais le sujet l’est encore plus… Mon petit doigt me dit que nous n’allons pas attendre longtemps pour sourire et même franchement rire aux facecies de ses désopilants personnages.

Laisser un commentaire