Le 18e arrondissement de Paris, derrière les clichés

En 2013, Manuel Valls a étiqueté le quartier parisien comme une zone de sécurité prioritaire. Prostitution, trafics en tout genre, ventes sous le manteau, c’est vrai on trouve de tout dans le bouillonnant quartier, jalonnées de la « Petite Afrique » côté Goutte-d’Or et des « nouvelles Abbesses » côté rue Muller. « Oui, c’est un quartier de black. Mais moi je n’y vois d’insécurité. La vérité c’est que ceux qui font le plus peur à Château Rouge, ce sont les flics! » répond Orianne. « Toute la journée, c’est un jeu de cartoon entre eux et les vendeurs à la sauvette » dit-elle en plaisantant. « Mais le plus drôle reste encore les touristes égarés qui se demandent où est passé le Sacré Cœur ».

Carte du 18e arrondissement

Carte du 18e arrondissement © DR

Entre métissage urbain et effervescence permanente, Château rouge est un quartier plein de vie. « Il y a toujours du monde dans la rue et une vraie proximité de quartier, les gens se connaissent et s’entraident ». De nombreuses épiceries et marchés animent les rues, comme celui de la rue Dejean où Orianne passe chaque jour pour rentrer chez elle. « On est pris dedans, ça crie, ça alpague, tous les revendeurs sont concentrés dans cette rue ». Les étals parfumés créés une ambiance unique aux couleurs exotiques et toute la communauté africaine de la région parisienne vient se fournir ici en épices, manioc et autres produits du grand continent. Le quartier indien est aussi très représentatif du 18e. « A la Chapelle, c’est plus calme et on voit vraiment la différences des origines ethniques par rapport à Château Rouge, ne serait-ce que par les commerces ». Et effectivement, des dizaines de boutiques de saris rococo côtoient de fourmillantes gargotes indiennes, pakistanaises et sri lankaises. A noter qu’il ne faut pas se fier aux devantures usées, on trouve ici les meilleurs restaurants indiens de Paris.

Au marché de la Rue Dejean, on trouve le plus grand choix d'ingrédients africains de Paris.

Un étal typique du marché de la Rue Dejean
© AFP

Depuis quelques années, le 18e est l’objet d’un véritable renouveau culturel qui attire de nouvelles populations, à commencer par les jeunes. La gentrification de Paris poussent les étudiants à se loger dans le nord-est de la capitale et particulièrement dans le 18e où les loyers défient toute concurrence. L’ouverture prochaine d’un espace Gilbert Joseph à la place du Virgin de Barbès témoigne du rajeunissement du quartier. De même, le plus vieux cinéma de Paris, le Louxor, l’un des rares lieux culturels de Barbès-Rochechouart a fêté les six premiers mois de sa réouverture. De nombreux artistes ont également élu domicile dans le 18e pour y installer leurs ateliers. Avec eux débarquent les hipsters, les bobos et les boutiques qui vont avec, signes d’une transformation amorcée.

Par Lucie Etchebers

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Lucie Etchebers  //  @LucieEtchebers @ SorbonneNews
Journaliste et photographe pour le magazine Obsession. Etudiante en journalisme culturel à la Sorbonne Nouvelle.